Playoffs Revival : Elgin Baylor plante 61 pions en Finales NBA pour un record intouchable
Le 15 nov. 2017 à 16:30 par David Carroz
La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous aider à tenir dans ces instants difficiles, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.
Dans la litanie des arrières et ailiers ayant marqué l’histoire de la NBA – Kobe Bryant, Michael Jordan, Larry Bird, Julius Erving pour ne citer que quelques retraités – le nom d’Elgin Baylor est souvent oublié. Bien trop, car l’ailier des Lakers arrive tout simplement troisième all-time à la moyenne de points en carrière (27,36) et neuvième en ce qui concerne les rebonds (13,55). Sans oublier une soirée record sur le parquet des Celtics lors des Finales de 1962…
Le contexte – les débuts de la rivalité Celtics-Lakers
Triples champions en titre, les Celtics continuent de marcher sur la Division Est avec 60 victoires pour 20 défaites, dans le sillage d’un Bill Russell en mode MVP. Malgré la présence d’un Wilt Chamberlain monstrueux au sein des Philadelphie Warriors – meilleur scoreur et meilleur rebondeur de la Ligue – Boston retrouve les Finales NBA pour la sixième saison consécutive en s’imposant 4-3 face à leurs rivaux de Pennsylvanie. En face d’eux, ce sont les Lakers qui se pointent. Après avoir squatté les bas fonds de l’Ouest, la franchise de Los Angeles – arrivée du côté de la Cité des Anges en provenance de Minneapolis en 1960 – retrouve des couleurs dans le sillage des Drafts de Jerry West au second choix de 1960 et d’Elgin Baylor deux ans plus tôt en première position. Il faut dire que les deux lascars réussissent l’exploit de tourner chacun à plus de 30 pions de moyenne sur l’exercice (30,8 pour le meneur, 38,3 pour l’ailier) pour permettre aux Angelinos de finir en tête de leur division avec 54 victoires. Pourtant, Los Angeles a dû se passer des services de son numéro 22 une bonne partie de la saison. Réserviste pour l’armée américaine – et basé à Washington – il ne peut porter les couleurs de sa franchise que lors des permissions. De quoi probablement lui laisser un peu de jus quand les Playoffs commencent et que les Lakers comptent bien retrouver les Finales NBA comme en 1959 quand ils ont pris cher (4-0), déjà contre les hommes en vert du Massachusetts.
La performance – 61 points, merci et au revoir
Le début de la confrontation entre les deux franchises de légende est équilibré, chacune remportant deux des quatre premières rencontres, une à domicile et une à l’extérieur. Difficile donc de savoir qui est favori au moment d’aborder un Game 5 souvent décisif lors des séries en sept matchs, même si en évoluant au Boston Garden, les Celtics semblent avoir les faveurs des bookmakers, surtout avec leur expérience. Sauf qu’en face Elgin Baylor n’était pas de cet avis et l’ailier attaque la rencontre pied au plancher : 18 points lors du premier quart temps, 33 au moment de retourner aux vestiaires. Le gars n’est pas là pour rigoler, mais même s’il continue sur sa lancée en restant chaud comme une baraque à frites, les Celtics ne vibrent pas outre mesure. En effet, malgré la poussée de fièvre d’Elgin Baylor, les locaux mènent 99-93 lorsque le dernier acte débute. Pas de quoi décourager Mr. Inside qui au prix d’un nouvel effort – 6 points consécutifs en fin de rencontre – permet aux Lakers de prendre enfin l’avantage 120-119. Sam Jones pour Boston et Jim Krebs pour L.A. scorent à leur tour pour maintenir l’écart à 122-121 avant que Jerry West ne mette fin à tout suspense sur la ligne des lancers-francs.
La victoire en poche, chacun peut ouvrir grand ses yeux pour constater le carnage effectué par Elgin Baylor ce soir-là. Non seulement il a planté 61 points – record pour un match de Finales NBA, record pour un match de Playoffs avant que Michael Jordan ne dépasse cette marque en 1986 mais après deux prolongations – mais il s’est aussi gavé de 22 prises alors qu’en face de lui Tom Heinsohn et Bill Russell n’étaient pas des tanches dans ce secteur du jeu. Preuve que l’ailier savait aller au charbon malgré son « petit » mètre quatre-vingt-seize. Alors certains parleront d’autre époque, d’un basket différent, mais au regard de tels chiffres, force est de constater que nous sommes face à l’une des plus grosses performances de l’histoire lors d’un match de Finales NBA. Dépasser la barre des 61 pions est un exploit en soit même qui reflète parfaitement les qualités de scoreur de Baylor, s’appuyant sur ses lay-ups acrobatiques ou son petit tir avec la planche. Mais l’accompagner d’une telle moisson sous les cercles rend le tout encore plus hallucinant. Piquez-vous bien les yeux là-dessus, il s’agit de la feuille de marque de cette rencontre :
La suite – le karma se moque bien d’Elgin Baylor
Elgin Baylor aura beau continuer à envoyer du sale offensivement et aux rebonds – 34 points et 15 rebonds lors du Game 6, 41 pions et 22 prises lors de la dernière rencontre – son apport ne sera pas suffisant pour permettre aux Lakers de rapporter leur première bannière à Los Angeles. Les Celtics étaient plus complets, plus homogènes que les Angelinos qui vont devoir patienter avant de parader sur Hollywood Boulevard. La faute en grande partie à un Bill Russell majuscule au moment de conclure. Mais peut-être aussi à Elgin Baylor himself. Pourquoi ? Parce que ce mec est un chat noir. En 13 saisons NBA, l’ailier des Lakers a trouvé le moyen de perdre 8 finales. Pire, alors qu’il prend sa retraite en début d’exercice 1971-72 à cause de soucis récurrents au genou, Los Angeles boucle ensuite une série de 33 victoires consécutives (entamées avec Baylor) avant d’aller chercher le titre. Oui, c’est un énorme L que le mec a de tatoué sur son front.
Pourtant il ne faudrait pas limiter la carrière d’Elgin Baylor à cette image de beautiful loser. Car avant Julius Erving, il était la référence sur l’aile, celui qui faisait lever les foules grâce à ses arabesques et son talent offensif. Alors que ses 61 points et 22 rebonds auraient dû définitivement couronner son statut parmi les meilleurs extérieurs de l’histoire, ce sont malheureusement ses échecs répétés que la plèbe retiendra. Il faut dire qu’en plus de ses défaites en tant que joueur, il a eu la bonne idée de squatter le front office des Clippers pendant 22 saisons, de 1986 à 2008. Comment renforcer encore plus son statut de loser…