Mitchell Robinson, le rookie qui ne cesse de faire parler de lui : focus sur le contreur fou des Knicks
Le 04 mars 2019 à 18:46 par Florian Benfaid
Dans la saison horrible vécue par les Knicks, il y a pourtant un joueur qui brille, saisissant pleinement sa chance et prenant de plus en plus d’importance dans la rotation new-yorkaise. Mitchell Robinson est, effectivement, en super forme depuis quelques semaines, l’occasion de s’attarder un peu sur le rookie de New York.
Les Knicks vivent actuellement un exercice 2018-19 plus que compliqué, pour ne pas dire catastrophique. Pointant à la dernière place de la Conférence Est et possédant l’avant-dernier bilan de toute la NBA (13 victoires et 50 défaites), New York se dirige tout droit vers le first pick de la prochaine Draft. Dans le marasme new-yorkais, il y en a pourtant un qui cartonne depuis plusieurs semaines : Mitchell Robinson. Depuis quatre matchs, et en sortant du banc à chaque fois, le rookie présente des moyennes de 15 points, 12 rebonds et 4,3 contres, en 29 minutes de temps de jeu. Des statistiques bien loin de celles qu’il affiche sur la saison : 6,8 unités (à 70,3% de réussite aux shoots), 5,3 ballons gobés et 2,3 tirs contrés, en quasiment 19 minutes et un peu moins d’une cinquantaine de rencontres disputées. À première vue, ces chiffres ne paraissent guère reluisants. Mais en les rapportant sur 36 minutes, on prend conscience de l’unicité de Robinson, avec un double-double à 13 points et 10 rebonds mais surtout 4,5 contres de moyenne (ce qui en ferait la meilleure de NBA) ! Un véritable spécialiste du contre donc, qui estime pouvoir faire encore mieux avec un statut différent, comme expliqué à Tommy Beer de Forbes. Ce que ne conteste pas son coach, David Fizdale.
“[Je tournerais] probablement autour de 6 contres par match [si j’étais titulaire]. Je sens que je peux le faire.” – Mitchell Robinson
“Je ne vais pas lui mettre de plafond. S’il y croit, alors je suis avec lui. Il prouve qu’il fait partie de l’élite des contreurs. Évidemment, je vais continuer à le faire grandir et à le construire [au poste] où il va être amené à jouer de plus en plus de minutes. Mais le ciel est la limite pour ce gamin.” – David Fizdale
Mitchell Robinson n’a ainsi pas volé son surnom de Block Ness Monster. Troisième meilleur contreur de la Ligue, il réalise justement un exercice historique dans ce domaine. En novembre dernier, en réussissant neuf contres (en seulement 22 minutes), il est devenu le troisième rookie du XXIème siècle à afficher un tel total. Cette saison, sa moyenne de 2,3 tirs contrés chaque soir lui permet de figurer dans le Top 20 all-time pour un première année (bien loin du record de 5 établi par Manute Bol en 1985-86). Il est aussi le deuxième plus jeune joueur à tourner à minimum 2 contres de moyenne. De plus, face au Magic le 26 février dernier, Mitch est devenu le dixième rookie de l’histoire à compiler au moins 15 points, 10 rebonds, 5 contres et 3 interceptions sur un match, un exploit qui n’avait pas été réalisé depuis près de vingt ans. Il a, ainsi, rejoint une prestigieuse liste composée notamment de David Robinson, Shaquille O’Neal ou encore Chris Webber. Enfin, Robinson est sur le point de devenir le deuxième joueur de l’histoire (et le premier rookie) à compiler des moyennes d’au moins 5 points, 5 rebonds et 2 contres (à 70% de réussite aux tirs) sur une campagne. Une performance réalisée à deux reprises par… DeAndre Jordan, son coéquipier chez les Knicks depuis quelques semaines. Dede l’a d’ailleurs pris sous son aile, lui servant de mentor, au même titre que Marcus Camby, ancien intérieur de New York qui avait lui-même occupé ce rôle auprès de DAJ sur la fin des années 2000, quand ils évoluaient ensemble chez les Clippers. Et les deux big men ne tarissent pas d’éloges envers leur petit protégé, comme déclaré à Marc Berman du New York Post.
