Les stars NBA s’associent pour postériser Trump : engagement maximal, le genre de Dream Team qu’on aime
Le 24 sept. 2017 à 14:12 par Alexandre Martin
Décidément Donald Trump n’est pas un président qui va laisser une belle empreinte dans le monde du sport (dans le monde tout court ? Mais là, on sort du domaine de TrashTalk). L’embrouille avec Stephen Curry est clairement un symbole de l’image catastrophique du POTUS auprès des stars du sport et notamment de la NBA. C’est également encore une fois un exemple criant de la communication brutale et néfaste du successeur de Barack Obama. Et cette fois-ci, au vu des réactions de certains monstres charismatiques de la balle orange, le conflit est très sérieux. Il risque de durer et d’avoir de réelles conséquences.
Car plusieurs joueurs sont montés au créneau ce week-end pour affirmer leur soutien à Stephen Curry tout en déclarant ouvertement qu’ils n’ont aucun respect pour leur président. Et avant de revenir sur ces déclarations et l’impact qu’elles ont eu ou qu’elles pourraient avoir, précisons qu’Adam Silver a tenu à sortir publiquement sur le sujet et que même s’il est resté très politiquement correct (pas trop le choix pour le moment), le big boss de la Grande Ligue a tout de même encouragé les joueurs à continuer de s’exprimer. Il faut dire qu’il ne s’agit pas de n’importe quels joueurs. C’est Stephen Curry qui a entamé cette joute avec Trump en expliquant qu’il n’avait pas envie d’aller à la Maison-Blanche pour la traditionnelle rencontre de l’équipe championne avec le président en fonction. Une déclaration bien évidemment provocante et faite en toute conscience de la part du meneur des Warriors, double MVP (2015 et 2016) et star parmi les plus connues et “bankable” de la Ligue. Et dans son style si particulier alliant le tact d’un ours en rut et la capacité d’analyse d’un poisson rouge, Monsieur Trump a préféré répondre tout de suite en rentrant dans le tas plutôt que de temporiser. Via Twitter, comme il aime le faire, le POTUS a directement fermé la porte de la Maison-Blanche aux Warriors.
Going to the White House is considered a great honor for a championship team.Stephen Curry is hesitating,therefore invitation is withdrawn!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 23, 2017
Aller à la Maison-Blache est considéré comme un grand honneur pour une équipe championne. Stephen Curry hésite, donc l’invitation est retirée.
Tu veux pas venir Stephen ? Et bien c’est moi qui ne t’invite plus ! Mais finalement, la chose la plus surprenante dans tout ça est que le président ait choisi de réagir aussi vite à cette déclaration de Curry et de le prendre lui pour cible. Car tout d’abord, rien ne permettait jusqu’à lors d’affirmer qu’une invitation allait être faite aux Warriors pour honorer la tradition. Ensuite, d’autres membres de Golden State avaient exprimé sans ambiguïté leur aversion pour Trump et son administration. On pense ici à David West notamment, au coach Steve Kerr ou encore à Kevin Durant qui avait annoncé en août qu’il “ne respecte pas la personne qui occupe le poste actuellement (Trump)”, qu’il n’est “pas d’accord avec lui” et qu’il allait “faire entendre sa voix en ne s’y rendant pas (à la Maison-Blanche)”. C’est un peu comme si Trump et ses conseillers (si tant est qu’il les écoute) avaient estimé que Curry était le point faible des Warriors, que de s’attaquer à lui allait les toucher, les affaiblir. Sauf que comme nous l’écrivions un peu plus haut, Curry n’est pas un basketteur lambda. Il est non seulement l’un des joueurs – si ce n’est le joueur – de base de la meilleure équipe NBA depuis trois ans mais il est aussi une égérie marketing, voire culturelle. Son jeu, son image et donc ses propos influencent de nombreux jeunes aux Etats-Unis comme ailleurs. Le voir aussi catégorique à ne pas vouloir rencontrer son président est lourd de sens et ne peut être occulté facilement.
