Joel Embiid a enfin attaqué ses Playoffs : 33 points, 10 rebonds et 5 contres pour la bête, pas mal le dernier Jurassic Park
Le 03 mai 2019 à 06:51 par Giovanni Marriette
Il était attendu au tournant, après un premier tour joué avec le frein et un début de deuxième avec la chiasse. Il faut dire que Marc Gasol en défense, c’est plutôt du genre à vous filer mal au bide, sauf que cette nuit Joel Embiid a remis les pendules à l’heure et a envoyé ce message : quand le physique va et qu’il a envie : personne n’est capable de l’arrêter, pas même trois trophées de DPOY dans l’équipe d’en face.
On l’a noté dès le début de match, Joel Embiid avait mangé du Lion, expression compréhensible uniquement des plus de trente ans. Activité énorme sous les paniers, pas d’hésitation au moment de prendre ses tirs de loin, déjà les premières crêpes qui tombent et les premiers lancers rentrés, bref Jojo allait nous offrir une soirée millésimée. Il fallait d’ailleurs bien ça car en face Kawhi Leonard avait lui aussi – encore une fois – sorti le mode MVP, graillant son dîner au dessus de n’importe quel mec osant penser qu’il pourrait le stopper. Kawhi vs Joel, Jojo vs The Klaw, enfin le vrai duel de superstars auquel on s’attendait, sans faire injure à Greg Monroe ou Fred VanVleet, quoique si tiens, insultez-les.
Nourri au poste, l’ogre va cette fois-ci se servir allégrement et après un Game 1 plein de questions concernant la faculté de Marc Gasol de défendre sur lui, ce Game 3 sera celui des réponses. Non, Marco ne peut pas défendre sur Joel Embiid, pas plus que quiconque d’ailleurs, en tout cas pas lorsque le golgoth est dans les conditions dans lesquelles il était la nuit dernière. Pas de pump fakes inutiles ralentissant la transition des Sixers mais cette fois-ci des tirs pris dans le rythme. Résultat ? 3/4 du parking, plutôt emmerdant quand on sait que le type est déjà inarrêtable dans la raquette. En parlant de raquette celle du Wells Fargo Center se souvient encore des 28 minutes que le Camerounais a passé dedans, et avec elle la ligne des lancers, première témoin d’un bon petit 12/13 des familles. Mais plus que les stats en elles-même ou le souvenir de gros tirs rentrés par Jojo, c’est davantage l’état d’esprit démontré qui frappe, à des années lumière du gros patapouf sans motivation aperçu lors du Game 1 et sur quelques bribes de Game 2. Ouvrir grand la bouche, se marrer, tancer le public, faire l’avion, taper un moulin en contre-attaque, re-tancer le public, voilà le Joel Embiid dont les Sixers auront besoin, au-delà du pur apport basketballistique, pour valider leur avantage face à Toronto et, qui sait, aller encore plus loin dans des Playoffs plus ouverts que jamais à l’Est.
L’attaque, rien à redire. La défense ? Au rendez-vous également, le Process ayant répondu présent sur les phases défensives de son équipe, intelligemment, allant cueillir les trop optimistes finger-rolls canadiens. Cinq contres pour Jojo cette nuit, dont le dernier énorme sur son compatriote Pascalou, quelques secondes après “l’accrochage” qui faisait tourner définitivement le match. Parce qu’on l’oublie souvent, mais au même titre qu’un Kevin Durant par exemple, le type est quasiment aussi efficace en défense qu’en attaque, alors quand la tête suit… bon courage pour proposer des solutions afin de freiner ce genre de bestioles.
Un Joel Embiid intraitable et c’est tout Toronto qui vacille. Les Raptors étaient tout heureux de voir LeBron James migrer à l’Ouest ? On dirait bien que d’autres bourreaux sont nés entre-temps. Et dire qu’en cas de qualification ce sera peut-être au tour de… Giannis de se pointer face à eux. Qu’elle est dure cette vie, qu’elle est dure.