Chauncey Billups revient sur les Finales perdues par Detroit en 2005 : “Larry Brown a choke”
Le 27 oct. 2018 à 01:02 par Bastien Fontanieu
Invité récemment sur le podcast de Zach Lowe, Chauncey Billups est revenu sur un des souvenirs les plus douloureux de toute sa carrière : les Finales NBA perdues en 2005, et le shoot monstre de Robert Horry à Detroit.
Que ceux qui ont découvert la NBA récemment ouvrent grand leurs oreilles. Que ceux qui ont vécu cette série entre Spurs et Pistons il y a 13 ans s’installent confortablement. Ce que nous allons revivre est un moment joyeux pour tout fan de San Antonio, et tragique pour tout habitant du Michigan. Nous sommes en 2005, Finales NBA, Game 5 alors qu’il y a 2-2 entre les deux équipes. Pour faire simple, disons que les Spurs sont champions en 2003, les Pistons sont champions en 2004, et tout ce beau monde se retrouve au sommet de la Ligue l’année suivante. Dans un Palace chaud comme la braise, et dans une Ligue qui n’est pas encore submergée par le tir à 10 mètres, la bataille des tranchées fait rage et chaque détail compte pour finir avec le Graal entre les mains. Un détail qui va faire mal du côté de Detroit ? Le fameux shoot de la gagne de Robert Horry, alors que les Pistons menaient de 2 points et n’avaient qu’à défendre intelligemment. MVP des Finales en titre et solide défenseur, Billups s’attend à être sur le terrain pour aider les siens à réaliser le dernier stop, celui qui va donner à son équipe un avantage de 3-2 dans ces Finales. Sauf qu’au moment de vouloir entrer sur le terrain, Chauncey est prié de bien vouloir s’asseoir : c’est Lindsey Hunter qui prend sa place. Stupeur pour Mr Big Shot, qui va vivre sur le côté un moment tragique de l’histoire des Pistons. Un moment qui va faire basculer les Finales NBA de 2005 et empêcher en grande partie la franchise du Michigan de réaliser un historique back-to-back.
Voici ce qu’il y a de plus fou concernant cette action. On est donc en plein temps-mort, et évidemment, on est tous là à se gueuler dessus les consignes défensives. Pas de tir à trois points pour eux, quoi qu’il arrive, pas de trois points. Pas de trois points. On presse bien chaque joueur, au pire on se prend deux points mais ça ne nous tuera pas. Pas de trois points. On retourne sur le terrain, on se prépare tous avant cette action. Et je vois Lindsey Hunter qui se présente à la table de marque. Je me dis, c’est parfait, il va prendre la place de Rasheed Wallace, on est en bonne position.
Le buzzer du temps-mort sonne, et là Lindsey me dit : “Chauncey, je prends ta place.” Et là je me dis… quoi ? Je n’ai juste pas compris sur le moment. Mais vu qu’il est question de remporter le match avant tout, il n’y a pas de temps pour en faire un drame. Vous y pensez plus tard, mais pas maintenant. Et pour un paquet de raisons, cette situation est folle. Je n’avais aucun souci d’un point de vue défensif. Et plus que cela même d’ailleurs, que se passe-t-il si le tir ricoche et que votre meilleur tireur de lancer-francs n’est pas sur le terrain ? Il y a tant de paramètres à prendre en compte. Je crois vraiment, sincèrement, que Larry (Brown) a choke à ce moment précis. Je crois juste… qu’il a un peu choke. Je sais pas.
On ne va pas se mentir, cette histoire est assez dingue, aussi dingue que la façon dont Billups la raconte. Pourtant, il n’y a pas de quoi en vouloir à Brown sur le papier, vu le faible impact de Lindsey Hunter sur l’action en question. Placé sur Tony Parker, le vétéran va rester collé au Français et observer l’action de loin. Mais pendant ce temps-là, à l’opposé… Robert Horry, couvert par Rasheed Wallace, va faire la remise en jeu pour Manu Ginobili qui ne va pas perdre une seule seconde. L’Argentin voit Wallace faire l’erreur de sa vie en venant le doubler, et la passe est immédiatement faite pour Horry qui vient de faire la touche. Le Sheed est en retard, l’erreur est fatale, Big Shot Bob dégaine et plante un des plus gros shoots de sa carrière, devant des fans abasourdis. Billups, forcément, se sent impuissant devant un tel spectacle. Aurait-il pu communiquer avec Wallace et lui dire de ne pas lâcher Horry d’une semelle ? Hunter aurait-il dû prendre le spot de Rasheed pour faire uniquement pression sur la remise en jeu ? Tant de questions qu’on peut se poser, et un paquet d’autres, mais qui mène à la story suivante : les Spurs repartiront de Detroit avec une précieuse victoire, avant de l’emporter au Game 7 à domicile dans un AT&T Center en folie. Et dire que quelques jours plus tôt, ils perdaient de deux points à 10 secondes de la fin, Chauncey pensant déjà à sa pose sur le podium de l’équipe championne. Comme quoi, quand on connaît l’histoire des Spurs et un soir de juin 2013 à Miami, on se dit que le karma est juste.
Que se serait-il passé, si Larry Brown avait laissé sur le terrain son MVP des Finales en titre, Mister Big Shot, l’excellent défenseur et leader d’hommes, sur cette action inoubliable ? Et si, et si…
Source : Lowe Podcast