D’ailleurs, côté NBA, personne ne compte l’occulter et les soutiens de poids n’ont pas tardé à se manifester pour appuyer la démarche de Curry et faire passer quelques messages au président. Comme par exemple LeBron James qui n’hésite jamais à donner son opinion politique ou sur la société. Le King n’a pas raté l’occasion et a tout de suite sauté à la gorge de Trump.
U bum @StephenCurry30 already said he ain’t going! So therefore ain’t no invite. Going to White House was a great honor until you showed up!
— LeBron James (@KingJames) 23 septembre 2017
Toi, minable, Stephen Curry avait déjà dit qu’il ne viendrait pas. Donc il n’y aucune invitation. Aller à la Maison-Blanche était un grand honneur jusqu’à ce que tu débarques !
James sait de quoi il parle, il est déjà allé trois fois à Washington, dans la maison du président (à chaque fois Obama) pour une réception dans la tradition. Ce tweet a avant tout pour but de faire passer un message qu’il détaillera un peu plus dans un second temps, via une vidéo relayé parUninterrupted. Petit morceau choisi :
“Il ne s’agit pas de diviser. Nous, en tant que peuple américain, devons nous rassembler de manière encore plus forte.”
Une façon de penser que Kobe Bryant semble partager vu la fermeté de ses propos à l’égard de Trump.
A #POTUS whose name alone creates division and anger. Whose words inspire dissension and hatred can’t possibly “Make America Great Again”
— Kobe Bryant (@kobebryant) 23 septembre 2017
Un président des Etats-Unis dont le nom seul crée la division et la colère. Dont les mots inspirent dissension et haine ne peut clairement pas “Rendre l’Amérique meilleure”.
Bryant fait ici évidemment référence au slogan utilisé par Trump lors de sa campagne pour la présidence. Et si cette déclaration de Kobe est pleine de venin (normal pour un Mamba), elle est aussi bien tournée et pleine de sens. Un peu comme un fadeaway soyeux au poste bas. Toujours sur Twitter, un autre ancien des Lakers tout aussi mythique, a exprimé son soutien à Curry et aux Warriors. Magic Johnson a déclaré que “les joueurs de Golden State sont des champions et des hommes de principe qui donnent du respect à leur communauté”. Autre personnalité de poids de la NBA, Chris Paul – qui au-delà d’en être un des meilleurs meneurs, est aussi le président de l’association des joueurs – a également donné son avis sur la situation. Sans oublier de faire référence au cas du footballeur Colin Kaepernick.
With everything that’s going on in our country, why are YOU focused on who’s kneeling and visiting the White House??? #StayInYoLane
— Chris Paul (@CP3) 23 septembre 2017
Avec tout ce qui se passe dans notre pays, pourquoi êtes-vous si concentré sur qui s’agenouille et qui vient à la Maison-Blanche ???
Chris Paul n’a pas tort. Le président Trump aurait bien des sujets plus importants sur lesquels mettre l’accent. Sauf que s’il est évident que si les équipes de Trump le laissent communiquer de manière aussi désastreuse c’est parce qu’elles n’arrivent pas à la contrôler mais aussi parce que cela permet de masquer aux yeux des Américains tout ce qui se trame avec les Nord-Coréens, ou de faire oublier l’indécence des déclarations du président après les émeutes à Charlottesville.
Au final, et même si la politique va bien au-delà des convictions des sportifs, il est important de voir ces poids lourds de la NBA ne pas hésiter à s’exprimer puissamment face à un président dont les agissement vont complètement à l’encontre de leurs valeurs. Si ces stars peuvent utiliser leur image et leur pouvoir médiatique pour propager un message qui va influencer les populations dans le bon sens, ils vont prouver encore une fois que le sport et ses acteurs ont un rôle crucial à jouer dans nos sociétés.