Quai 54 : bilan de l’édition 2017, des points à améliorer mais un tournoi bien relancé
Le 10 juil. 2017 à 15:48 par Bastien Fontanieu
Ce weekend, TrashTalk était au Quai 54 édition 2017, pour vivre le gros événement streetball de l’été sur Paris. Entre deux rencontres avec des anciens, trois discussions sur l’évolution du tournoi et quatre coups de soleil, on fait le bilan d’un event qui s’est bien relancé.
C’était la grosse interrogation qui planait au-dessus de la Pelouse de Reuilly : comment allait se dérouler le tournoi, après les soucis de l’édition 2015 à la Concorde et l’annulation de l’édition 2016 ? L’état d’urgence d’il y a un an avait mis un vrai coup au Quai 54, car l’envie était bien là. Celle de vouloir proposer une compétition toujours aussi impressionnante, mais aussi une meilleure organisation, une plus grande sécurité, et une gestion globale plus confiante du weekend. Le rendez-vous était donc pris les 8 et 9 juillet 2017, pour un retour en force et en prenant compte des pépins précédents. Cela tombe bien, on a décidé d’allonger les compliments comme les suggestions, après multiplication des discussions auprès des participants.
Rappel : ce papier a pour but de pousser les idées plus loin et
créer un débat sain autour de ce bel événement, pas taper pour taper…
# La compétition
Cela reste le point fort du Quai 54, et l’édition 2017 n’a pas dérogé à la règle. Un niveau de jeu costaud, des équipes venant de différents pays, des joueurs qui se donnent à fond et un basket comme on aime car venant de la street. Quand vous avez des professionnels qui retournent aux bases en soulignant la règle pas de sang, pas de faute, vous obtenez un niveau d’intensité hors-normes. Pour cela, il faut des arbitres qui contrôlent le match et connaissent bien le jeu en laissant le contact en masse (check), entre compétiteurs qui parlent (check), et qui assument leur blabla en donnant tout derrière (check). Des matchs remarquables et des séquences parfois explosives, que demander de plus ? Ah bah tiens, on a trouvé : Evan Fournier qui décide de mettre ses pompes pour venir jouer. Et sérieusement, qui plus est. Résultat des courses, quand t’as autant de gros clients dont un titulaire en NBA qui se défoncent, ça donne un basket jouissif à regarder.
# Le cadre
Changement d’ambiance, et c’est très bien ainsi. Les lampadaires de la Concorde et les Champs Elysées derrière apportaient une touche indescriptible à l’édition 2015, mais les problèmes étaient trop nombreux sur un espace aussi réduit. La pelouse de Reuilly a donc été empruntée et ce fût une excellente idée, car plus de place signifiait moins d’entassement, et donc de galères. Zones pour se poser, zones pour manger, zones pour faire la queue, zones pour les joueurs, toilettes espacées, pas la moindre sensation de gens se marchant dessus comme cela avait pu être le cas il y a deux ans. Bien évidemment, qui dit lieu “moins connu” ou “moins accessible” dit moins d’affluence, mais s’il faut choisir entre sécurité et bling-bling, c’est très vite fait. On revient donc aux bases car Porte de Charenton était le QG de précédentes éditions, le clin d’oeil était appréciable. Bonus non-négligeable, Porte Dorée étant pas loin, il y avait tout ce qu’il faut comme transports ou lieux de restauration.
# Le Dunk Contest
Malheureusement, c’est un des points négatifs de cette édition 2017. Pourtant, le lineup était séduisant avec Rafal “Lipek” Lipinski ou Vadim “Miller” Poddubchenko notamment dans le quatuor. Mais de nombreux détails ont empêché le public de pouvoir vraiment participer au concours, et en grands professionnels que nous sommes (lol), on va pouvoir en lister quelques uns. On commencera par le son à fond la caisse, qui tue toute sensation de build-up et pousse la plupart des gens à discuter ou regarder leur phone. Suffit de voir les autres Dunk Contest, en NBA comme à l’Ain Star (sic), pour réaliser que le silence est une notion importante de chaque concours pour créer l’explosion après chaque tomar. Ensuite, le temps entre chaque dunk ou participant. Le manque de rythme peut lasser les gens, la preuve avec des pouces en haut qui se sont rapidement transformés en pouces en bas, tant le concours durait. La succession des dunks garantit la montée en puissance, peut-être que 3 essais donnés au lieu d’une à deux minutes par participant aurait pu faire l’affaire. Vraiment dommage, car certains tomars étaient… fous.