“Je pense qu’il dispose d’un énorme potentiel. J’ai beaucoup discuté avec David Fizdale par messages, il essaie de nous mettre en relation pour que je lui parle. Il voit beaucoup de similarités dans nos jeux. Je suis toujours partant pour aider les jeunes à progresser. Je suis heureux qu’il soit avec nous.” – Marcus Camby
“Dès que vous pouvez aider un jeune joueur, vous êtes censés le faire. Il joue bien. Nous nous sommes défiés à plusieurs reprises à l’entraînement. Ce sont des affrontements acharnés. Il parle beaucoup. C’est quelque chose que nous adorons voir.” – DeAndre Jordan
Pourtant, une telle réussite était difficile à envisager il y a douze mois. En effet, passé par Chalmette (Louisiane) en high-school, Mitchell Robinson avait ensuite connu plus d’un an sans jouer, zappant la case NCAA. Une saison blanche volontaire car le pivot souhaitait se préparer pour la Draft de son côté, alors que tout le monde l’attendait à l’université de Western Kentucky. Ainsi, Mitch était une véritable énigme en juin dernier, surtout après qu’il ait décidé (sur conseil de son agent) de ne pas se présenter au fameux Draft Combine. À l’époque, nombreux étaient ceux se demandant quelle équipe allait tenter le pari Robinson et, surtout, en quelle position il allait être sélectionné. Finalement, ce sont les Knicks qui l’ont choisi au second tour de la Draft, en 36ème position. Une grosse déception pour le garçon (qui a fini par se séparer de son agent), qui espérait être appelé par Adam Silver, au premier tour. Pour autant, quelques jours plus tard, en juillet, les dirigeants new-yorkais allaient lui prouver qu’ils ont beaucoup confiance en lui, en lui faisant signer un contrat de 6,5 millions de dollars sur quatre ans. Une nouvelle qui a dû ravir le natif de Pensacola en Floride, qui n’aura pas à vivre dans une incertitude liée à son contrat, une situation que connaissent beaucoup de joueurs choisis au second tour de la Draft.
Pour cela, ce qui a principalement aidé Mitchell Robinson à en être là où il en est aujourd’hui, c’est son profil de pivot défensif mesurant plus de 210 centimètres et possédant une envergure de 2,24 mètres. Le numéro 26 new-yorkais séduit fortement et a tout de l’intérieur moderne. Sa mobilité pour son poste est très intéressante, il dispose d’une bonne couverture du pick-and-roll et n’est jamais avare d’efforts quand il s’agit de ressortir sur les joueurs qui s’écartent. En témoignent ses 14 tirs contrés sur des tentatives à trois-points depuis le début de saison, un total qui lui permet d’être le meilleur de la Ligue dans ce domaine. Défensivement, Mitch est donc très efficace. Pour preuve, sur 100 possessions, son équipe inscrit en moyenne 141 points et n’en encaisse que 106 lorsqu’il est sur le terrain ! En sachant que, sur l’exercice actuel (et toujours sur le même nombre de possessions), les Knicks marquent 105 unités et en encaissent 114. Néanmoins, Robinson doit encore progresser dans bien des domaines, notamment au niveau de la gestion des fautes puisqu’il en commet 3,1 chaque soir et est souvent en foul trouble. C’est d’ailleurs ce qui l’empêche généralement de jouer davantage… A force de toujours chercher le contre, on finit par être prévisible pour les attaquants. De plus, offensivement, il va aussi falloir qu’il devienne plus qu’un simple dunkeur. Mais, à seulement 20 ans, Mitchell possède encore pas mal de temps pour s’améliorer là-dessus. Et à Big Apple, on se frotte déjà les mains…
Encore très jeune, Mitchell Robinson réalise une première saison prometteuse. Les Knicks vivent une campagne compliquée mais le rookie a déjà beaucoup d’impact sur son équipe (bilan de 1-15 sur les seize matchs manqués par le joueur). Disposer d’une telle pépite est une très bonne chose pour New York, à quelques mois d’une intersaison cruciale pour la franchise…
Sources texte : Basketball-Reference, Clutch Points, New York Post, Real GM