Prise de risque et bons coups pour Sam Presti : ou pourquoi le GM du Thunder fera un superbe Executive of the Year
Le 07 juil. 2017 à 10:59 par Alexandre Martin
Il y a un tout petit peu plus d’un an, le Thunder perdait Kevin Durant dans des circonstances difficiles à avaler. A l’époque, Sam Presti n’avait rien pu faire. Il avait subi les envies d’ailleurs de son ailier MVP en 2014. Mais, dans le sillage d’un Russell Westbrook historique – et habilement prolongé en août 2016 – l’escouade d’Oklahoma City a réalisé une saison plus que correcte même si l’épopée en Playoffs fût de courte durée. Cette année, le General Manager d’OKC était bien décidé à ne pas subir, à être agressif sur le marché pour reconstituer tout de suite une équipe qui a de quoi être crainte… Et quel beau boulot !
Le 22 juin dernier, au soir de la Draft, Presti est resté très tranquille. Disposant du pick 21, il a patiemment attendu son tour en regardant les autres managers faire leurs choix. Puis, quand est arrivé son moment, il n’a pas hésité et il à sélectionner le jeune Terrance Ferguson, un ailier athlétique et doté d’un shoot sérieux soit exactement ce qui manquait au Thunder depuis le départ de KD. Loin de là l’idée de penser que ce rookie allait faire oublier le Durantula mais il présente clairement des qualités qu’Andre Roberson ne peut pas proposer sur le poste 3. Nous verrons comment (et si) Billy Donovan les utilise au cours de la saison à venir. Mais Presti n’en était là qu’au début de son shopping estival. Environ une semaine plus tard, dans la nuit du 30 juin au 1er juillet et alors que le marché des agents-libres est à quelques heures d’ouvrir ses portes, nous apprenons que le Thunder a réussi à trouver un accord avec les Pacers pour un échange autour de Paul George. Coup de tonnerre ! Les esprits des fans chauffent instantanément rien qu’à imaginer l’association entre Westbrook et l’ailier All-Star d’Indiana. On évoque très rapidement la prise de risque que représente ce trade car Paul George n’avait pas caché, peu de temps auparavant, son envie de rejoindre les Lakers à l’été 2018 quand il pourra être agent-libre. Cette prise de risque est réelle et il est évident que Sam Presti en avait conscience en montant ce deal avec les Pacers.
Pour autant, et c’est là que Presti a été très malin, le risque sur le cas George est uniquement sportif sur le moyen-terme. Sur le court terme, sportivement, le Thunder se retrouve avec un ailier monstrueux pour accompagner Russell Westbrook et peut avoir de réelles ambitions basées sur ce duo. Et financièrement, c’est simple, il n’y a aucun risque ! Cet échange n’a rien coûté au Thunder. Mieux que ça, il a même permis d’économiser de la masse salariale. Victor Oladipo et Domantas Sabonis – qui ont fait le chemin vers l’Indiana – vont toucher respectivement 21 millions et 2,5 millions de dollars la saison prochaine pendant que PG13 ne gagnera “que” 19,5 millions. Soit une économie de 4 millions de dollars pour le Thunder. Non négligeable. Dans la foulée, l’ami Presti ne s’est pas trop battu pour conserver Taj Gibson qui a signé avec les Wolves. Il faut dire qu’il n’en avait pas trop les moyens (28 millions sur deux ans ont été offerts à Taj Gibson) étant donné que sa franchise était déjà au-delà des limites du salary cap. Mais il disposait toujours de sa Mid Level Exception. Et il s’en est servi pour attirer l’ailier-fort Patrick Patterson en remplacement de Gibson. Le désormais ex-Raptor était agent-libre et a donc accepté de venir intégrer le roster d’OKC pour trois années et “seulement” 16 millions de dollars. Signer ce joueur à ce prix est une excellente opération. Patterson est un ailier-fort intelligent, capable de défendre et de planter de loin si les ballons lui arrivent dans de bonnes conditions (ce qui devrait être le cas avec des créateurs comme Westbrook et PG13). Il pourrait devenir le complément parfait de George et Adams dans le frontcourt du Thunder.
