Ce moment inoubliable où Antoine Rigaudeau a fait rêver la France en faisant douter les Américains

Le 17 déc. 2017 à 17:08 par Alexandre Martin

Antoine Rigaudeau
Source : Youtube / Canal+

Le 1er octobre 2000, plus exactement dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2000 un peu après 4 heures du matin en France, nous n’étions pas si nombreux à être debout pour notre équipe de France de basket. Et pourtant… Elle jouait un des matchs les plus importants de son histoire : une finale olympique contre l’ogre américain. Une sorte de rêve, que tout fan balle orange dans l’hexagone a envie de vivre au moins une fois. Ce rêve, Antoine Rigaudeau l’a vécu sur le parquet de Sydney où il a su sortir de sa boîte au meilleur moment pour rappeler à tout le monde que les fans Italiens ne l’avaient pas surnommé “Le Roi” sans raison.

Alors que les Bleus étaient péniblement sortis du groupe A en finissant quatrièmes derrière la Lituanie, l’Italie et les Etats-Unis, ils sont parvenus à se frayer un chemin vers la finale en battant le Canada en quart et l’Australie en demi-finale pendant qu’Américains, Lituaniens, Russes et Yougoslaves s’écharpaient dans l’autre partie du tableau. En attendant, le grand rendez-vous était bien là. Une finale olympique – le plus haut niveau de basket international – face à l’incontournable Team USA composée de douze stars NBA et invaincue depuis le début du tournoi. Mis à part ses 29 points tout en facilité contre les Chinois en poule et son très bon match en quart contre les Canadiens (15 points, 3 rebonds, 4 passes décisives et 1 interception), on oublie souvent que l’ami Antoine n’était pas dans la forme de sa vie lors de cette compétition olympique (ce qui ne l’a pas empêché de terminer meilleur marqueur de la sélection bleue). Maladroit contre la Nouvelle-Zélande, contre la Lituanie et carrément inexistant contre les Italiens (0/4 au tir en 25 minutes sur le terrain), Rigaudeau laissait régulièrement son acolyte du backcourt, Laurent Sciarra, prendre la direction des opérations. Cela avait bien réussi aux Blues jusque là et la Finale ne dérogeait pas à la règle. Pendant que Lolo Sciarra se donnait à fond et mettait la misère à des garçons comme Gary Payton, Jason Kidd ou tout autre arrière que Rudy Tomjanovich lui mettait en face, ce bon Antoine était en grande difficulté avec son tir, notamment à cause du traitement de faveur que la défense américaine lui avait réservé. Quand vous avez du Ray Allen, du Steve Smith voire du Gary Payton ou du Allan Houston sur vous pendant tout un match et qu’ils sont tous déterminés à vous museler car vous êtes identifié comme la plus grosse menace adverse, il est possible que vous rencontriez quelques difficultés.

Car oui, gros niveau ou non tout au long de la compétition, Antoine Rigaudeau était considéré comme le joueur le plus dangereux par les Américains. Déjà vainqueur de l’Euroleague avec le Kinder Bologne en 1998 et meilleur marqueur de la Finale de la reine des compétitions européennes en 1998 et en 1999, le Français n’était pas un inconnu pour le staff de Team USA. Bref, “Tonio” n’a pas mis un tir lointain de toute la première mi-temps au terme de laquelle Payton et sa bande menaient de 14 unités (46-32). Nous avons même dû attendre d’être à moins de cinq minutes du coup de sifflet final pour voir le Choletais planter un shoot du parking. Et pas n’importe quel shoot… Il reste environ 4’40”sur l’horloge, les Bleus sont revenus à seulement 7 points (76-69) grâce à un magnifique Stéphane Risacher et un non moins excellent Laurant Sciarra donc. Sciarra monte la balle. Il la donne à Antoine que la lui rend de suite et se positionne en tête de raquette où son meneur le sert de nouveau. Rigaudeau profite d’un écran de Jim Bilba pour obliger Ray Allen à le lâcher et forcer la défense américaine à switcher. Il se retrouve face à Kevin Garnett, il tente une progression vers le cercle mais KG est trop mobile alors Antoine revient se positionner un bon mètre derrière l’arc, à 45 degrés. Le guerrier Cyril Julian vient proposer un écran. Kevin Garnett et Vin Baker hésitent à switcher, ils ne savent pas ce que Rigaudeau va faire. Mais le Français profite instantanément de ce flottement, il arme à la vitesse de l’éclair et envoie une bombe qui finit sa course dans les filets sans même effleurer le cercle. 76-72 ! La France n’est plus qu’à 4 petits points des USA avec ce shoot de roi, qui vient de faire très mal. Rudy T n’a d’autre choix que de demander temps-mort car ses hommes ne sont pas sereins alors que Rigaudeau file vers son banc – où tout le monde sert le poing – en exhibant sa rage de vaincre et sous les acclamations d’un public australien tout acquis à la cause française. Un moment magique. Et on vous le dit, en pleine nuit dans les foyers de fans de basket tricolores, ça a bondi du canapé, ça a cru en la victoire, contre les Américains ! Ce n’est plus arrivé depuis. Cela s’est même très vite calmé lors de la suite du match puisque les Bleus ne sont jamais parvenus à s’approcher plus au score et ont fini par céder de 10 points (85-75). Mais dans l’ère moderne du basket, jamais une équipe de France n’est passée aussi près de faire déjouer Team USA, qui plus est en Finale.

Sur sept tentatives, le sniper des Bleus et du Kinder Bologne n’en aura rentré qu’une ce jour-là, la bonne. Et pendant un court instant, il a fait rêver le basket français et il nous a rendu fier en faisant baisser les yeux des stars américaines. Ce shoot n’est peut-être pas la ligne la plus importante du très riche palmarès d’Antoine Rigaudeau mais il est absolument inoubliable pour tous ceux qui l’ont vécu en direct depuis le banc, dans la salle ou devant leur écran. Gra-vé ! 

Le shoot

Le match entier


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