Kyrie Irving sort lui aussi les couteaux : les jeunes de Boston ont progressé et veulent trop en profiter
Le 18 nov. 2018 à 19:37 par Bastien Fontanieu
Il n’y a pas que Brad Stevens qui est mécontent du côté de Boston. Suite à des montagnes russes un peu trop frustrantes, Kyrie Irving a lui aussi décidé de hausser le ton, notamment concernant les jeunes joueurs des Celtics.
S’il a été capable de faire grogner les fans de Boston, notamment en prenant la sauce de la part de certains comme Victor Oladipo ou Jamal Murray, l’ami Kyrie réalise un gros début de saison, ponctué par sa performance extraordinaire ce vendredi contre Toronto. Une pointe à 43 points, qui a permis aux Celtics de l’emporter face à un poids lourd de la Conférence Est et aux joueurs de se sentir en confiance autour de leur meilleur scoreur. Car oui, Irving mène la danse en attaque, et quand c’est le cas tout le monde peut gérer son boulot en se concentrant un minimum. Le problème ? C’est qu’en ce début de saison, et comme Brad Stevens l’a susurré récemment, l’attaque de Boston est aussi irrégulière que troublante. La sélection de tirs est aléatoire, certains sortent de leur rôle pour tenter du hero ball inefficace, bref on sort du Stevens Basketball qui prône le mouvement de balle permanent et le tir ouvert pour un copain démarqué. Cette tendance qu’ont certains à vouloir tout régler par eux-mêmes a justement été souligné par Kyrie, qui sait le rôle dominant qu’il a dans son vestiaire. S’il n’est pas le plus âgé, Irving est le meilleur scoreur de Boston, le joueur le plus auréolé au niveau du All-Star Game, le bagué de confiance, et un patron qu’on doit suivre de plus en plus malgré son jeune âge. Irving a profité de ce statut exceptionnel pour dire haut et fort ce qui ne va pas selon lui, et qui a été prouvé en images ces derniers temps : les jeunes de l’effectif veulent montrer ce dont ils sont capables, alors que les Celtics cartonnent quand chacun reste dans son rang. Les regards se tournent forcément vers trois joueurs qui veulent signer un futur gros pactole et se faire un nom en NBA, messieurs Jayson Tatum, Jaylen Brown et Terry Rozier. La parole à Kyrie, attention c’est aiguisé.
“Les gars sont devenus meilleurs, et ils veulent profiter de leur talent pour le montrer.
Je pense que l’an dernier, les jeunes joueurs qui étaient dans ce vestiaire et qui jouent aujourd’hui étaient un peu plus jeunes. On n’attendait pas autant de leur part dans leur production globale, et je crois que le niveau de pression qu’on met sur eux afin d’être au top tous les soirs est une chose à laquelle ils doivent s’habituer. C’est ce que représente le fait d’être un membre d’une aussi grande équipe. Si tu ne joues pas au niveau qui est attendu, alors collectivement on ne peut pas être en parfaite cohésion. Je pense qu’une fois qu’on y arrivera et qu’on trouvera cette régularité, tout ira bien.
(Kyrie Irving revient notamment sur la toute première action du match contre Utah) On obtient une rotation défensive adverse intéressante, avec Jayson Tatum en isolation face à Derrick Favors, et on s’attend à ce qu’il l’attaque. Et c’est notre toute première possession de la rencontre.”
Malheureusement, pour ceux qui n’ont pas vu le match, Tatum va poser quelques dribbles avant de briquer un énorme trois-points sur la planche de Boston. Typiquement le genre de situation où la tentation, celle de montrer qu’il a du tir à distance dans son arsenal et la capacité à faire filoche balle en main, dépasse la raison, celle de prendre Favors de vitesse pour aller marquer deux points aisés ou provoquer la faute. Des exemples comme ça ? Il y en a un paquet, et à peu de choses près les Celtics auraient pu s’incliner contre les Raptors. De Rozier à Tatum en passant par Brown, chacun a offert sa petite action perso, qu’on n’aurait clairement pas vu ou compris dans le système de Brad Stevens l’an dernier. La hiérarchie doit donc être rétablie, avec le coach aux commandes, Kyrie Irving en pôle position et Al Horford derrière le mégaphone. L’intérieur n’a pas besoin de brouettes de shoots pour vivre, mais son travail et son expérience font de lui une voix ultra-respectée dans l’équipe verte. Une ou deux claques dans la gueule des jeunes pourrait suffire, en leur rappelant que le succès collectif initial leur apportera bien plus de validation par la suite qu’un croquage en bonne et due forme. Demandez à Kawhi Leonard, par exemple, ce qu’il pense de ses premières années chez les Spurs. L’animal voulait se faire rapidement une place au soleil mais savait qu’il avait du All-Star devant lui, du vétéran qui a tout connu. Patient, l’ailier a respecté son système et a su utiliser la plateforme proposée pour ensuite devenir le joueur qu’il est aujourd’hui. Kawhi ou d’autres, on en a vu passer des surdoués qui ont accepté (ou refusé) de rester dans le rôle qui leur est donné.
Quand on a trop de talent dans un seul effectif, cela peut parfois capoter. Mais Boston n’a pas le choix. Pour aller loin et jouer en juin, il faudra que la hiérarchie se mette en place, et que tout le monde l’accepte. Le moindre boulon qui pète, et c’est une potentielle terrible déception qui s’imposerait aux Celtics au printemps prochain. C’est compris, les minots ?
Source : The Athletic