Hommage à Masai Ujiri, l’architecte des Raptors 2019 : les balls il les a, le succès aussi

Le 26 mai 2019 à 21:20 par Alexandre Taupin

Masai Ujiri excuses
Source image : Toronto Raptors / Youtube

Au lendemain de la qualification des Toronto Raptors pour les Finales NBA, les premières de leur histoire, un nom revient sur toutes les lèvres de l’autre côté de la frontière, celui de Masai Ujiri. Petit coup d’œil dans le rétro pour revenir sur les choix forts du General Manager ces derniers mois.

Cette fois c’est la bonne, vingt-quatre ans après leur arrivée dans la Ligue, les Raptors vont enfin goûter aux Finales NBA ! Kawhi Leonard, Pascal Siakam, Kyle Lowry, Nick Nurse, Marc Gasol, Serge Ibaka, Danny Green… beaucoup ont contribué au succès des Dinos cette saison mais l’un d’entre eux reste dans l’ombre et continue de façonner cette équipe saison après saison pour essayer d’offrir aux fans le plus beau des cadeaux, la précieuse bague de champion. Cet homme, c’est Masai Ujiri, le boss à Toronto. En un an, il a transformé une équipe talentueuse qui semblait avoir atteint son plafond de verre (enfin son plafond de LeBron) en une équipe de cols bleus, finaliste NBA (au minimum) qui peut taper n’importe qui et n’importe où. Il y a un an, il était vu comme un hypocrite pour avoir menti à l’icône de sa franchise pour le trader juste après, aujourd’hui il est un visionnaire qui a pris tous les risques et qui a réussi. Retour sur les moves qui ont façonné ce groupe.

La logique voudrait que nous commencions par Kawhi mais chronologiquement le GM nigérian avait déjà œuvré avant de faire venir Leonard du côté du Canada en licenciant Dwane Casey, pourtant coach de l’année, pour le remplacer par son assistant, Nick Nurse. Un premier move plein de sang-froid puisque le coach sortant avait pourtant validé le meilleur bilan de l’histoire de la franchise et était en place depuis sept ans. Pour le remplacer ? Un assistant plutôt méconnu qui a fait la plupart de sa carrière en Angleterre ou en D-League (devenue maintenant G League). Il fallait oser. Vient ensuite, le gros move avec le trade de Kawhi Leonard (et Danny Green) en provenance des Spurs. Et contre qui ? DeMar DeRozan, Jakob Poeltl et un premier tour de draft ! Le trade fait l’effet d’un boum immense au Canada. DMDR, l’idole de tout un pays, meilleur scoreur de l’histoire de la franchise, celui qui n’avait même pas écouté les propositions extérieures à la free agency, vient de se faire trader comme un malpropre alors qu’il mange peinard dans un fast-food. Son remplaçant, the Klaw n’est pas spécialement chaud pour venir à Toronto, il sera free agent dans un an et il sort d’une saison presque blanche entre blessures, bouderie, prise de tête avec le staff médical des Spurs, bref rien de bien rassurant pour les fans. Comme si cela ne suffisait pas, le GM s’est mis à dos Kyle Lowry le leader du vestiaire en envoyant son meilleur pote au loin. Vous la sentez la grosse carotte là ? Et bien non, que dalle.

La saison démarre et les Canadiens commencent fort, très fort. Kawhi montre rapidement le sauvage qu’il était avant de se blesser. Devant, il a encore fait évoluer son jeu, qui était pourtant déjà bien propre, et derrière il s’occupe des meilleurs attaquants adverses, un vrai fou. Dans son sillage, toute l’équipe monte d’un cran : Kyle Lowry devient un vrai playmaker pour son équipe, Jonas Valanciunas s’éclate enfin sous les panneaux et un petit bleu monte doucement mais sûrement en température. Son nom ? Pascal Siakam. L’intérieur camerounais n’était qu’un simple remplaçant la saison passée (7 points, 4 rebonds en 20 minutes) et le voilà devenu seconde option offensive ! Un joueur lambda, drafté dans l’anonymat le plus total en 2016 (27ème rang) qui grimpe les marches quatre par quatre pour échouer aux portes du All-Star Game. Une évolution (17 points, 7 rebonds, 3 passes, à 55% au tir dont 37% de loin) qui pourrait même lui offrir le trophée de meilleure progression en fin de saison. Si Nick Nurse est bien sûr le principal artisan de cette éclosion, on n’oublie pas que c’est Ujiri, encore lui, qui a opté pour Siakam à la Draft. Un pick nez fin comme diraient nos amis de la TTFL.

Une superstar qui carbure, un meneur All-Star qui a repris son meilleur niveau, une jeune pépite qui se dévoile au grand jour, on est bon là non ? Bah non. Le GM entre dans sa phase all-in et parvient à faire venir Marc Gasol contre Jonas Valanciunas, C.J. Miles et Delon Wright et un second tour de draft. La tentation est grande de faire venir un tel joueur mais le risque est encore plus grand. Free agent (avec une option) en fin de saison, Gasol peut lui aussi mettre les voiles sans contrepartie, il vaut mieux ne pas se planter sinon l’équipe va piquer du nez très rapidement. Masai Ujiri profite également des buy outs pour apporter quelques retouches. Jeremy Lin, précieux aux Hawks, Jodie Meeks et Patrick McCaw viennent boucher les trous de l’effectif pour apporter un peu plus d’expérience au bout du banc. Si les derniers cités n’ont eu qu’un apport modeste au succès pendant les Playoffs (Lin n’a même pas joué trente minutes en postseason et Meeks à peine une cinquantaine de minutes), le groupe est bien ficelé et renforcé à tous les postes. Ujiri le sait, il sera jugé sur les succès de son équipe en 2019 et pour le moment tout va bien avec les qualifications successives contre le Magic, les Sixers et à présent les Bucks. Qu’il y ait victoire ou défaite contre les Warriors, la saison est déjà une réussite, cette équipe nous a fait rêver et un titre ne viendrait que confirmer la brillante tactique de son architecte… avant la resignature de Kawhi ?

Menteur, traître, GM qui aime le risque, visionnaire, génie… tous les adjectifs sont passés sur Masai Ujiri cette saison et ce n’est peut-être pas terminé. En attendant le dénouement final, on ne peut que lui tirer notre chapeau. Gloire au King of the North !