Coach de l’année 2018-19 : une Nurse et un Doc à la lutte, l’hôpital ne se fout pas de la charité
Le 03 déc. 2018 à 09:16 par Alexandre Martin
Depuis notre présentation des principaux favoris pour le titre de coach de l’année, un mois s’est écoulé et nous pouvons maintenant commencer à nous lancer dans un classement. Car ce trophée récompensant les techniciens les plus influents depuis leurs bancs fait partie des plus prisés des trophées individuels décernés en fin d’année lors de la désormais fameuse cérémonie des NBA Awards. Allez, on envoie le premier ranking des coachs sur cette saison 2018-19 !
Le procédé suivi pour établir ce classement ne rigole pas du tout et s’inspire des plus prestigieux process scientifiques : on mélange les statistiques et les bilans collectifs des équipes avec le fond de jeu proposé, l’efficacité en sortie de temps-mort, l’ambiance qui semble régner dans le vestiaire, l’attitude du ou des leaders, l’ancienneté du coach et la qualité du groupe qu’il a sa disposition. Nous obtenons ainsi un jugement infaillible sur la performance de l’homme en costard sur le banc de chaque franchise et nous pouvons donc les classer.
Statistiques arrêtées au 3 décembre
10 – Billy Donovan
- Bilan : 14 victoires, 7 défaites soit 66,7%. 3ème de l’Ouest.
- Dynamique : 7 victoires sur les 10 derniers matchs
- Mention : “défense de fer même sans ton meilleur défenseur”. Quand t’as Pépère Roberson sur le flanc, tu te dis que tu vas prendre des valises de puntos. Oui mais non, car cette saison Russell Westbrook fait le taf, Steven Adams mange des gens et Paul George fait partie des favoris au trophée de Defensive Player Of the Year. L’architecte se nomme Billy et n’est pas un danseur, puisqu’en plus d’instaurer ce gros rythme défensif, le bonhomme réussit cette saison à pianoter intelligemment avec son roster. Nerlens Noel, Dennis Schroder et Alex Abrines sont de vrais remplaçants solides, Frenchie Luwawu va le devenir, et l’ensemble tire dans le même sens pour se positionner dans les hauteurs de l’ouest après un tout début de saison compliqué.
9 – James Borrego
- Bilan : 11 victoires, 12 défaites soit 47,8%. 7ème de l’Ouest.
- Dynamique : 4 victoires seulement sur les 10 derniers matchs
- Mention : “tout est plus facile quand t’as suivi les cours de Prof Popovich”. On ne donnait pas cher de la peu des Frelons cette année. Un pivot titulaire pas remplacé, un Kemba Walker dont le nom fuite un peu partout, et un roster globalement très juste face aux nouvelles puissances de l’Est (Magic – Knicks – Hawks, bah non). Oui mais non, James Borrego a été à bonne école et a trouvé en Tony Parker un quasi assistant coach. Parfait pour motiver Kemba en année de contrat, parfait pour développer Malik Monk et Miles Bridges, parfait pour donner du crédit aux travailleurs de l’ombre que sont Lamb, Zeller, Kidd-Gilchrist ou Marvin Williams. Résultat ça joue bien à Charlotte, et les airs de mafieux de Don Borrego n’y sont pas pour rien.
8 – Dave Joerger
- Bilan : 11 victoires, 11 défaites soit 50%. 9ème de l’Ouest.
- Dynamique : 4 victoires seulement sur les 10 derniers matchs
- Mention : “La jeunesse au pouvoir, la vitesse aussi.” Joerger est le seul coach à apparaître dans ce ranking alors que son équipe ne figure pas parmi les playoffables de sa conférence. Pourquoi ? Tout simplement parce le début de saison des Kings leur permet d’être bien plus haut que ce que la plupart des observateurs prévoyaient et qu’en plus cela est fait avec la manière. Les Kings jouent vite, ils jouent en groupe, mettent une grosse pression offensive sur l’adversaire et débarquent chaque soir avec un plan de jeu bien clair : scorer plus que l’équipe d’en face, jouer plus vite, courir plus… Kiffants à regarder et surtout intéressants, ces Kings s’appuient sur le rythme que De’Aaron Fox est capable d’imposer notamment mais aussi sur les bonnes inspirations de coach Joerger. Vlade, si tu nous lis, garde ton coach s’il te plait !
