Désormais, les carrières de Luka Doncic et de Trae Young seront toujours liées : au futur de parler
Le 23 juin 2018 à 07:28 par Bastien Fontanieu
C’est le transfert qui a le plus fait parler de monde sur la Draft 2018, et celui qui devrait aussi bien suivre les Mavs que les Hawks à l’avenir : Luka Doncic et Trae Young, des carrières qui seront forcément liées pendant des années, d’une manière ou d’une autre.
La magie de la Draft, voilà pourquoi on utilise cette expression. Non pas pour définir la sorcellerie un peu alcoolisée de certains (what’s up Vlade ?), mais plutôt pour rappeler à quel point ce système peut créer des scripts venus de nulle part. Ce jeudi soir, alors qu’Atlanta et Dallas n’avaient pour point commun qu’une certaine adoration pour les joueurs allemands et les saucisses de Francfort au réveil, les deux franchises se sont lancées dans une petite aventure en commun, un sub-scénario main dans la main si vous voulez, qui fascinera les fans des deux cités pendant des années à venir. Et cela se lance ainsi. Comment peut-on laisser passer le prospect européen le plus adoubé de l’histoire ? Cette seule question, terrifiante chez certains habitants de Géorgie, suffit pour créer une base suffisamment épique dans le futur. On ne parle pas de Jean-Michel qui vient de taper une bête de saison en D2 slovaque et a vu de la lumière à la Draft, on parle de Monsieur Luka Doncic. Un garçon qui, au-delà de s’appeler Wonder Boy, a gagné tout ce qu’il était possible de gagner en Europe… à seulement 19 ans. Même Napoléon n’a pas fait autant avant la vingtaine, c’est dire. Et rien qu’avec ça, rien qu’en utilisant cette réalité palpable et actée, le choix réalisé par les Hawks peut représenter une des plus grandes erreurs de l’histoire de la franchise. Une des plus grandes erreurs de l’histoire de la Draft, même, à en croire le potentiel du génie slovène. Ou un des plus grands coups de maître, aussi. Et on n’est qu’à la première couche de cette opposition.
Car il y en aura bien d’autres, qui suivront dans la foulée. En terme de playmaking, par exemple, les deux phénomènes sont souvent comparés et pour une raison assez simple : Doncic et Young sont les deux meilleurs passeurs de cette Draft, des playmakers comme on en voit rarement. Dès octobre prochain, ce n’est pas en tant que meilleur distributeur de leur équipe qu’ils vont débarquer, c’est en tant que potentiels meilleurs distributeurs de la Ligue. Entière. Leur vista et leur envie naturelle de vouloir mettre leurs coéquipiers dans de bonnes positions créera une bataille du caviar dont on se régalera entre deux ou trois contre-attaques. Les postes et les dimensions ne sont peut-être pas les mêmes, mais la capacité à créer des deux mains et quel que soit le rythme sépare le duo du lot. Il y a de la magie dans ce que font Luka et Trae balle en main. Comme s’ils avaient été dans la même école de sorciers, probablement copains de la même classe sans le savoir, et qu’ils allaient aujourd’hui se retrouver en duel avec d’immenses attentes sur leurs épaules. Et c’est ça aussi, dans le style de jeu, qui pourrait lier les deux playmakers à l’avenir. Hawks et Mavs se seraient battus sur deux énormes talents aux jeux différents, on aurait pu les laisser de côté. Il suffit de voir l’opposition Wiggins-Embiid d’il y a quelques années à l’aube de leur Draft pour s’en rendre compte aujourd’hui. Sauf que non. Il aura fallu que le transfert le plus discuté de cette Draft 2018 et potentiellement des années à venir soit celui qui unisse deux joueurs à la distribution remarquable.
Mais ce qu’il y a probablement de plus fascinant dans cette dualité, une qui démarre sur des bases très saines entre les deux hommes et n’offrira malheureusement que deux matchs par an pour le moment à cause des conférences opposées, c’est la situation dans laquelle Atlanta et Dallas se situent aujourd’hui. On serait à un carrefour typique de leur histoire, avec deux-trois mauvaises saisons de suite et l’envie de choisir un immense talent, cela passerait inaperçu. Mais ce n’est pas le cas, loin de là. Les Mavs vont voir partir le meilleur joueur de leur histoire, le meilleur joueur international de l’histoire, et peuvent donner les clés de la franchise dans les mains d’un petit génie venu d’Europe. La fresque, sans avoir même joué la moindre minute ou pris une photo ensemble, est incroyable. L’image est saisissante, c’est limite “trop beau” pour être vrai dans un sens. Mais cette image est avant tout autorisée par ce transfert, par le culot d’une franchise d’Atlanta qui, de son côté, croit en un plan dément. En un GM qui croyait en ses Splash Brothers de Californie. En une équipe, dans une ville gigantesque, qui n’a pas connu de star depuis Dominique Wilkins. Et qui n’attire personne, sauf quand les ex-managers ou proprios se retrouvent dans des affaires de propos racistes. Les Hawks, punchline de toute la NBA pour le silence de sa Philips Arena depuis des années, décident de laisser passer le pick le plus sage pour tenter le coup du siècle…? On parle littéralement d’un home run, c’est soit tout, soit rien. Et ce sera bien ça, soit tout, soit rien. On pourra dire qu’Atlanta aura laissé passer un phénomène, pour un meneur trop petit et inefficace. Ou alors on pourra dire que c’était culotté mais payant, avec une page unique créée dans une ville en manque d’amour pour le basket.
“Les Hawks ont osé transférer Luka Doncic“, voici la base du scénario qui unit Atlanta et Dallas aujourd’hui, et qui pourrait les suivre pendant des années. Avec un pick de Draft (protégé 1-5) envoyé par les Mavs en 2019, on connaît déjà le script du Chapitre 1. Les autres ? Ils viendront sans aucun doute, avec un oeil gardé sur ce 21 juin 2018. Ce jour où une franchise, en choisissant Trae Young, a réalisé le pire choix… ou le meilleur de son histoire.