La story d’Élie – Episode #12 : fin de saison compliquée pour Élie Okobo, la quille est pour bientôt
Le 24 mars 2019 à 18:10 par Aymeric Saint-Leger
Oh my, here we are. Dans le dictionnaire, à côté du terme “ascension fulgurante”, vous trouverez une photo d’Élie Okobo. Le gamin de Bordeaux, passé à la postérité à la mène avec l’Élan Béarnais, a fait le grand saut le 22 juin 2018, où il a été sélectionné par les Suns à la 31ème position de la Draft. Du talent plein les doigts, des rêves de gosse plein la tête, le jeune frenchie débarque aux States avec l’insouciance de la jeunesse. De quoi lui dédier une rubrique bimensuelle afin de suivre son évolution lors de son année rookie dans la Grande Ligue. C’est parti mon Élie, douzième épisode pour l’entrée dans le grand bain.
NBA :
- 14 mars vs Utah Jazz (défaite 114 à 97) : 2 minutes de jeu, 1 assist
- 24 mars @ Sacramento Kings (défaite 112 à 103) : 20 minutes de jeu, 3 points (à 1/5 aux tirs, dont 1/4 du parking), 4 rebonds, 2 assists, 1 faute, 1 balle perdue
G League :
- 10 mars vs Texas Legends (victoire 135 à 105) : 33 minutes de jeu, 14 points (à 3/13 aux tirs, dont 1/7 du parking, 7/7 aux lancers-francs), 5 rebonds, 7 assists, 1 interception, 1 faute, 3 balles perdues
- 12 mars vs Agua Caliente Clippers (défaite 120 à 107) : 35 minutes de jeu, 19 points (à 7/14 aux tirs, dont 1/6 du parking, 4/5 aux lancers-francs), 5 rebonds, 5 assists, 2 interceptions, 5 fautes, 2 balles perdues
Statistiques sur la saison NBA: 45 rencontres disputées (11 fois titulaire), 17,8 minutes de jeu, 5,5 points (à 37,8% au tir, 27,4% du parking, 77,5% aux lancers-francs), 2,5 assists, 1,8 rebond, 0,6 interception, 0,1 block, 2,1 fautes, 1,3 balle perdue.
Les semaines se suivent et commencent à se ressembler pour Élie Okobo. Assez inexplicablement mis en dehors de la rotation d’Igor Kokoskov, le Frenchie ronge son frein sur le banc, ne quittant que très rarement son survêtement lors des matchs. Seulement deux petites rencontres au compteur avec l’équipe première sur les quinze derniers jours, dont un seul avec un temps de jeu significatif, hier soir face à Sacramento.
20 minutes sur une rencontre, un cadeau inespéré pour Swaggy E, qui n’avait pas obtenu autant de playing time depuis un mois et demi. Malheureusement, il n’a su que peu mettre à profit cette opportunité, avec une réussite au tir médiocre (20%), et un apport pas si conséquent que cela dans les autres compartiments du jeu. C’est malgré tout une petite victoire, puisque le meneur a traîné avec l’équipe de G League affiliée aux Suns pendant la dernière quinzaine.
D’abord appelé pour la troisième fois de la saison avec les Northern Arizona Suns, l’homme à la papatte gauche de velours s’est montré plus ou moins en réussite sur les deux oppositions auxquelles il a pris part. Cette petite période est cependant toujours bonne à prendre, que ce soit pour le temps de jeu, pour avoir la gonfle entre les mimines afin de pouvoir prendre des shoots, des responsabilités ainsi que du plaisir. Rappelé par Phoenix à la suite du duel face aux Clippers de l’Eau Chaude, on pensait que quelques minutes lui seraient accordées. Que nenni, le rookie fait encore la navette dès le lendemain vers la G League. Il ne jouera aucune opposition lors de cette quatrième affiliation vers Prescott Valley, du fait de la blessure de Tyler Johnson qui lui a fait réintégrer l’équipe fanion avec Booker, Ayton et compagnie, à la suite de la rencontre face au Jazz. Alors oui, on ne souhaite pas malheur à TJ, mais si cela peut nous permettre de voir un peu plus de l’ancien Palois sur les parquets NBA d’ici la mi-avril, on ne dit pas non.