7 – Brett Brown
- Bilan : 17 victoires, 8 défaites soit 68%. 3ème de l’Est
- Dynamique : 4 victoires d’affilée, 8 sur les 10 derniers matchs.
- Mention : “Un Big Three ? Ok, je prends !” Brett Brown avait déjà fait du très bon travail avec son groupe la saison dernière. Il y a eu pas mal de changements autour de lui pendant l’inter-saison et même plus récemment avec l’arrivée de Jimmy Butler contre Dario Saric et Robert Covington, deux membres importants de sa rotation. Pour autant et malgré quelques passages un peu poussifs ou un jeu pas toujours convaincant, les Sixers montrent qu’ils sont une grosse écurie de l’Est. Parce qu’ils ont un intérieur très dominant, parce qu’ils ont désormais 3 stars des parquets mais aussi parce qu’ils ont un coach qui manie très bien son roster et sait trouver le bon équilibre quelles que soient les pièces qu’on lui donne.
6 – Nate McMillan
- Bilan : 13 victoires, 10 défaites soit 56,5%. 5ème de l’Est.
- Dynamique : 5 victoires – 5 défaites sur les 10 derniers matchs.
- Mention : “La saison dernière n’était pas un accident.” A un moment donné, il va bien falloir s’arrêter sur le boulot de Nate McMillan depuis le banc d’Indiana et prendre le temps de constater que l’ancienne gloire des SuperSonics est la tête pensante d’une équipe très compliquée à affronter. Une équipe qui – même quand son leader Victor Oladipo a du mal ou tout simplement se blesse – ne se désunit jamais et peut gagner n’importe quelle rencontre. Les Pacers sont très solides (3ème meilleur ratio défensif de la ligue). Les Pacers ont des automatismes et une rotation bien rodés au sein desquels des gars comme Domantas Sabonis, Bojan Bogdanovic ou Tyreke Evans (pour ne citer qu’eux) peuvent exprimer leur talent et rendre l’équipe très compétitive. Bien joué Nate !
5 – Dwane Casey (Pistons)
- Bilan : 13 victoires, 7 défaites soit 65%. 4ème de l’Est.
- Dynamique : 5 victoires d’affilée, 8 sur les 10 derniers matchs.
- Mention : “Blake, Andre, il va falloir muscler votre jeu”. La saison dernière, Dwane Casey a été à la tête de Raptors qui ont envoyé le meilleur bilan de l’histoire de la franchise en saison régulière. Il s’est ensuite fait remercier après un sweep cinglant en Playoffs avant de recevoir la distinction de coach de l’année lors de la cérémonie des NBA Awards. Il est passé par toutes les émotions mais il est toujours le même. Dur au mal, proche de ces gars et capable de souder un groupe pour en faire une escouade difficile à jouer. C’est le cas de ces Pistons depuis le début de saison. Le duo Griffin – Drummond s’épanouit et commence à vraiment jouer dur, Reggie Jackson retrouve petit à petit des couleurs, Stanley Johnson semble enfin démarrer sa carrière NBA. Et si tonton Dwane n’y était pas pour rien ?
4 – Mike Malone
- Bilan : 15 victoires, 7 défaites soit 68,2%. 2ème de l’Ouest.
- Dynamique : 5 victoires d’affilée.
