Scottie Pippen refuse de parler de dynastie pour les Warriors : le 73-9 n’est toujours pas passé…
Le 02 mai 2018 à 16:23 par Hugo Leroi
Des équipes qui ont roulé sur la Ligue pendant de très longues années au point de parler de véritable dynastie, il n’y en a pas eu beaucoup. Scottie Pippen a bien connu l’une d’elles, et pas n’importe laquelle : les Bulls des années 90. Pour lui, on ne peut pas (encore) ranger les Warriors dans cette catégorie, notamment après l’arrivée de Kevin Durant et la finale perdue en 2016.
Avant de pouvoir dire si les propos qui suivront sont sensés ou non, il est important de définir ce qu’est une dynastie en NBA, et de donner quelques exemples d’équipes répondant à ces critères. Si on vous dit les Celtics des années 50 et 60 avec 11 titres en 13 ans pour Bill Russell et ses potes, ça vous parle ? Ou les Lakers de Magic Johnson et Kareem Abdul Jabbar qui se partageaient les bagouzes avec les Celtes de Larry Bird et Kevin McHale dans les années 80, toujours pas ? Les Bulls des années 90, Jordan, Pippen, Rodman, six titres en dix ans, on doit continuer ? Les Spurs de la triplette Duncan, Parker, Ginobili dans les années 2000, 5=cinq titres en 15 ans, et un record de saisons consécutives à plus de 50 victoires ? Vous voyez sûrement le point commun, toutes ces teams ont dominé la NBA sur de très longues périodes en gagnant à chaque fois plusieurs titres sur une période relativement “courte”, souvent entre 10 et 15 ans. La durée de la période lors de laquelle la franchise a cartonné est aussi importante. Par exemple, on ne parlera pas de dynastie pour les Bad Boys de Detroit, ou pour les Rockets d’Olajuwon (qui ont gagné deux titres d’affilée chacun), ou encore pour les Lakers de Shaq et Kobe, car leurs périodes de succès ne sont pas assez étendues, ou dans le cas des derniers cités, ils n’ont pas passé assez de temps ensemble. Ce dernier paramètre est également important : la continuité du roster, avoir le même schéma d’équipe, bosser avec les mêmes têtes fortes durant la période de cette dynastie. Ainsi, les Celtics des années 80 s’axaient sur Larry Bird, Kevin McHale et Robert Parrish, les Lakers de cette même décennie bossaient avec Magic, Jabbar, James Worthy, les Bulls des 90’s avec Jordan et Pippen. Si la pierre angulaire de l’effectif est complètement modifiée, on ne peut parler de dynastie, c’est le cas des Lakers des années 2000.
Avec un bilan de deux titres depuis 2015, les Warriors pourraient prétendre à entrer dans ce cercle très fermé des dynasties au sein de la NBA, tant ils donnent une impression de puissance capable de durer, avec les mêmes tauliers (à un ou deux ajustements prêts…) et le même coach à la baguette, Steve Kerr. Mais s’il y en a un, parmi tant d’autres, qui ne semble pas reconnaître la montée en puissance des gars de la baie, c’est bien Scottie Pippen, l’ex-lieutenant de Michael Jordan lors de leurs six titres gagnés ensemble :
“Vous dites qu’ils sont en passe de mettre en place une dynastie, mais je ne vois pas les choses de cette façon. Ils ont fait signer probablement le meilleur joueur de la Ligue après avoir gagné leur premier titre. Je ne considère pas cela comme une dynastie. Ils ont ramené le meilleur joueur de la NBA après avoir gagné leur premier titre et après avoir perdu les Finales en étant tenants du titre. Je ne vois pas en quoi ils constituent une dynastie. Je pense que faire signer Kevin Durant a véritablement changé mon respect envers eux et où je les place en terme de dynastie. Même l’année où ils ont gagné 73 matchs, ils ont perdu le titre. Je ne peux donc pas considérer cela comme une dynastie.”
On peut remarquer beaucoup de choses dans la petite sortie de Pip dans Dime Magazine. La première, c’est qu’il n’aime toujours pas LeBron James, et qu’il n’accepte pas d’admettre qu’ils est le meilleur joueur de la Ligue. La seconde, c’est qu’il n’a pas forcément tort sur le fait que les Warriors ne constituent pas encore une dynastie, à l’heure actuelle. Gagner deux titres en trois Finales, ça peut aider à les ranger avec les Pistons d’Isiah Thomas ou les Heatles. Mais une dynastie, par définition, doit s’inscrire dans le temps, et pas sur trois ans. On ne peut en revanche pas affirmer que la venue de Kevin Durant puisse être relevé comme facteur jouant contre eux, dans la mesure où toutes les équipes ayant constitué une dynastie ont dû se renforcer à un moment donné, comme les Bulls des années 90 en faisant signer Rodman. Peut-être que Karl Malone aurait deux bagues et Pippen quatre, si Dennis n’avait pas rejoint les taureaux en 1995 et cadenassé le Mailman par la suite, t’y as pensé à ça mon bon Scott ? Un autre problème pour le numéro 33 de Chicago est la saison record de 73-9 en 2015-16 de Golden State conclue par une défaite en Finales contre les Cavs. Il est vrai que c’est rageant de ne pas convertir cette saison historique en titre NBA, mais les défaites peuvent forger de plus belles victoires, sur de plus longues durées. Pippen ne doit pas se souvenir des éliminations des Bulls en Playoffs contre les Bad Boys de Detroit. Jordan le disait lui-même, s’ils n’avaient pas joué et perdu contre ces gars-là, ils n’auraient jamais gagné six titres.
Les propos de Scottie sont donc sensés d’un certain point de vue, mais inexacts d’un autre. Car même si les Warriors ont certes perdu une finale et engagé Durant dans la foulée, ils ont conservé Curry, Thompson et Green, et semblent prêts à aller chercher plusieurs titres dans les années à venir. Alors laissons du temps aux Warriors de gagner, de perdre, mais il est trop tôt pour juger le statut de ces guerriers dans l’histoire de la NBA.
Source texte : Dime Magazine