Le dernier jour où Brandon Roy fut B-Roy : comeback incroyable, émotion inoubliable
Le 23 avr. 2018 à 21:03 par Alexandre Martin
23 avril 2011. Rose Garden, Portland. Premier tour des Playoffs entre Mavericks et Blazers, Game 4. Ce match fait partie des incontournables de l’histoire NBA, des moments qui marquent les fans, les observateurs, les joueurs qui étaient sur le parquet. Il symbolise à lui seul le talent immense de Brandon Roy tout autant que la tristesse infinie qui a entouré sa (beaucoup) trop courte carrière. Ce match raconte tellement de choses qu’on pourrait en faire un film ou un bouquin, ou les deux. Ce match est un nid à émotions comme seul le sport, et notamment la NBA, peut en procurer.
Il reste un peu moins de 40 secondes à jouer dans le troisième quart, Dallas – qui mène 2-1 dans la série – a quasiment match gagné avec 23 points d’avance. Sauf qu’en face, il y a un Monsieur qui ne voit pas du tout les choses ainsi. Monsieur Brandon Roy. Sur cette fin de rencontre, il ne va pas seulement se comporter comme le ROY qu’il fut en 2007, mais bel et bien comme un ROI. Un roi blessé, un roi usé par des genoux incurables qui va passer outre la douleur physique et mentale pour envoyer une performance à la hauteur de son talent, une performance extraordinaire. Dans tous les sens du terme…
Nate McMillan – alors coach des Blazers – n’a pas eu le choix sur cet exercice 2010-11. Il a dû limiter grandement le temps de jeu de B-Roy. L’arrière n’est plus titulaire. Il arrive en Playoffs en ayant disputé que 47 matchs dont seulement 23 dans le cinq majeur pour un temps de jeu moyen et des stats presque divisés par deux par rapport aux trois saison précédentes. Pourtant, Roy est sur le terrain pour finir ce troisième quart-temps. c’est d’ailleurs lui qui remonte cette balle et sert LaMarcus Aldridge bien placé sous le cercle. Deux points faciles pour lui mais les Blazers sont donc encore très loin du compte avec 21 points de retard. Les Mavericks font tourner le chrono. Stojakovic rate son tir, Aldridge glane le rebond et Portland repart à l’attaque avec 8 secondes sur l’horloge. C’est l’ami Brandon qui monte la balle. Il ne va pas la passer à personne cette fois-ci. Il va fixer ce même Stojakovic d’un petit dribble vers sa gauche et prendre un trois-points sans hésitation. La gonfle va prendre son temps, tourner autour du cercle avant de finir par glisser entre les filets. 67-49 pour les Mavs. Il y a moins 18 mais le Rose Garden y croit. Des bras et des poings se lèvent de toute part dans cette enceinte parmi les plus chaudes de la Ligue. Et si ce match n’était pas du tout fini ?
En tout cas, McMillan a senti qu’il se passait quelque chose. Quand les deux équipes reviennent sur les planches pour le quatrième quart, Roy est bien là et prêt à en découdre. Le numéro 7 jouera d’ailleurs les 12 minutes de cette dernière période. Il faut dire qu’il va y être étincelant. Au mépris de sa santé et à force de volonté, de courage et de talent, il va tout faire aux Mavericks afin d’aider les siens à revenir dans le match. Et ce quels que soient les défenseurs qui lui seront assignés. Pénétrations chaloupées dont il a le secret avec des finitions toutes en fluidité et en toucher, jeu au poste sur les opposants plus petits et moins puissants (hello Jason Terry voire Jason Kidd). Plusieurs très bons services pour le jeune Nico Batum ou pour Aldridge, une exploitation impeccable de certains switch défensifs pour se créer des tirs “faciles” (coucou Dirk), des tirs d’une incroyable difficulté comme de step-back en sortie de dribble avec un Shawn Marion dans le short, tir qui permet aux Blazers de n’être plus qu’à 7 points (77-70) à 4 minutes de la fin. A cet instant, les fans massés dans le Rose Garden commencent à envoyer le genre de rugissement que l’on doit pouvoir entendre jusqu’à Miami. Roy est partout. Il tient le jeu, il tire les siens vers le haut. Il ne veut pas perdre. Sur le dernier quart, il va poser 18 points en tout, à 8/9 au tir dont ce shoot lointain avec la faute qui permettra aux Blazers d’égaliser à 82-82 avec à peine plus d’une minute à jouer. Là, c’est le toit du Rose Garden qui a sauté tant la communion entre la star et son public est forte !
Et puis, il y a cette action pour la gagne… Ce shoot en déséquilibre après avoir stoppé net sa course et malgré un Shawn Marion très pressant et tout juste battu. Ce shoot qui ne donne pas l’impression d’avoir la bonne trajectoire mais qui va finir tranquillement sa course dans le cercle après avoir rebondi sur le plexi. Ce shoot qui va faire se lever comme un seul homme tout l’Oregon et tous les fans devant leur écrans cette nuit-là. Car dans le sillage de leur Roi et poussés par un public totalement en feu, les Blazers viennent de passer un 35-15 aux Mavs. 84-82. Il n’y aura pas d’autre panier marqué dans les 35 dernières secondes et Portland égalisera donc à 2 partout dans la série. Mais si ce résultat et ce comeback sont magnifiques, l’émotion est ailleurs à ce moment-là. Elle est dans la communion entre Brandon Roy et son public. Elle est dans cette image de lui, en larmes, et tombant dans les bras de ces jeunes coéquipiers Nicolas Batum et Patty Mills, vite rejoints par Marcus Camby, LaMarcus Aldridge ou encore Wes Matthews et Gerald Wallace.
Ce soir-là, tous ces gars avaient un roi et il s’appelait Brandon. Brandon Roy, ce joueur que l’on mettait dans la même catégorie que Kobe Bryant ou Dwyane quand il fallait classer les arrières vers la fin des années 2000. Ce joueur qui ne rejouera que deux matchs ensuite sous le maillot des Blazers puisque les Mavs gagneront les deux rencontres suivantes pour remporter la série avant de rouler vers le titre. Mais peut importe. Car même si nous aurions bien évidemment préféré voir B-Roy tout exploser sur les parquets bien plus longtemps, il nous a laissé ce qui est probablement le plus important : un souvenir et des émotions inoubliables.
Inoubliable Brandon Roy