# Les animations
Ce qui intègre notamment les concerts et l’ambiance. Les deux seuls points qu’on peut regretter sont ceux-ci. Une baisse de l’ambiance générale par rapport aux éditions précédentes (on y reviendra plus bas) et un timing géré parfois maladroitement. Impossible de prévoir la météo, mais la finale aurait peut-être pu se jouer s’il n’y avait pas eu des improvisations de trop longue-durée. Hélas, ce fût torrent pour tout le monde. Mais pour le reste ? Les animations sont similaires au Quai 2015 et les concerts proposaient quand même quelques gros morceaux. Tory Lanez, Dosseh, Sadek, Gradur, MHD, Ninho, la pluie du dimanche soir a empêché le bouquet final (Young Thug) mais difficile de dire quoi que ce soit quand un tournoi peut ramener autant de monde sur un même terrain. Filer une tribune à Victor Oladipo, Jabari Parker et Kemba Walker était une magnifique idée, pour une communion totale avec le public. En fait, tout dépend de ce que vous attendez du Quai 54, mais pour une célébration de la street culture avec du gros basket au milieu, c’était costaud.
# Communication
C’est un aspect qui a forcément intrigué pas mal de monde, mais qui relève aussi d’une logistique difficilement contrôlable. Tout au long du printemps, on se demandait (et on nous demandait) s’il allait y avoir une édition 2017 du Quai 54. Entre demandes d’autorisations de la ville de Paris ou du 12ème arrondissement et autres aspects de sécurité, on imagine que ça devait être compliqué de pouvoir entamer toute campagne de communication plus tôt. Mais le ressenti final est celui-là : beaucoup de curieux nous ont témoigné qu’ils n’avaient aucune idée de l’existence de l’édition 2017, et la plupart des informations ont été obtenues fin-juin. Peut-être que cela peut expliquer en partie le manque d’affluence du samedi, peut-être pas, mais le constat est bien là.
# Tarification
Probablement le thème qui a été le plus abordé, avec nous notamment. Suite aux incidents de l’édition 2015 à la Concorde, le Quai 54 était quasiment obligé de devoir passer au mode tarifé. Nous le suggérions d’ailleurs, pour de multiples raisons. Afin d’éviter une affluence trop grande et incontrôlable, les organisateurs devaient rendre l’événement payant. Est-ce que certains ont été outrés de voir un rendez-vous initialement gratos devenir payant au même tarif qu’un concert ? Peut-être. Mais est-ce que le niveau de sécurité a été respecté et les soucis ont été divisés par deux ? Oui. Et est-ce qu’il y avait un joueur de l’EDF ainsi que de NBA qui se donnait sur un terrain avec d’autres joueurs pros ? Oui. Et est-ce qu’il y avait du rappeur sérieux qui venait se donner ainsi qu’un des meilleurs dunkeurs au monde ? Oui. Chacun peut avoir son avis sur cette prise de décision, mais le Quai 54 a retenu la leçon de l’édition précédente et agi en conséquence. Alors certes, l’ambiance globale est moins folle et l’identité de l’event en prend peut-être un coup pour les anciens, mais Hammadoun Sidibé et son groupe n’ont pas reproduit l’erreur de 2015.
# Sécurité
On voulait forcément finir par ce point, compte-tenu des incidents de la Concorde en 2015 et le contexte parisien. Inutile de vous faire un dessin, organiser quoi que ce soit dans la capitale n’est pas forcément ce qu’il y a de plus facile, quand on connaît les tristes événements qui ont frappé Paname ces derniers mois. Avec les soucis du Quai 54 d’il y a deux ans et l’annulation de l’édition 2016 suite aux attentats de Nice, il fallait que le niveau de sécurité soit au top pour que tout puisse bien se passer. Que personne ne se sente en danger et que l’entrée ne soit pas open-bar pour le pote de machin qui connait bien le vigile. Double voire triple check à l’entrée, espaces plus larges et entourés de grilles, on était loin de la marmite que représentait la Concorde en 2015. Du positif dans l’ensemble, on avait davantage droit à un événement bien encadré qu’un énorme bordel comme celui de l’édition précédente. Et ça, c’était très positif.
En conclusion ? Après un bilan tendu en 2015 et une annulation totale en 2016, le Quai 54 est bien revenu en 2017, avec plus de sérieux et la même bonne recette. Il sera impossible de satisfaire tout le monde, machin regrettera un changement dans l’identité de l’event pendant que l’autre ne saura se déplacer jusqu’à Porte Dorée ou refusera de payer sa place. Mais sachant le boulot qu’il devait y avoir et les craintes générales, ce cru fût un succès. Rendez-vous dans un an, avec de nouvelles améliorations, on en est persuadés.