Du trashtalking à l’état pur : quand Paul Pierce a humilié Al Harrington lors des Playoffs 2003

Le 13 oct. 2018 à 15:48 par Nicolas Meichel

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Avec sa grande bouche, sa confiance en soi, son surnom The Truth et ses couilles taille XXL, Paul Pierce fait incontestablement partie du Hall of Fame des trashtalkers. Et s’il y en a bien un qui peut confirmer tout ça, c’est Al Harrington. Lors des Playoffs 2003, l’ancien joueur des Pacers a pris une véritable leçon de la part de la légende de Boston. Âmes sensibles et fans d’Indiana, faites attention, c’est à la fois violent et humiliant.

Avant de revenir précisément sur cette scène interdite aux moins de 18 ans, un petit rappel contextuel semble nécessaire. Nous sommes le 27 avril 2003, en plein premier tour de Playoffs. Sixième lors de la saison régulière, Boston affronte Indiana, qui a terminé sur le podium de la Conférence Est avec 48 victoires au compteur. Les Celtics ne sont donc pas favoris mais ils parviennent à prendre l’avantage 2-1 dans la série grâce aux exploits de Paul Pierce, la belle contribution d’Antoine Walker et le bon taf réalisé par les role players de la Green Nation. Du coup, les Pacers de Jermaine O’Neal, Ron Artest et Reggie Miller se doivent de réagir dans le Game 4 à Boston s’ils ne veulent pas se retrouver dans une situation très compliquée avant de revenir à la maison. Vous l’avez compris, cette quatrième rencontre vaut son pesant de cacahuètes. Face à cet enjeu, Indiana répond en daron avec une première mi-temps très solide. Les hommes d’Isiah Thomas sont locked in comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique et mènent 48-36 à la mi-temps. Le FleetCenter, réputé pour son côté bouillant, est un peu sonné par la tournure des événements. Mais à partir du troisième quart-temps, le public bostonien va s’enflammer sous l’impulsion d’un Pierce tout simplement possédé.

Au retour des vestiaires, The Truth réalise un vrai festival. Il inscrit d’abord un panier du parking, puis enchaîne avec un And-1 suite à un spin move sur Ron Artest, l’un des meilleurs défenseurs extérieurs de l’époque. Derrière, il ajoute un tir mi-distance qui permet aux Celtics de revenir à un petit point des Pacers. Bref, le match vient de changer complètement de physionomie, mais ce n’est que le début. Dans les trois dernières minutes de la période, alors que les deux équipes sont à égalité, Paulo passe encore un niveau supérieur pour atteindre l’état de grâce. Trois points en transition sans se poser de questions ? Bingo. Shoot improbable avec la faute après une feinte de papy ? Oui, monsieur. Crossover puis panier à mi-distance ? Easy. L’équipe d’Indiana prend très cher et se retrouve menée de huit points en un clin d’œil. Il reste alors une vingtaine de secondes dans le quart-temps. Les locaux ont une dernière possession à jouer, le public est debout, et c’est évidemment La Vérité qui a la gonfle dans les mains. La star de Boston a l’occasion d’ajouter un point d’exclamation à sa magnifique performance, de terminer en beauté après avoir inscrit 18 points en seulement douze minutes. C’est à ce moment-là qu’on assiste à l’un des moments les plus jouissifs de la carrière de Paul Pierce.

Face à lui, il a Al Harrington. Le joueur des Pacers veut se coltiner The Truth, coûte que coûte. Quand son coéquipier Ron Artest souhaite prendre sa place pour défendre sur le numéro 34, il le dégage. Al remonte ses shorts afin de bien faire comprendre à P-Double qu’il n’est pas là pour rigoler. Le duel est lancé. Les deux commencent à s’envoyer des mots doux pendant que Pierce fait rebondir le ballon sous les yeux de l’arbitre Joe DeRosa, qui les avertit pour éviter que ça n’aille trop loin. Le chronomètre tourne et la discussion animée continue. Après avoir balancé ses quatre vérités à Harrington et vice-versa, le franchise player des C’s enclenche son mouvement. Il se décale légèrement sur la gauche puis lâche un shoot from downtown sans la moindre hésitation. Le défenseur d’Indiana défend plutôt bien sur cette action et conteste le tir de son adversaire. La suite ? Elle est parfaitement racontée par le commentateur des Celtics Mike Gorman. “Pierce… BURIES IT ! Right in Harrington’s face.”  Le trois points de Paul fait ficelle et les fans des Verts s’enflamment. Pour Al Harrington, c’est l’humiliation totale. Se prendre un tel missile sur la gueule après avoir challengé l’un des meilleurs attaquants de la NBA, c’est hardcore. On appelle ça un méchant retour de flamme.

“Ce sont les Playoffs quoi. Deux compétiteurs qui s’affrontent et qui essayent de trouver un moyen pour prendre le dessus. J’étais dans le feu de l’action. Je ne peux pas vraiment vous dire ce qui a été dit entre nous.”

– Paul Pierce

En matière de trashtalking, cette séquence est juste fabuleuse. Il y a tout ce qu’il faut. Deux joueurs qui se rentrent dedans en plein match, l’un qui lance un défi, l’autre qui répond, le tout dans une ambiance de folie. Difficile de faire mieux quoi. Mais cette séquence, c’est aussi et surtout du Paul Pierce tout craché. Au cours de sa carrière, The Truth faisait partie de ces joueurs qui ouvraient leur gueule pour ensuite assumer sur le terrain, un peu à la manière d’une autre légende de Boston, Larry Bird. Grâce à une superbe technique et surtout une grande confiance en soi, il a victimisé beaucoup d’adversaires, notamment quand il fallait poser ses couilles sur la table lors des fins de matchs tendues. Paulo n’a jamais été un monstre athlétique, il n’a jamais été un grand sniper, il n’a jamais été hyper-spectaculaire, mais il a toujours été un putain de basketteur qui savait comment faire pour prendre l’avantage sur les mecs évoluant en face de lui. Cette action face à Al Harrington symbolise un peu tout ça. Sur l’échelle de l’insolence, on est au sommet. Niveau respect, on est à plusieurs mètres sous terre.

Pour la petite histoire, sachez que les Celtics ont remporté cette rencontre sur le score de 102-92, avec un Pierce à 37 points, dix rebonds et sept caviars. Boston a ensuite gagné la série en six matchs, avant de s’incliner au stade des demi-finales de la Conférence Est face aux New Jersey Nets de Jason Kidd, Kenyon Martin et Cie.


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