A ce moment-là, la masse salariale de la franchise est d’un peu plus de 111,5 millions. Soit bien plus que le salary cap (99,1 millions) mais encore en-dessous du seuil de la Luxury Tax (119,3 millions). Sauf qu’il restait encore à faire re-signer Andre Roberson. Et même s’il était possible de faire rempiler le swingman dans le cadre des bird rights (donc sans se soucier des histoires de cap), il fallait le faire pour pas trop cher pour éviter de payer beaucoup de taxe. Et bien, c’est désormais chose faite puisque l’extérieur ultra défensif a accepté de prolonger avec sa franchise pour 30 millions de dollars sur trois ans ! Une très belle affaire là encore. Il touchera 9,2 millions la saison prochaine (contrat progressif) ce qui amène le montant des contrats actifs du Thunder à presque 121 millions et le cap total à un peu plus de 123 millions en comptant la dead money due à Ronnie Price (coupé) soit “seulement” 4 millions au-dessus du seuil de la Luxury Tax. Du coup, Billy Donovan va disposer d’un roster dont le cinq majeur pourrait être : Russell Westbrook – Andre Roberson – Paul George – Patrick Patterson – Steven Adams. Avec un banc comprenant une flopée de joueurs très intéressants comme : Enes Kanter (sixième homme), Alex Abrines, Terrance Ferguson, Jerami Grant ou Doug McDermott sans oublier des gars comme Semaj Christon Josh Huestis, et Kyle Singler même s’ils ne seront pas des maillons essentiels de la second unit.
Afin de parfaire cet effectif, le Thunder aurait besoin d’un bon back-up pour Westbrook… Et là encore Sam Presti a de quoi manœuvrer ! Si, si. Non seulement, son Thunder est détenteur d’une trade exception de 4,9 millions suite au trade d’Ersan Ilyasova aux Sixers en échange de Jerami Grant mais en plus, il pourrait profiter de l’arrivée de Gordon Hayward à Boston pour tenter de récupérer un bon joueur dans le backcourt vu que les Celtics vont devoir dégraisser pour faire de la place à l’ex-Jazzman. Comme le précise Bobby Marks d’ESPN, les Celtics ont du gros ménage à faire pour accueillir Hayward :
“Avec Gordon Hayward qui a accepté un contrat max de 127 millions sur quatre ans, les dirigeants des Celtics doivent maintenant faire une série de transactions pour créer de l’espace dans leur cap. Les Celtics vont devoir retirer la qualifying offer sur Kelly Olynyk (c’est fait), renoncer aux agents-libres Jonas Jerebko, James Young et Gerald Green et couper les contrats de Jordan Mickey et Demetrius Jackson (ou faire un trade). Il restera alors 27,6 millions aux Celtics dans leur cap et ils auront sûrement besoin de bouger le contrat de Jae Crowder, Terry Rozier ou Marcus Smart.”
Le contrat de Marcus Smart inclut encore une saison à un peu plus de 4,5 millions de dollars. Oui, ça rentrerait dans la trade exception dont dispose Sam Presti… On peut également imaginer un échange impliquant Jae Crowder – un peu moins de 7 millions l’année prochaine – contre cette fameuse exception accompagné des contrats de Semaj Christon et/ou Josh Huestis même si cela parait moins facile à mettre sur pied. Cette exception peut aussi servir dans le cadre d’un échange avec une autre équipe que les Celtics mais il faut reconnaître qu’un Marcus Smart en sortie de banc derrière Westbrook a de quoi faire rêver les fans d’OKC tout en provoquant un vrai stress chez ceux des autres franchises.
Bref, Sam Presti vient de nous faire deux semaines de rêve au niveau recrutement, deux semaines au cours desquelles il a parfaitement mené sa barque pour entourer magnifiquement son MVP en titre et pour donner une chance à son équipe de redevenir très vite un gros de l’Ouest. Si jamais, il réussit encore un bon petit coup et que ça se met à fonctionner sur le parquet, ce Thunder va être très dur à jouer et son GM fera partie des gros favoris pour le titre d’Executive of the Year…