Gilbert Arenas était un pistolero all-around : retour sur le jour où l’Agent 0 pointa son gun sur Javaris Crittenton

Le 06 janv. 2018 à 21:00 par Pierre Aimond

menace II society
Source image : The Dissolve

Aujourd’hui, on revient pour vous sur l’un des événements les plus dingues de l’histoire de la NBA. Dans son bouquin, Tuff Juice, Caron Butler, alors coéquipier de Gilbert Arenas et Javaris Crittenton à Washington, était revenu sur cet incident et nous donnait quelques détails flippants pour mieux comprendre son contexte.

Vous connaissez tous cette histoire invraisemblable, qui a mis un terme à la carrière de Javaris Crittenton et qui a sérieusement amorcé la descente aux enfers de Gilbert Arenas. Grâce à Caron Butler et à son livre, publié en 2015, on en apprend un peu plus sur les tenants et aboutissants de cette sombre histoire de flingues, qui a marqué les fans de NBA. Et ça commence avec une petite remise en contexte, on est donc en décembre 2009 et les Wizards rentrent d’un match dans l’Arizona.

“Dans l’avion du retour après une défaite à Phoenix, Gilbert, Javaris et d’autres coéquipiers étaient en plein milieu d’une partie de cartes qui commençait à chauffer. Gilbert était l’une des figures dominantes de l’effectif mais Javaris avait du mal avec certaines de ses habitudes. Les joueurs étaient face-à-face avec juste une table amovible pour les séparer. Moi, j’étais à moitié endormi, sur le siège d’à côté pendant que nous rentrions à D.C.”

Jusque là, rien de bien anomal. Sauf que, Gilbert Arenas et Javaris Crittenton, en bonnes têtes brûlées, ont trouvé intelligent d’amorcer une embrouille qui s’avérera finalement bien être plus préjudiciable qu’une simple altercation entre coéquipiers, monnaie courante en NBA. En l’espace de quelques instants, la mayonnaise monte et les deux joueurs se font de gros câlins.

“Je me suis réveillé en sursaut quand j’ai entendu Javaris dire ‘Repose l’argent’. ‘Je ne repose rien du tout’, a répondu Gilbert. ‘Viens le chercher façon Tyson. Par la force, la baston ou tout ce qu’il faut faire pour récupérer ton argent. Sinon, tu ne récupères rien.’

Pendant que Gilbert rangeait l’argent dans sa poche, Javaris s’est jeté sur lui. Antawn Jamison, assis de l’autre côté, a bondi, enfoncé l’épaule de Javaris sur la table, et a appuyé dessus de tout son poids en lui disant de se calmer. Donc je me suis levé et j’ai gueulé ‘Hey, tout le monde la ferme. Y’avait combien sur la table ?’ Y’avait 1100 dollars.”

Comme le précise Butler, on ne peut pas dire qu’un mec qui vient de signer un contrat de 111 plaques soit à 1000 balles près. Sauf que ce mec, c’est l’Agent 0, et qu’il déconne 0 lorsqu’il s’agit de son argent. Malgré l’intervention de Butler, les deux gosses ont continué à se prendre le bec, jusqu’au moment où chacun rejoignait sa voiture sur le parking de l’aéroport. Et comme le lendemain a pu le prouver, ce n’était certainement pas pour s’excuser et passer à autre chose.

“Je verrai ta face demain à l’entraînement, et tu sais comment je suis,” a balancé Gilbert.

À quoi Javaris a gentiment répondu, “Ça veut dire quoi, tu sais comment je suis ?”

“Je joue avec des flingues, moi.”

“Et bah moi aussi, je joue avec des flingues.”

Ambiance dans le vestiaire d’une équipe des Wiz qui avait un bel avenir devant elle, avec un noyau Caron Butler – Antawn Jamison – Gilbert Arenas prometteur. Un avenir tronqué à la hache par ce dernier et Crittenton, lors de la séance d’entraînement suivante, qui avait plus des allures de scène de rue façon Menace II Society.

“Quand je suis rentré dans le vestiaire, j’ai cru que je m’étais d’un coup téléporté dans le passé, dans les rues de Racine. Gilbert était debout devant ses deux casiers – ceux qui étaient avant utilisés par Michael Jordan -, avec quatre flingues visibles de tous. Javaris était debout devant le sien, tournant le dos à Gilbert.”

“Hey, fils de pute, viens en choisir un,” a balancé Gilbert à Javaris en pointant les armes du doigt. “Je vais allumer ton cul avec l’un d’entre eux.”

“Oh non, t’as pas besoin de me tirer dessus avec un de ceux-là,” a répondu Javaris en se retournant façon pistolero de Western, “J’en ai un juste ici.”

Après cet échange tout à fait classique d’un vestiaire NBA, Javaris a sorti son flingue, déjà chargé, et l’a tranquillement pointé sur Gilbert, pendant que les joueurs de D.C. arrivaient au centre d’entraînement.

“Ils arrivaient en se marrant, en blaguant entre eux, puis d’un coup, ils s’arrêtaient et écarquillaient les yeux. Il leur fallait quelques secondes pour comprendre que c’était réel, un shootaround d’une nature différente. Ils se sont regardés avant de se barrer en courant, le dernier en fermant la porte derrière lui. Moi, je n’ai pas paniqué parce que j’ai connu bien pire. J’ai calmement parlé à Javaris, en lui rappelant que sa carrière, et potentiellement sa vie, seraient terminées s’il appuyait sur cette gâchette.”

On connaissait Caron Butler comme un très bon joueur NBA, parfois clutch, mais là niveau sang-froid, c’est all-time. Après cette intervention pleine de testostérone, l’Agent 0 s’est barré et Javaris a baissé son arme. Le processus de fin de carrière du dernier était déjà enclenché : le 911 contacté, la totale. Butler n’avait aucun doute sur les conséquences lourdes qui allaient tomber après cet incident.

“Je savais que Gilbert avait conscience d’être allé trop loin. Flip Saunders, le coach de l’époque, était trop en panique pour rentrer dans le vestiaire. Je n’avais aucune illusion quant au fait que tout l’effectif serait affecté par cet incident. Je savais que c’était la mort de la franchise des Washington Wizards comme on la connaissait.”

Évidemment, Butler avait vu juste. En même temps, ce n’est pas tous les jours que des flingues sont sortis dans un vestiaire NBA et qu’on passe à deux doigts d’une catastrophe inédite. Ernie Grunfeld, déjà président des Wizards, avait prévenu son ailier.

On va peut-être devoir trader tout le monde. Reconstruire en faisant table rase, aller de l’avant,” ce à quoi Butler a répondu, incrédule “Ok. Qu’est-ce que je pourrais dire d’autre ?”

Un événement sombre de l’histoire de la NBA, qui nous rappelle qu’aussi exceptionnels puissent être certains joueurs sur le terrain, il faut aussi être capable d’assurer dans les coulisses et dans la tête pour avoir une carrière pérenne. Ce que n’aura malheureusement pas su faire Gilbert, qui passe aujourd’hui le plus clair de son temps à déblatérer toutes sortes de conneries sur les plateaux télé, qu’on vous conseille d’aller checker sur son Instagram.

Ce qu’on ne peut pas lui enlever, à notre Gilbert, c’est qu’il a toujours eu un don pour divertir les fans, que ce soit à travers ses exploits dans le clutch ou avec ses frasques extra-sportives. On choisira quand même de retenir ses quelques saisons au sommet de la NBA, et de fantasmer sur ce qu’il aurait pu devenir avec un peu plus de neurones. En lui souhaitant un joyeux anniversaire !

Source texte : Dan Steinberg, Washington Post


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