# LA PARODIE SAISON DES SUNS TOUCHE À SA FIN, ÉLIE OKOBO CONTINUE D’APPRIVOISER LA VIE AUX STATES, ENTRE ENGAGEMENT, COMMUNAUTÉ, MANAGEMENT CONTESTABLE, APPRENTISSAGE ET AMOUR DE LA BALLE ORANGE
Le transfuge de Miami étant en délicatesse avec son genou, on s’attendait à retrouver une configuration similaire à celle connue pendant un bon bout de saison du côté de Phoenix : un temps de jeu à la mène partagé entre De’Anthony Melton, Élie Okobo, et Jamal Crawford pour dépanner. Plébiscité parce que plus prêt physiquement, et un poil plus costaud défensivement, le rookie américain a bénéficié des faveurs de son coach, sur la période décembre-janvier et depuis le début du mois de mars. Souvent dans le cinq, son temps de jeu est régulier, et il a clairement pris l’avantage sur notre Frenchie dans la rotation des Soleils. Même si ce n’est pas forcément du goût de tout le monde. De nombreux fans et observateurs ne comprennent pas que le gaucher tricolore ne soit pas plus développé. Au vu de ses qualités naturelles et de son talent balle en main, il semble posséder plus de potentiel que son homologue ricain’. Et puis, il a l’avantage de ne pas avoir insupporté son franchise player, d’après Duane Rankin d’Arizona Central.
Devin Booker’s frustration are boiling over.
After De’Anthony Melton once again stepped out of bounds on the catch, Booker turned to Kokoskov and screamed:
“Take his ass out. Put Elie in the game.”
Melton is still in the game and dunked on Maker. #Suns down 83-74.
— Duane Rankin (@DuaneRankin) 22 mars 2019
“La frustration de Devin Booker est en train de déborder. Après que De’Anthony Melton ait encore fini hors du terrain après une réception de balle, Booker s’est tourné vers Kokoskov et a crié : ‘Sors-le du terrain. Met Élie sur le parquet’.”
Allez, on coupe direct toute possibilité de polémique. Dans l’engouement du match, l’arrière s’est emporté sur son jeune compatriote. Il s’est bien évidemment excusé une fois celui-ci terminé, justifiant également sa réaction par le rôle de leader qu’il se doit de tenir. Être exigeant, rigoureux et dur avec ses coéquipiers, c’est aussi ça, le leadership. Bref, au-delà de ce fait de rencontre, et sans extrapolation, cela montre que Book fait confiance à Swaggy E. Ce n’est pas lui le GM, bien sûr (même s’il pourrait faire un taf au moins aussi bon que James Jones et son front office), mais cela reste important, pour la confiance, et pour la crédibilité.
En parlant de crédibilité, s’il y a bien une entité qui en manque en ce moment, c’est le management des Cactus. Alors que Phoenix possédait un minimum de hype en octobre, cela s’est vite estompé, la faute aux résultats et aux choix douteux concernant l’effectif. Commencer une saison sans vrai meneur d’expérience (non, Isaiah Canaan n’est pas dans cette catégorie) en NBA, c’est légèrement suicidaire. Les trois quarts de la saison se sont déroulés ainsi. Puis lorsqu’il était trop tard, hop, on a engagé Tyler Johnson dans l’Arizona. N’étant pas un poste 1 de métier, le combo guard a pu apporter, mais s’est donc blessé. Et au lieu de terminer en roue libre, et de se concentrer cet été pour trouver un meneur sérieux et fiable, que font les Suns ? Et bah, engager Jimmer Fredette ! Enfin, c’était évident, non ? La stabilité incarnée est donc de retour en NBA, pour une nouvelle aventure qui pourrait s’étendre jusqu’à la fin de l’exercice 2019-20. On connaît le talent du monsieur, vrai gros shooteur, attaquant complet, capable de faire un carton sur un bon soir. Par contre, on a connu meilleur organisateur, meilleur défenseur, et meilleur projet d’avenir au poste de meneur.
