Enes Kanter remercie les Knicks de l’avoir laissé partir : retrouver les Playoffs, ça vous change un homme
Le 24 avr. 2019 à 16:45 par Gianni Mancini
On attendait Damian Lillard de pied ferme, et le meneur superstar a plus que répondu présent. On attendait également son acolyte du backcourt, C.J. McCollum, qui lui aussi aura plus que fait le job. En revanche, celui qu’on attendait moins du côté des Blazers, c’est Enes Kanter. Mais il est bien là.
Si on vous avait dit, en début de saison, que Enes Kanter finirait l’année en Playoffs, titulaire dans une équipe bien positionnée pour taper la finale de Conférence Ouest, le tout en posant ses bonnes petites stats habituelles, quelle aurait été votre réaction ? Vous nous auriez sûrement répondu qu’on avait un peu trop abusé sur la fumette lors de nos escapades nocturnes avec ce bon vieux Gérard international, et vous auriez bien eu raison. Sauf que, on le dit et on le répète, tout va vite, très vite dans l’univers de la NBA. Autant dire que, à la base, ça ne s’annonçait pas vraiment prometteur, puisque Kanter a commencé cet exercice 2018-19 sous le maillot des New York Knicks… a t-on besoin d’en dire plus ? Même si le Turc arrivait à surnager au sein d’une franchise en perdition, compilait son petit double-double as usual, avec 14 points et 10,5 rebonds, ses efforts restaient anecdotiques. Oui, car vous avez beau faire le taf, quand vous jouez dans une équipe aussi pourave que les Knicks cette saison, qui on le rappelle, ont compilé le pire bilan de toute la Ligue, forcément, vous ne pouvez pas faire grand chose. Un peu du gâchis pour le pivot, qu’on avait déjà vu contribuer de façon productive dans des équipes compétitives, comme le Jazz ou le Thunder.
Malheureusement, la moitié des feux ‘Stache Bros n’a pas eu le nez particulièrement fin en allant chercher une place de titulaire à Gotham City, puisque la situation sportive était sans doute encore plus bordélique que même lui l’avait imaginé. Pire, enlisé dans une opération tanking de l’extrême, le Turc perdit même sa place dans le starting five cette saison ; avec cinq peintres on a tout de suite plus de chances d’entretenir la culture de la lose (et de drafter Zion Williamson). Mais, comme on vous l’a dit en préambule, les choses défilent souvent à 300km/h au sein de la Grande Ligue, et après avoir obtenu sa libération le 7 février dernier, Kanter signa quelques jours plus tard pour les Blazers, qui tentèrent le pari. Finalement, ce qui, au départ, ressemblait à une addition sympatoche pour ajouter de la profondeur à l’effectif s’avérera, en réalité, être l’arrivée de l’homme providentielle. Après la vilaine blessure de Jusuf Nurkic en fin de saison régulière, on devait être tout excité dans l’Oregon d’avoir sous le coude un remplaçant fiable (sauf en défense), tout ça par le plus grand des hasards. C’est bien beau tout ça, mais derrière il allait falloir assumer lors des joutes de postseason pour espérer combler au mieux le trou béant laisser dans la raquette par le géant bosnien. Aucun problème, et sur la série face à son ancienne équipe, Kanter n’a pas eu trop d’états d’âme, compilant tranquillement 13,2 points et 10,2 rebonds, le tout à plus de 57% d’adresse, merci pour lui. Derrière l’illustre duo d’arrières, on parle déjà du Turc comme le facteur X, l’equalizer de cette séduisante équipe des Blazers, et toute la fanbase doit déjà croiser les doigts pour qu’il soit remis de sa blessure à l’épaule à temps pour les demi-finales de Conf’. Malgré les bobos, on l’a retrouvé sur son ton habituel en après-match, toujours aussi franc et candide à la fois.
“Tout d’abord, je voudrais remercier les Knicks de m’avoir libéré de mon contrat. Je ne serais pas là s’ils ne l’avaient pas fait. […] J’ai joué avec beaucoup de joueurs incroyables, mais Dame est le numéro un.”
Un bel hommage, et une pointe d’ironie comme on les aime. En même temps, nul besoin de faire de la place à l’amertume lorsqu’on est sur son petit nuage. On ne l’attendait pas, mais le voilà, et, à condition qu’il soit rétabli, la belle histoire durera encore un tour de plus, au moins.
Source texte : NBA