David Robinson encense Tim Duncan : “Tim est probablement la meilleure chose qui me soit arrivée”

Le 24 mars 2018 à 09:46 par Aymeric Saint-Leger

Source image : ESPN

San Antonio, c’est comme une famille soudée, qui se serre les coudes quoi qu’il arrive. C’est le cas lors de la saison actuelle, alors que le franchise player des Spurs, Kawhi Leonard, n’arrive pas à se débarrasser d’une blessure depuis plusieurs mois. Cependant, cette mentalité n’a pas attendu les années 2010 pour naître. Dès les années 90, l’esprit de franche camaraderie, et la présence de stars, comme David Robinson et Tim Duncan, mettant le collectif avant l’individu ont réussi à forger l’identité des Texans, qui perdure encore aujourd’hui.

Dans les années 70 et 80, malgré leurs aptitudes incroyables, les George Gervin ou Artis Gilmore n’ont pas réussi à emmener les Spurs plus loin qu’une Finale de Conférence. L’arrivée de David Robinson lors de l’été 1989 va confirmer cette tendance : les Texans se qualifient tous les ans (ou presque) pour la postseason, mais on sent que leurs chances d’obtenir un titre NBA sont infimes. Au bout de sept ans successifs à aller disputer les joutes printanières sans succès, les hommes de Larry Brown (leur coach à cette époque) galvaudent la saison 1996-97. 20 victoires pour 62 défaites, soit un bilan bien pourri qui ne leur permet évidemment pas de continuer de jouer après la phase régulière. Lors de l’été suivant, ils ont la chance d’obtenir le premier choix de Draft. Ce dernier se transforme en Tim Duncan, l’ailier fort en provenance de la fac de Wake Forest. Le natif des Iles Vierges fait un tabac dès sa saison rookie, avec 21,1 points, 11,9 rebonds et 2,5 contres par match. C’est à ce moment là que naît le duo des “Twin Towers”. L’Amiral, déjà présent dans la Ligue depuis huit ans lors de l’arrivée de Timmy, va s’associer à The Big Fundamental pour former un des frontcourts les plus craints de toute l’histoire de la NBA. C’est bien simple, leur association a lancé les bases de ce que représente la franchise d’Alamo City aujourd’hui : vingt qualifications en Playoffs de suite depuis la saison rookie de Tim Duncan, personne ne fait mieux actuellement tous sports US confondus, pas même les Patriots. Alors que les Spurs de 2017-18, dans une saison galère, s’accrochent comme des forcenés pour poursuivre cette série, derrière un LaMarcus Aldridge incroyable, l’Amiral revient lui sur le passage du duo d’intérieurs qu’il a formé avec Duncan durant six saisons. De 1997 à 2003, la raquette titulaire des Spurs n’est pas descendue au dessous de 2 mètres 10 (2m11 pour Timmy, 2m16 pour Robinson). Cette paire monstrueuse a permis à San Antonio de gagner ses deux premiers titres NBA, en 1999 et en 2003, l’année du dernier tour de piste de D-Rob. Ce dernier a d’ailleurs rendu hommage à son ancien taiseux de coéquipier, dans une interview qu’il a accordé à Alex Kennedy de HoopsHype :

Alex Kennedy : “Je voulais vous parler du moment où les Spurs ont drafté Tim Duncan en première position de la Draft 1997. Vous étiez un vétéran avec huit années d’expérience dans la Ligue, et vous l’avez accueilli à bras ouverts. Certains joueurs auraient pu se sentir menacés par cette nouvelle superstar, s’inquiétant de leur remplacement par ce dernier, ou de son effet sur leur jeu, sur leur rôle. Avez-vous déjà eu ce genre de sentiments par le passé que vous avez dû surmonter ?”