Tout cela ne fait pas vraiment les affaires d’Élie Okobo. Bien que sur la rencontre d’hier face aux Kings, il ait joué vingt minutes et Fredette seulement quatre, la tendance pourrait s’inverser, et rendre la situation du gaucher encore plus délicate que ce qu’elle ne l’est déjà. Vous l’avez compris, rien n’est simple dans le désert. Le prodige de l’Élan Béarnais ne baisse pas les bras, continue à bosser et à faire sa place dans sa nouvelle vie. Passer du sud-ouest de la France à Phoenix, on a fait moins radical comme changement. C’est ainsi que nos confrères de France 3 Pau Nouvelle-Aquitaine ont consacré une série de reportages à l’ancien joueur local, à découvrir sur le Twitter du rookie des Suns, afin de découvrir de l’intérieur un quotidien rythmé et bien rempli.
1,2,3 et…4! Pour en savoir un peu plus sur ma nouvelle vie, c’est ici 👇 https://t.co/pSesG6bTwb
— Elie Okobo (@ElieOkobo_0) 14 mars 2019
La vie d’Élie, ce sont les matchs, les entraînements, les coéquipiers, bien sûr. Mais il y a bien plus que ça qui est relié au monde de la balle orange dans le quotidien du Frenchie, à commencer par l’accessoire indispensable et parfois fétiche des basketteurs, les sneakers.
Sneaker Stories 👟 @ElieOkobo_0 x Air Jordan 11 pic.twitter.com/iTmtimgpNd
— Phoenix Suns (@Suns) 14 mars 2019
“J’avais quatre ans, j’étais avec ma famille, quand je suis rentré chez moi, ils m’ont offert ce cadeau. C’était une paire de Jordan 11. Ils l’ont commandé à New York. C’était fou à un si jeune âge. Et la même nuit, parce que j’adorais tellement ces chaussures, j’ai dormi avec les chaussures aux pieds. C’est un petit peu fou, mais c’était mes chaussures préférées. Puis quand j’ai grandi, je les ai données à mon petit frère. Puis il est allé à l’école, et à commencer à jouer au football avec elles. J’étais vraiment énervé contre lui, car il a détruit les chaussures. Voilà, depuis que j’ai quatre ans je porte des sneakers, et désormais j’en ai beaucoup chez moi.”
Depuis tout petit, Élie aime les baskets. Le style, c’est presque comme s’il l’avait toujours eu, et ça se ressent aujourd’hui dans sa façon de s’habiller. On n’est pas surnommé Swaggy E par hasard, quand même.
Petit tee-shirt Givenchy, veste légère, pantalon motif camouflage qui rentre dans les baskets montantes, style franco-américain, symbole de la double culture qui traverse Élie Okobo. Si jamais (on ne le souhaite pas) la carrière du meneur venait à mal se passer, il pourra penser au mannequinat (on dit ça pour la taille hein), ou à bosser dans la mode. Enfin, le bonhomme a pas mal de qualités, et ce dans beaucoup de domaines. Si ce n’est pas dans les fringues, le rookie pourra envisager une reconversion dans l’éducation sportive, la transmission aux jeunes de son savoir, comme il le fait déjà auprès des jeunes de la communauté de Phoenix. Il a d’ailleurs reçu un prix pour cela.
Always great to spend time with the community and to share with the youth of Arizona! 🏀 🌵 ☀️ #TimeToRise#GivingBackhttps://t.co/3k2qUZpOtp
— Elie Okobo (@ElieOkobo_0) 11 mars 2019
“Toujours super de passer du temps avec la communauté et de partager avec la jeunesse de l’Arizona.”
