Souvenirs de Draft avec Alpha Kaba, 60ème choix en 2017 : “La joie est encore plus grande”
Le 23 avr. 2018 à 13:16 par Benoît Carlier
Invités surprise du dernier match de l’ASVEL contre les Metropolitans mardi dernier, nous en avons aussi profité pour poser nos questions à Alpha Kaba, l’intérieur villeurbannais drafté en 60ème position de la dernière Draft par les Hawks. A 22 ans, le Franco-Guinéen a déjà du bon matos pour espérer se faire une place dans le roster d’Atlanta avec en prime le blase le plus stylé de la Ligue.
Issu de la formation paloise comme bon nombre de grands joueurs tricolores, c’est en Serbie qu’Alpha Kaba est allé se faire un nom. Optant pour le club de Mega Leks où il côtoie notamment Timothé Luwawu-Cabarrot lors de la campagne 2015-16, il attire le regard des scouts NBA ce qui lui vaut de se faire drafter par les Hawks l’année suivante. Aujourd’hui à Villeurbanne pour un contrat de trois ans, il continue de se développer en Europe avant de faire le grand saut.
TrashTalk : Tout d’abord, comment ça va au niveau de la santé ? Est-ce que ton genou va mieux ?
Alpha Kaba : Ça fait environ deux semaines que je suis blessé mais je me sens déjà mieux. C’est une blessure au tendon qui me faisait mal au début. Maintenant la douleur est passée mais la blessure est toujours là donc j’ai un protocole à suivre. La date de retour n’est pas encore précise. La durée de mon indisponibilité était plus ou moins établie à huit semaines mais ça dépendra de ma forme physique et du protocole de rééducation.
TT : Ça pourrait coïncider avec les Playoffs ?
AK : C’est ça. Si j’ai de la chance et que tout se passe bien, peut-être que je serai opérationnel pour la fin des Playoffs si on va assez loin.
TT : Comment s’est passée ta première saison avec l’ASVEL jusqu’à présent ?
AK : Ma première saison s’est plutôt bien passée, j’ai progressé tout au long de l’année. C’est plutôt satisfaisant. Je trouve juste personnellement que j’ai mis du temps à intégrer le cinq et à gagner du temps de jeu mais généralement je suis plutôt satisfait. C’est embêtant par rapport à ma blessure mais ce sont des choses qui arrivent.
TT : Est-ce que tu as vu des différences à l’arrivée de T.J. Parker sur le banc en cours d’année ?
AK : Oui, forcément il y a eu des différences de coaching mais avec l’objectif est resté le même. Les deux coachs m’ont parlé. A leurs yeux je devais prendre ma place et ils étaient satisfaits de ce que j’ai fait tout au long de l’année et ils m’ont dit que j’aurais ma place dans le cinq si je continuais comme ça. C’est ce que T.J. a fait avec moi quand il est arrivé à la tête de l’équipe. Mais les deux façons de coacher me conviennent et je n’ai pas vraiment de préférence entre les deux.
TT : Tu es passé par le pôle espoir de Pau, est-ce que les exploits de tes prédécesseurs te mettent une pression supplémentaire ou c’est plus une source de motivation pour toi ?
AK : Une pression non, mais c’est sûr que c’est une motivation. En tant que basketteur on trouve notre motivation chez les joueurs qui ont réussi et on essaye de se rapprocher le plus des joueurs qui ont eu le même parcours. C’est un exemple et c’est quelque chose qui nous motive forcément mais ça ne rajoute pas de pression. Je ne suis pas le genre de gars à subir de pression, je suis vraiment toujours dans la motivation et l’excitation.
TT : Passons dans le vif du sujet, est-ce que tu es un trashtalker dans l’âme ? Est-ce que tu aimes parler sur le terrain ?
AK : Généralement non mais il peut m’arriver d’avoir cette envie selon le joueur contre lequel je joue ou selon la performance mais généralement je suis plutôt calme.
TT : Et dans ton équipe, quel joueur est le roi du trashtalking ?
AK : Sans hésitation c’est Amine Noua. Tout le monde lui dit qu’il aime beaucoup parler sur le terrain après je pense que c’est une façon pour lui de rentrer dans le game et de se motiver. Mais c’est vrai qu’il a l’habitude de beaucoup parler.
TT : Tu as été drafté par les Hawks l’année dernière au deuxième tour, comment tu as vécu ce moment et où étais-tu quand tu as appris la nouvelle ?
AK : Quand j’ai appris a nouvelle j’étais vraiment excité, surtout que c’est la dernière place [il a été drafté en 60ème position, ndlr] donc il y avait encore plus de pression. Au final, la joie est encore plus grande je pense. C’était du stress et de l’excitation. A la base, le jour de la Draft je rentrais en avion avec mon autre coéquipier, Jaramaz Ognjen qui a été drafté aussi. On est rentré dans l’avion et le premier tour se déroulait pendant le vol. On est arrivé à Belgrade à la fin des 30 et on a pris nos bagages pour vite rentrer chez nous pour voir la fin de la Draft. On arrive et là je vois que Vlatko Cancar, un autre coéquipier, est déjà passé. Et après, je vois les picks passer petit à petit. Je vois Jaramaz, c’est un truc de fou. Et après je commence à ressentir plus de pression parce que je vois que le 59 c’est pas moi. Et là, mon agent m’appelle juste avant le dernier choix et me dit ‘Ouais, c’est bon, on a le choix’. Mais je ne voulais pas m’emballer encore, je me suis dit on ne sait jamais, je préfère attendre mon nom. Et puis à la fin c’était que de la joie quand j’ai entendu mon nom.
