Gary Payton, un des seuls à avoir réussi à faire chier Michael Jordan : flashback sur les Finales 1996
Le 23 juil. 2018 à 22:21 par Nicolas Meichel
Quand on pense à Gary Payton, on pense évidemment à sa grande gueule et ses punchlines. C’est pour cela qu’on le kiffe autant chez TrashTalk. Mais Payton, c’était aussi meneur très complet et surtout un formidable chien de garde. On parle tout simplement de l’un des meilleurs défenseurs de l’histoire de la NBA. Même Michael Jordan s’est cassé les dents contre lui lors des Finales 1996…
Oui, l’immense Michael Jordan, celui qui est considéré par la majorité comme le plus grand joueur de basket de tous les temps, a galéré comme jamais face à Gary Payton. Rares sont ceux qui ont réussi à ralentir MJ durant leur carrière, mais GP fait partie de ce cercle très fermé. C’était donc il y a 22 ans, pendant les Finales NBA entre les Chicago Bulls et les Seattle SuperSonics. Au cours de cette série, Payton a montré au monde entier qu’il était possible de mettre en difficulté le légendaire numéro 23. Il a montré au monde entier que Jordan était humain. Et ça, c’est quand même la plus grande preuve de ses qualités défensives, même s’il y en a plein d’autres. En effet, en l’espace de 17 saisons NBA, Papa a raflé toutes les récompenses possibles en défense. Première équipe défensive de l’année ? Check, et à neuf reprises s’il vous plaît. Défenseur de l’année ? Bingo, à la fin de la saison 1995-1996. Meilleur intercepteur de la saison ? Yep yep, également en 1996. Bref, le palmarès de GP est long comme le bras. Son surnom “The Glove”, obtenu après avoir éteint l’excellent meneur des Suns Kevin Johnson lors des Finales de Conférence 1993, symbolisait d’ailleurs parfaitement sa capacité à tenir ses adversaires. Mais encore une fois, ce duel au sommet avec Michael Jordan, c’est un peu comme la validation ultime.
Pourtant, tout avait mal commencé pour Gary Payton et les SuperSonics. Durant les trois premiers matchs de la série, les Bulls et Jordan se baladent. Touché au mollet, GP ne défend pas sur MJ. En tant que meneur de jeu, il se concentre sur ses responsabilités offensives. Le coach de Seattle George Karl ne veut pas le cramer et souhaite éviter les problèmes de faute, mais le retour de flamme est terrible. Mike plante 28 points dans le Game 1, 29 dans le Game 2 puis 36 dans le Game 3. Dans le même temps, Gary est en galère. 3-0, merci, au revoir. La série semble d’ores et déjà terminée, et les balais sont de sortie du côté de Chicago. Pas si vite. Pour Payton, les choses ne peuvent pas se finir comme ça. Trop d’orgueil, trop de fierté. “The Glove” veut affronter Jordan en un-contre-un et met la pression sur son entraîneur, qui décide de le laisser défendre sur “His Airness”.
“Je suis allé à son bureau et je lui ai dit : ‘Ecoute, on n’a rien à perdre. Que tu me laisses défendre sur lui ou pas, je vais switcher sur chaque action et je ne vais pas le lâcher.’ Il m’a dit : ‘Fais ce que tu as à faire.'”
Gary Payton lors d’une interview pour le documentaire Sonicsgate.
A partir de ce moment-là, la série change de physionomie. Dès la quatrième rencontre, on voit la différence. Gary Payton fait tout pour embêter et frustrer Michael Jordan. Il le fait travailler, il joue physique, il est agressif, il passe devant lui pour lui empêcher de recevoir le ballon au poste, le tout avec la grande bouche qui le caractérise. Et ça paye. Malgré son déficit de taille, Papa parvient à sortir MJ de sa zone de confort. Dans le Game 4, Mike termine avec seulement 23 points au compteur, et un horrible 6/19 au shoot. Les SuperSonics remportent largement la partie et se relancent. On se dit alors que cette mauvaise performance de Jordan est probablement un accident, et on s’attend à une grosse réaction de sa part. Mais la tendance se confirme. Pour la première fois de sa carrière en Finales NBA, MJ enchaîne trois matchs à moins de 30 points. Il est limité à 26 unités dans le Game 5, qui est aussi remporté par Seattle, puis à 22 dans le Game 6 (son plus petit total en 35 matchs de Finales), avec encore une fois un pourcentage au tir dégueulasse (5/19). Sur les trois dernières rencontres de la série, les statistiques de Jordan sont loin, mais alors très loin, de ses standards habituels. A peine 23,6 points de moyenne et 36,6 % de réussite. Pas fameux tout ça. Ces chiffres montrent le superbe boulot défensif réalisé par Gary Payton, mais aussi par l’ensemble de l’équipe sur le plan collectif. En fin de compte, cela s’avère insuffisant puisque les Bulls remportent le sixième match devant leur public, et Michael Jordan termine avec le trophée de MVP des Finales entre les mains. Mais à travers cette série, Gary Payton a fait honneur à son statut de joueur défensif de l’année. Mieux encore, il a prouvé qu’il avait sa place parmi les meilleurs chiens de garde de l’histoire de la ligue.
On se demandera toujours quelle aurait été l’issue de cette série si Gary Payton avait défendu sur Michael Jordan dès le premier match. Malheureusement, on n’aura jamais la réponse mais ce qui est sûr, c’est que Papa a réussi à faire chier MJ pendant une bonne partie des Finales NBA 1996. Il n’était pas surnommé “The Glove” par hasard.