David Robinson : “Je ne me suis jamais senti menacé. Lorsque vous avez confiance en vous, vous faites juste ce que vous savez faire, et ne vous inquiétez pas de ce genre de choses. Je pense que le temps a vraiment prouvé que mon processus de pensée était correct : quand quelqu’un comme cela arrive dans votre organisation, il peut seulement améliorer les résultats que vous faites. Il peut seulement vous blesser, s’il y a de la résistance ou de la tension. C’est comme lorsque l’on nage. Si vous sautez dans l’eau, vous allez vous noyer. L’eau doit être votre amie. C’est ce que j’ai ressenti lorsque Tim est arrivé, que jouer ensemble était la meilleure chose pour chacun de nous. Je pense qu’on l’a tous les deux compris. C’est comme n’importe quel business : si vous aidez les jeunes qui arrivent à devenir de meilleurs leaders, cela va seulement aider à améliorer votre business. C’est ce qu’il s’est passé à San Antonio. […] Tim était peut-être la meilleure chose qu’il me soit arrivé dans la carrière. Évidemment , avoir des propriétaires comme Red McCombs et Peter Holt, c’était fantastique, et avoir des coachs comme Larry Brown et Pop, c’était phénoménal. Mais je peux dire que Tim est probablement la meilleure chose qui me soit arrivée. Il m’a aidé en tant qu’individu à grandir et à devenir un meilleur joueur. Il nous a aidé à atteindre nos objectifs qu’on avait fixé sur le long terme, en gagnant des titres. Et il nous a aidé à devenir une franchise modèle pendant une période de plus de 25 ans. Il était comme la dernière pièce du puzzle. Il n’y a pas photo quant à la synergie entre nous deux, et ce que ça nous a permis d’accomplir.”

Ce sont de superbes commentaires qu’adresse à David Robinson à Tim Duncan. Un bonhomme qui tourne à de telles statistiques, avec une telle application, une telle sobriété, n’a pu qu’aider les Spurs à construire leur légende. Aujourd’hui âgé de 52 ans, l’Amiral se fend d’une éloge d’un des meilleurs ailiers forts All-time, sans lequel il n’aurait peut-être pas eu la notoriété dont il jouit aujourd’hui. Et l’ami David l’avait d’ailleurs déjà très clairement souligné lors de son discours d’intronisation au Hall of Fame en expliquant que Duncan avait été “la réponse à ses prières”… Timmy, c’est le joueur parfait, qui perd peu de ballons, qui défend, qui s’imposait sous les intérieurs adversaires tous les jours. Dès sa saison rookie, The Big Fundamental a été sélectionné au All-Star Game. Il réitérera cette performance quatorze fois. D-Rob, lui, ne l’a été “que” dix fois. Lors de la saison 1996-97, l’apport du duo est incroyable : à eux deux, ils cumulent 42,7 points, 22,7 rebonds et 5,1 contres par match. À une époque où la NBA était dominée par de nombreux Big Men (Hakeem Olajuwon, Patrick Ewing et consorts), la machine infernale des silver and black est archi-productive et à de quoi faire peur aux 29 autres franchises de la Ligue. Cependant, à ce moment précis, David Robinson est dans sa neuvième année avec les Spurs, à 32 ans. À partir de là, son niveau n’a fait que décroître. Cela n’a pas empêché les hommes de coach Pop, déjà présent, de soulever le trophée Larry O’Brien en 1999 et en 2003. Ceci dit, dans son prime, assez esseulé, l’Amiral n’avait même pas réussi à hisser ses troupes jusqu’aux Finales NBA. Il a fallu attendre l’apport du spécialiste du shoot à 45 degrés avec la planche pour que San Antonio emporte ses premiers titres. Même dans son prime, lors de sa meilleure saison en carrière en 1993-94 (29,8 points, 10,7 prises et 3,3 crêpes de moyenne par match), D-Rob n’avait pu effleurer le doux rêve de devenir champion NBA. Le dernier joueur a avoir effectué un quadruple double il y à plus de 24 ans n’y était pas arrivé par lui-même. Comme à l’armée, sous les ordres du caporal Popovich, il a fallu combattre en équipe pour finir par triompher. Tim Duncan est le symbole des premiers trophées des Spurs, ainsi que l’image de la franchise. David Robinson peut remercier l’homme qui n’a jamais eu d’émotion sur son visage. Il est conscient de son utilité, un plébiscite de l’ancien numéro 21 des Texans s’est donc imposé à l’Amiral.

C’est donc un grand hommage de la part d’un des meilleurs pivots NBA All-Time que Tim Duncan a reçu. David Robinson n’oublie pas que ses deux titres ont été gagnés en la présence du Big Fundamental. Timmy a contribué à construire la légende des Spurs, au même titre que Tony Parker et Manu Ginobili. Une franchise soudée, des joueurs qui jouent ensemble, le collectif avant les individualités, c’est ça, le Spurs Basketball. Et la recette miracle de l’alchimiste Popovich pourrait bien porter le record de participations au Playoffs d’affilée au nombre de 21, si la fin de saison se passe bien pour San Antonio.

Source texte : hoopshype


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