Le bambin de la région bordelaise rend déjà aux jeunes ce qu’on a pu lui donner, lui inculquer pendant ses années de formation. La tête est bien pleine, le cœur est sur la main. Les qualités humaines, cela permet de se construire en tant qu’homme, mais également de devenir un bon basketteur. Les flèches sont toutes là, il suffit désormais de les affûter afin de s’imposer dans la Grande Ligue. C’est un travail quotidien, et cela passe également par signer une bonne fin de saison, afin de terminer un exercice rookie tumultueux sur une bonne note. Il aura d’ailleurs droit à son passage TV en France, lors du Sunday Night Live de beIN Sports ce soir, à la mi-temps du match Bucks – Cavaliers.
# LE PROGRAMME DE SWAGGY E
Trois prochaines semaines :
- 26 mars @ Utah Jazz
- 28 mars vs Washington Wizards
- 31 mars vs Memphis Grizzlies
- 2 avril vs Cleveland Cavaliers
- 4 avril vs Utah Jazz
- 6 avril vs New Orleans Pelicans
- 8 avril @ Houston Rockets
- 10 avril @ Dallas Mavericks
Huit matchs, voilà ce qui sépare les Suns de vacances prématurées. Si les hommes d’Igor Kokoskov n’ont clairement plus rien à jouer, si ce n’est dans la course au tanking, cela nous donne malgré tout huit occasions supplémentaires de voir Élie Okobo jouer cette saison. La plupart des franchises NBA non qualifiées pour les joutes printanières essayent de développer leurs jeunes joueurs sur les dernières oppositions de la saison régulière. Même si le front office des Suns est un peu chelou, on doit bien l’avouer, les rookies Bridges, Melton, Spalding et notre Frenchie devraient avoir de la place dans la rotation du coach serbe qui sévit dans l’Arizona.
S’il parvient à prendre part à chacune de ces rencontres, Swaggy E terminera sa première saison NBA avec 53 matchs joués, ce qui n’est pas si mal étant donné son statut. L’adresse a pour l’instant du mal à se mettre en place, il faut évoluer physiquement, s’adapter à un style de jeu différent, s’habituer à un mode de vie de nomade, effréné, ce qui n’est clairement pas simple pour un jeune homme qui a à peine la majorité internationale. S’il n’est pas tout à fait dans les petits papiers du head coach de Phoenix, le meneur formé à la JSA va pouvoir profiter de l’été pour se ressourcer. Enfin, surtout pour continuer à travailler, et revenir encore plus fort dès octobre prochain.
En attendant, des jolies petites oppositions attendent le numéro 2, notamment une double confrontation contre le Jazz. L’occasion de jouer face à des meneurs de calibre all-star ou border pourrait lui être donnée : Mike Conley, Jrue Holiday, Tomas Satoransky, Chris Paul (cherchez l’erreur), il y a toujours du beau monde. Puis, si face à Cleveland, le tricolore avait l’idée (et l’opportunité) de nous claquer une jolie perf’ sur Collin Sexton, un meneur drafté bien plus haut que lui, cela pourrait faire parler un poil outre-Atlantique, et l’installer un peu plus dans les esprits de chacun.
Élie Okobo est en train de vivre son rêve, tout du moins son commencement. Si tout n’est pas rose, surtout en ce moment, nul doute que son abnégation et sa persévérance sont des qualités appréciées, ainsi que des armes pour se construire un joli petit bout de carrière dans la Grande Ligue. Allez, il y a eu des hauts et des bas cette année, même s’il n’a pas vraiment explosé à Phoenix (bonjour le contexte), il n’est pas trop tard. Une ou deux apparitions convaincantes sur le mois d’avril pourraient permettre de se faire plaisir, de reprendre un peu de confiance, et d’attaquer un été de labeur dans de bonnes conditions. Travailler, travailler, travailler, voici peut-être la clé du succès. La belle histoire continue de s’écrire pour Mr Okobo, rendez-vous le dimanche 14 avril pour l’ultime volet de la story d’Élie.
Sources texte : Twitter/@DuaneRankin, Twitter/@ElieOkobo_0, Twitter/@Suns, Instagram/@elie_0kb,