Fred Hoiberg : du Hoiberk à la place du Hoiball, le Outberg dans le ligne de mire

Le 02 nov. 2018 à 15:46 par David Carroz

fred hoiberg
Source image : Benoit Carlier

2 juin 2015. Voilà maintenant plus de trois ans que Fred Hoiberg a repris en main la destinée des Bulls avec une mission : basculer du style de jeu rigide et défensif de Tom Thibodeau à une version plus en adéquation avec la NBA actuelle. Une révolution attendue dans l’Illinois, du moins par le front office qui voyait en l’ancien de Iowa State la personne idéale pour apporter ce nouveau souffle.

Un changement d’identité ardu, surtout qu’en posant ses fesses sur le banc chicagoan, il s’est retrouvé face à des joueurs certes aguerris, mais peu compatibles avec ce qu’on nous présentait comme le Hoiball, un jeu rapide basé sur le mouvement et la circulation de balle. Entre les solistes Rose et Butler ainsi qu’un secteur intérieur fourni contrairement au rayon gâchette, la tâche n’avait rien d’aisée et tout le monde a vite compris qu’il faudrait plus qu’un nouveau fermier comme guide pour que les Taureaux cavalent et bombardent du parking. Après deux saisons, le ménage a été fait dans le cheptel. Exit Pau Gasol, Joakim Noah, Taj Gibson, Jimmy Butler, Derrick Rose ou encore les éphémères Rajon Rondo et Dwyane Wade, place à de la jeunesse avec la dernière touche apportée à l’été 2017 lors du trade de Buckets. Finies les retouches comme disaient le duo maléfique Gar Forman – John Paxson, place à une véritable reconstruction, avec les mains libres pour Hoiberg et un choix de joueurs qu’il valide. Le tank est lancé et assumé pour 2017-18 avec comme objectif de basculer définitivement avec une équipe à son image, ou du moins avec des caractéristiques en lien avec le style de jeu à mettre en place. Ce qui implique un groupe clairement rajeuni qu’il doit façonner. Bon, pas de bol, Nikola Mirotic prend feu et les Bulls remportent dix de leurs vingt-sept victoires sur trois semaines à cause de grâce à l’Espagnol, ce qui est un peu con quand on souhaite s’enfouir dans les bas fonds de la Ligue et récupérer un top pick. Mais dans l’optique d’apprendre aux gamins le goût de la victoire pour qu’ils ne s’habituent pas à une spirale de la lose, on ne crachera pas dessus.

Pas de résultat, ni de révolution

Un septième pick plus tard, la prolongation de LaVine et l’arrivée de Jabari Parker et on se dit qu’à défaut de décoller, les Bulls vont grandir et afficher leur style offensif puisque Fredo dispo de gars athlétiques, dynamiques et avec quelques joueurs capables de shooter. Mais surtout avec du potentiel. Bilan ? Celui chiffré tout d’abord, peu glorieux : un record de 2 victoires pour 6 défaites, la vingt-neuvième défense de la Ligue en efficacité (la vingt-sixième en points par match), une attaque légèrement meilleure mais pas fulgurante non plus (dix-huitième en efficacité, vingtième en points par match). Mais surtout un sale impression dégagée au cours de déroutes monumentales – même si on a senti plus d’envie face aux Nuggets lors de la dernière défaite en prolongation. Ce sont d’ailleurs ces roustes qui posent problème car on sent qu’elles sont acceptées, sans véritable esprit de révolte. Certes, Zach LaVine a exprimé sa frustration, mais ses stats offensives sont l’arbre qui cache la forêt du néant du jeu des Bulls et du faible impact de la production de leur franchise player, symbole de nombreuses lacunes des bovidés. Attention, l’arrière n’est pas le responsable de la bouillie régulièrement proposée par les pensionnaires du United Center et il a d’ailleurs le mérite de tirer son épingle du jeu dans le marasme ambiant quand d’autres sombrent lamentablement ou que des cadres de la reconstruction squattent l’infirmerie. Mais sa faible compréhension du jeu ou sa défense gruyère sont clairement l’image des Bulls sous Fred Hoiberg, incapables de stopper de façon régulière leurs adversaires – déjà six rencontres avec au moins 110 pions encaissés – et brouillon en attaque, bien loin en tout cas de la révolution attendue et vendue par GarPax lors de la signature de l’ancien d’Iowa State, si ce n’est que la défense si solide sous les ordres de Thibs est actuellement portée disparue, tout comme la combativité.