- Mention : “Les montagnes russes du Colorado”. Après une départ canon dans la saison (9 victoires sur les 10 premiers matchs), les Nuggets ont baissé de rythme et ont enchaîné 6 défaites en 7 rencontres. On s’est dit que Nikola Jokic avait encore du taff pour être plus régulier malgré son génie évident et on s’est dit aussi que Mike Malone nous avait bien surpris mais qu’il avait aussi encore des tâtonnements tactiques qui mettaient son équipe en danger sur certains matchs. Mais depuis, cela semble reparti pour Denver et coach Malone pourrait bien signer le genre de saison qui donnerait raison à ses dirigeants qui l’ont prolongé juste avant. A suivre, il y a du potentiel.
3 – Mike Budenholzer (Bucks)
- Bilan : 15 victoires, 7 défaites soit 68,2%. 2ème de l’Est.
- Dynamique : 6 victoires sur les 10 derniers matchs.
- Mention : “Les Daims ne sont plus des proies.” On s’en doutait quand on a vu les Bucks recruter Mike Budenholzer cet été mais on ne s’attendait pas forcément à ce que les effets se voient aussi vite sur le terrain. L’escouade des cervidés du Wisconsin a fait des progrès collectifs impressionnants qui se traduisent tout de suite en succès et en progrès individuels pour plusieurs joueurs clé du groupe. Les Bucks, ont la meilleure attaque de la ligue, ils sont parmi les 3 équipes qui prennent le plus de tirs derrière l’arc, ils ont une défense dans le top 10, ils ont un joueur Grec prénommé Giannis qui fait partie des favoris pour le titre de MVP. Bref, Milwaukee est en train de revenir sur le devant de la scène ce qui n’est pas une surprise étant donné le potentiel d’un monstre comme Antetokounmpo mais la façon dont l’équipe joue est l’exemple type de l’efficacité et de la qualité du coaching de Mike Budenholzer. Sur la longueur de la saison, voici un très gros candidat au titre de coach de l’année.
2 – Nick Nurse (Raptors)
- Bilan : 20 victoires, 4 défaites soit 83,3%. 1er de l’Est.
- Dynamique : 8 victoires d’affilée.
- Mention : “Kawhi qui rit, à moitié dans ton lit.” Pas forcément évident de remplacer le coach de l’année. Pas forcément évident de récupérer un effectif certes riche mais orphelin de son meilleur joueur depuis 4 ou 5 ans. Pas forcément évident d’intégrer intelligemment une star qui n’a pas choisi d’être là. Pas forcément évident d’inculquer directement un style différent de celui pratiqué auparavant. En 6 semaines, Nick Nurse vient de réussir tout cela ! Les Raptors jouent un basket chatoyant – avec une attaque variée et le deuxième meilleur offensive rating de la ligue – et rigoureux, le groupe a l’air de bien vivre et les résultats sont là. Grosse impression d’entrée pour ce coach rookie.
1 – Doc Rivers (Clippers)
- Bilan : 15 victoires, 7 défaites soit 68,2%. 1er de l’Ouest.
- Dynamique : 8 victoires sur les 10 derniers matchs.
- Mention : “Montrezl Harrell est une superstar, Tobias Harris est un All-Star et Danilo Gallinari un Iron Man”. On peut critiquer certains choix tactiques du Doc ou railler de temps en temps (souvent) ses « systèmes » en sortie de temps-mort par exemple mais s’il y a bien une qualité qu’on lui connaît c’est cette capacité à tirer le meilleur d’un groupe, quel qu’il soit. Ce début de saison des Clippers est un chef d’œuvre en la matière. Tobias Harris est en feu, Danilo Gallinari est en forme, Montrezl Harrell aura bientôt son maillot retiré, Marcin Gortat ne joue pas beaucoup mais il est content, le rookie Shai Gilgeous-Alexander est en confiance, Avery Bradley et Patrick Beverley sont dans leurs rôles. Les Clippers jouent très offensif, ils ont pour but d’user l’adversaire et ne lâchent aucun match grâce à leur effectif bien profond et bien utilisé. Le Doc est en mode chirurgical.
Voilà pour ce “coach ranking” à début décembre. On se retrouve début janvier pour voir comment ce top 10 aura évolué !