TT : Avec le petit spoil pour te rassurer du coup juste avant l’annonce.
AK : Exactement, avec le spoil mais en restant sous contrôle pour pas être déçu s’il y avait un truc, on sait jamais. Mais c’est vraiment incroyable. Et puis quelques jours après j’ai dû partir à Atlanta.
TT : Donc tu as passé l’été à Atlanta ?
AK : Je suis rentré d’Atlanta le jour de la Draft et juste après l’annonce ils me disent que je dois revenir deux jours après. Je suis parti aux alentours du 25 juin et j’ai fait toute la préparation avec l’équipe de la Summer League. On s’est entraîné puis on a enchaîné avec la Summer League donc j’ai passé plus ou moins toutes les vacances là-bas.
TT : Le programme cet été c’est d’y retourner ?
AK : L’objectif c’est ça. C’est de normalement y aller pour faire la Summer League et comme j’ai dit par rapport à la saison, on verra en fonction de ma forme physique. Donc ce sera le même programme. L’objectif à la base c’est de refaire la Summer League.
TT : On a appris mardi soir qu’Amine Noua allait se présenter à la Draft cette année, quels conseils peux-tu lui donner ?
AK : J’étais vraiment content quand j’ai appris ça. C’est quelque chose qu’il m’avait dit un petit peu avant mais quand ça a été officiel j’étais content pour lui. Pour les conseils, je lui ai dit de toute façon. On s’est parlé, il m’a demandé des infos. Il faut se préparer mentalement et physiquement, surtout physiquement parce qu’il faut être en bonne condition pour faire les workouts. Ce sont vraiment des entraînements intenses. Je lui ai dit de s’entraîner à 200% avec l’ASVEL même si ce sont des entraînements plus ou moins light pour se mettre en condition de fatigue et être prêt le jour des workouts parce que c’est vraiment quelque chose d’intense. Après c’est aussi du mental et des compétences mais les compétences il les a donc il reste plus que le mental et la forme physique.
TT : Combien de workouts tu avais passé l’été dernier par exemple ?
AK : L’année dernière, c’est l’année où j’en avais fait le plus. Il me semble que j’en ai fait sept ou huit. J’avais fait Atlanta déjà, Boston, Philadelphie, Washington, Houston et Milwaukee.
TT : En fait tu enchaînes et tu passes ton temps entre les workouts et l’avion ?
AK : Oui, c’est aussi ça qui fait que t’es aussi fatigué. Quand tu finis un workout qui est déjà épuisant en lui-même, tu voles directement. Voyager ce n’est pas le meilleur moyen de se reposer et ça ne fait que s’enchaîner. Tu voyages, après tu arrives à l’hôtel, il faut que tu manges, que tu dormes et que tu te réveilles tôt le lendemain. Généralement t’enchaînes donc c’est vraiment dur.
TT : As-tu suivi la saison des Hawks et de la NBA en général ?
AK : La NBA c’est quelque chose que je suis même si c’est difficile de regarder les matchs pendant la saison vu que c’est tard. Les Hawks aussi forcément j’y ai porté un peu plus d’attention cette saison. Les résultats ont été compliqués pour eux, c’était pas vraiment leur saison on va dire. Mais c’est une franchise jeune et c’est une équipe en construction.
TT : Tu as déjà une petite idée du meilleur profil de joueur à drafter ? Peut-être même que tu as un nom de prospect à nous donner qui pourrait fit là-bas ?
AK : Je vois circuler pas mal de news sur internet, on entend beaucoup le nom de Luka Doncic qui pourrait être drafté par les Hawks. C’est beaucoup de rumeurs mais ça fait au moins des idées. On aime bien se lancer dans idées qu’elles soient vraies ou fausses, juste histoire de lancer certains sujets. Après je ne vois pas vraiment qui ils pourraient drafter cette année.
TT : On termine avec un petit prono, qui vois-tu gagner les Playoffs cette année ?
AK : Cette année il y aura beaucoup de surprises, il y a beaucoup d’équipes qui sortent du lot. Après il y a toujours une petite tendance pour les Cavs parce que ça reste les Cavs. On connait LeBron James, etc. Il y a aussi Houston qui est pas mal cette année. […] Les Cavs ont perdu le premier match contre les Pacers mais on les connait, c’est ce genre d’équipe qui peut remonter et faire quelque chose d’incroyable c’est pour ça que je reste un peu douteux. Mais sur ces Playoffs je sais pas du tout, je ne pourrais pas donner de gagnant.
Auteur de 5,7 points et 5,7 rebonds de moyenne en Jeep Elite cette saison, Alpha Kaba continue son apprentissage avant de passer un nouvel été chargé du côté des US. Après la saison des Hawks, des places sont à prendre dans le roster d’Atlanta et on le retrouvera peut-être aux côtés de Luka Doncic en Géorgie dans quelques années. En attendant, on lui souhaite une bonne rééducation et une belle fin de saison avec l’ASVEL.
Merci à Bastien Giffon de l’ASVEL et à Alpha Kaba pour sa disponibilité malgré sa blessure.