Question : qu’est qu’il y connait au basket, Fraud Hoiberg ?

En dehors de cette absence d’identité de jeu et de la spirale négative qu’elle entraîne, on sent que le coach chicagoan n’a aucune compréhension des enjeux inhérents à son poste. Le body language ne pousse pas à l’optimisme quand on le voit vissé sur son banc, sans réaction devant les déroutes. Fataliste ? On veut bien entendre qu’une défaite face aux Warriors n’ait rien d’infamant. Mais se faire humilier sans lutter ni défendre, c’est tout de suite plus problématique. Est-ce que les joueurs ne font pas les efforts ? Ou est-ce qu’ils appliquent à la lettre les consignes ? Dans les deux cas, la responsabilité de Fred Hoiberg est clairement engagée puisque soit il a perdu son groupe, soit il n’a rien compris aux enjeux de la Grande Ligue. Une sensation d’amateurisme et de non préparation qui se dégage, avec entre autres des rotations pas toujours compréhensibles. On en parle de la présence de Jabari Parker pour défendre sur la dernière possession des Pistons, lors du match perdu 118-116 sur cette action, alors que Robin Lopez et Wendell Carter Jr. étaient sur le banc ? Quid aussi de sa communication concernant l’ancien des Bucks, en particulier sur sa sortie du cinq majeur évoquée avec le joueur selon le coach, ce que le natif de Chitown a ensuite démenti ? Un quiproquo qui n’est pas une première, Joakim Noah et Rajon Rondo pourront en témoigner eux aussi. De tels errements, éventuellement tolérable sur une première année, ne peuvent plus arriver au bout de trois piges quand tu drives un groupe de gamins – à quelques exceptions près – que tu dois guider et faire progresser. Des axes forts qui ne font pas partie des garanties données par Fred Hoiberg ce qui pose de nombreux problèmes.

À court terme tout d’abord, avec des matchs perdus à la pelle. Certains diront que ce n’est pas dramatique car le tanking est une politique de progrès par la Draft, qu’on aime le concept ou pas, mais cette stratégie ne garantit absolument pas de retrouver les sommets rapidement. Sauf que cela crée aussi une mauvaise dynamique dans la compétitivité. Si on reste dans la Conférence Est, on peut jeter un œil sur les Nets qui possèdent certainement moins de potentiel que les Bulls mais qui donnent du fil à retordre à leurs adversaires en s’accrochant tous les soirs ou presque. Cela forge bien plus un groupe qui n’accepte pas aussi facilement la défaite, contrairement à ce que nous montrent les hommes de Fred Hoiberg. Cette culture de la gagne disparaît toujours un peu plus dans l’Illinois et outre les joueurs présents qui en pâtissent, une telle situation ne poussera pas les agents libres à venir poser leurs valises sur les rives du Lac Michigan, destination déjà peu prisée historiquement par les gros poissons. Et qu’en sera-t-il des jeunots qui pourront quitter le navire une fois leur contrat rookie terminé ? Certes, la priorité est souvent donnée à la franchise d’origine pour des raisons financières, mais l’argument ne restera pas suffisant si Chicago rime avec charlot, et personne ne sera enclin à faire des sacrifices. En ne bougeant pas le petit doigt et en maintenant Fred Hoiberg à son poste, le front office est donc complice de l’enlisement des Bulls qui pourrait bien durer plus longtemps que prévu, faute de ligne directrice claire.

Une première possibilité avait été offerte à Forman et Paxson de dégager leur marionnette le 29 octobre dernier après le carpaccio de taureaux cuisiné par les Warriors au United Center. Une opportunité non saisie, ce qui n’a rien d’étonnant. Dans l’Illinois, on n’aime pas trop se débarrasser de son employé de banc en cours de saison. En outre, toute mise à l’écart de Fred Hoiberg pourrait avoir des répercussions plus larges : Tic et Tac à la tête du sportif se désavoueraient en le licenciant et verraient alors leurs postes également fragilisés. Comme quoi, les fans chicagoans ont toutes les raisons du monde d’espérer voir le couperet tomber sur le coach des Bulls.


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