La première loterie de Draft en 1985 : l’un des plus gros scandales de l’histoire NBA ?
Le 12 mai 2018 à 17:27 par Hugo Leroi
A l’approche de la loterie de la draft cuvée 2018 où les rois du tanking se disputeront le first pick pour avoir une chance de s’offrir Deandre Ayton ou Luka Doncic, c’est l’occasion parfaite pour nous remémorer ce merveilleux moment de justice (spoiler : sarcasme) que fut la première loterie de Draft en 1985. David Stern en parrain de mafia, et les New-York Knicks en malfrats.
On en a eu, des scandales et des conspirations sous l’ère David Stern : des accusations liées à des affaires de matchs truqués par l’arbitre Tim Donaghy, des rumeurs selon lesquelles la première retraite de Michael Jordan serait en vérité une suspension cachée, le transfert de Chris Paul aux Lakers avorté… Et ce fameux soir de 12 Mai 1985, où la loterie de la draft a donné le premier choix aux New-York Knicks, qui sélectionneront dans la foulée Patrick Ewing, un des (si ce n’est le) meilleurs joueurs de l’histoire de la franchise. La Ligue a toujours nié son rôle dans la “chance” qu’ont eu les Knicks de récupérer le premier choix, mais la réalité est bien loin de ce que l’on veut bien nous laisser croire. Comment un tel complot a-t-il pu être mis en place ? Si complot il y a eu bien sûr…
Replaçons le contexte : en 1985, David Stern, le commissioner de la NBA à l’époque, décide d’instaurer une part de hasard dans l’attribution des plus hauts picks de Draft destinés au plus mauvaises équipes de la Ligue. Jusque là joué à pile ou face par les deux teams aux bilans les plus faibles, le premier choix est maintenant tiré au sort entre les septs équipes les plus basses au classement de l’année passée, avec une obligation d’avoir au moins le quatrième pick pour l’équipe au plus mauvais bilan de la Ligue (ici les Pacers d’Indiana). Des enveloppes contenant le nom des franchises, une roulotte, ça tourne, on en choisit une, on ouvre et bingo. 7 enveloppes ont donc été glissées dans la roulotte le soir de la loterie 85, dont celle des Knicks, auteurs d’une saison à 24 victoires et 58 défaites. Jack Joyce, le directeur de la sécurité de la NBA, tourne la boule de verre dans laquelle se trouvent les papiers, sous le regard de David Stern, toujours collé à son pupitre. Le petit tour de manège finit, David s’approche, et pioche parmi les enveloppes pour ensuite les poser sous les numéros de pick de Draft avant de commencer à les ouvrir, en partant du choix 7. Quand on arrive au pick n°2, il ne reste plus que les Pacers et les Knicks. Dave DeBusschere prie tous les dieux qu’il connaît pour voir le nom Pacers sortir de l’enveloppe. Et c’est le cas, ce qui laisse donc le premier choix à new York. Debusschere exulte, sachant que l’avenir de sa franchise serait pour le moins assuré, avec Patrick Ewing dans la peinture.
En effet, après 4 ans à Georgetown, 15,2 points, 3,4 blocks, 9 rebonds de moyenne et des dizaines d’arceaux de NCAA martyrisés plus tard, difficile de ne pas baver devant le grand Pat’, et de ne pas espérer le coller aux cotés de Bernard King, alors ailier des Knicks à 32 points de moyenne. Cette ambition aurait même poussé la franchise de la Grosse Pomme ainsi que David Stern à comploter pour que l’enveloppe des Knicks soit sûre d’être tirée en tant que premier choix de la draft. Des témoignages et dénonciations font état d’une enveloppe réfrigérée facile à repérer, avec en plus un coin plié. C’est sûrement par ce biais que la tricherie (éventuelle hein) a pris forme. Mais quel intérêt avait la Ligue dans le fait de donner le premier pick de la draft 1985 aux Knicks sur un plateau ?
Les intérêts de New-York dans cette affaire, on les connait : un pivot déjà dominant, le retour de la hype, la chance de redevenir une équipe sérieuse et de revoir les Playoffs rapidement après une année de disette. On va pas vous faire un dessin, Patrick Ewing représentait déjà une raison valable de vendre son âme au diable. La NBA, elle, avait d’autres projets, dans le cadre de ce scandale, notamment financiers. New-York est un gros marché. On le voit encore aujourd’hui : chaque joueur qui foule le parquet du Madison Square Garden, qu’il soit en tunique blanche/orange/bleue ou en face, est scruté par tous les observateurs de basket à travers les quatre coins des States. Liberty City représente donc un point d’attraction phare pour tous les fans de basket. Un truc que David Stern savait, et qui dit attraction dit intérêt, qui lui-même dit profit. La monnaie, voilà ce qui a motivé la NBA à mettre en place cette mascarade. Les ventes de maillots, la hype, le retour de la Mecque du basket au plus haut niveau. Autant de motivations qui ont sans aucun doute poussé Sternou à signer un pacte avec Lucifer. Récemment, les mêmes suspicions sont apparues, concernant Cleveland et la chance folle que la franchise a eu d’obtenir les first picks deux années de suite, en 2013 et 2014, avec respectivement 15 et 2% de chances d’être choisi en premier. D’aucuns diraient que c’était pour forcer le retour du King dans l’Ohio, et ainsi relancer la machine communicationnelle… Alors pourquoi pas un bon petit complot pour aider le business ?
Le règlement de la Lottery a évolué au fil des années, pour que de telles actions ne puissent plus être commises (ou du moins soupçonnées…). Les enveloppes en papier ont laissé la place aux boules de plastique, le hasard prend de plus en plus de place dans le tirage pour éviter le tanking, ce qui n’empêche malheureusement pas certaines franchises d’en être friantes. En attendant les grandes théories et les interrogations seront toujours là quand on parlera de l’ère David Stern, et du fameux soir de 12 Mai 1985.