Profil Draft 2017 : Caleb Swanigan, trajectoire d’un ancien sans-abri aujourd’hui aux portes de la NBA
Le 17 mai 2017 à 10:43 par Benoît Carlier
Après une première saison difficile à Purdue, Caleb Swanigan a bossé sur ses points faibles pour fermer des bouches par dizaines lors de son année de sophomore. Passé de la pauvreté et des problèmes d’obésité à l’un des meilleurs universitaires du pays, “Biggie” n’a pas besoin de chercher très loin pour puiser sa motivation. En cas de sélection au premier tour, il fera partie des belles histoires de cette Draft 2017.
Profil
> Âge : 20 ans. Né le même jour que C.J. Miles et Bojan Bogdanovic.
> Position : Ailier-fort ou pivot. Telle est la question.
> Equipe : Purdue. Comme Glenn Robinson et Brad Miller.
> Taille : 206 centimètres. Coucou Kevin Durant.
> Poids : 112 kilos. Anciennement son pire ennemi.
> Envergure : 220 centimètres. Pratique pour prendre du rebond à la pelle.
> Statistiques 2017 : 18,5 points, 12,5 rebonds, 3 passes et 0,8 contre à 52,7% au tir, le tout en 32 minutes.
> Comparaison : Zach Randolph.
> Prévision TrashTalk : Fin de premier tour, début de deuxième.
Qualités principales
# Bourreau de travail
Inscrit à la Draft l’année dernière, il avait retiré son nom quelques heures avant la deadline face aux mauvais retours de la part des scouts. Grand bien lui en a pris. L’énorme travail de fond effectué pendant l’été et pendant sa saison supplémentaire à Purdue a immédiatement porté ses fruits et toutes ses statistiques ont augmenté lors de son année de sophomore, au point d’être nominé pour le titre de National Player of the Year. En effet, son problème de poids n’en est plus vraiment un. En meilleure condition physique, il a augmenté son temps de jeu de près de 7 minutes et il peut désormais conclure des contre-attaques au dunk sans trop donner l’impression de tirer une charrette. Mais ses progrès les plus nets se situent au tir où il a amélioré tous ses pourcentages pour passer d’un élément médiocre à un tireur fiable à longue distance en un an. Les franchises NBA aiment les gros bosseurs et ce genre de progression est un excellent point pour “Biggie”. Entouré par un staff au petit soin pour lui, il devrait encore pouvoir franchir de nombreux paliers chez les pros alors qu’il vient à peine de souffler sa vingtième bougie au mois d’avril.
# Passé de Joakim Noah à Kyle Korver au tir
La transition est toute trouvée avec le deuxième point fort de Caleb Swanigan : le shoot. Là encore, ce n’était pas gagné d’avance. Au terme de son année de freshman, il n’inspirait pas énormément confiance derrière l’arc avec 29% de réussite. Mais à force de travail et de persuasion, il est devenu un punisseur de loin. En 85 tentatives du parking, il tournait à 45% de ficelle cette saison. Un atout considérable qui pourrait intéresser de nombreuses franchises NBA à la recherche d’un profil de stretch-four, ces big men capables de reculer derrière la ligne à 3-points pour augmenter le spacing de leur équipe. Excellent joueur de pick-and-pop, il a aussi pu abreuver ses coéquipiers en caviars grâce à cette capacité d’attraction des défenseurs hors de la raquette. Il était d’ailleurs l’un des intérieurs les mieux classés en termes d’assists cette saison avec plus de 3 offrandes par match.
# Aspirateur à rebonds
Doté d’un physique imposant dans tous les sens et toutes les dimensions du terme, Caleb Swanigan parvient à tirer profit de cet avantage dans la lutte au rebond. Son placement et son timing sont souvent les bons et il a déjà fait le tour de la question du box out qui manque si souvent aux jeunes intérieurs arrivant au sein de la Grande Ligue. En 35 matches de saison régulière, il a validé 28 double-doubles et capté plus de 20 rebonds à quatre reprises. Il dispose de grandes et habiles mains qui lui permettent aussi de garantir un ratio assist/turnover à peine supérieur à 1. Une exception pour des joueurs de son gabarit et de son poste. Enfin, ses longs bras lui offrent un avantage certain au poste bas en attaque qu’il ne manque pas d’exploiter grâce à un beau jeu de jambe dans cet exercice si particulier. Voilà, encore, des progrès qu’il a effectué entre son année freshman et sophomore, on a donc hâte de voir la suite.
Défauts majeurs
# Manque d’explosivité
Même s’il a déjà réglé en grande partie ses problèmes de poids, Caleb Swanigan ne rentre pas dans le moule traditionnel des joueurs NBA. Sujet à des problèmes d’obésité pendant son adolescence, sa balance affichait plus de 130 kilos il y a encore quelques années et il en paye les conséquences aujourd’hui. Moins affûté et explosif que les autres joueurs de son âge, il va devoir compenser toute sa carrière par son intelligence et son QI basket. C’est ici que la comparaison avec Zach Randolph prend tout son sens, alors que l’intérieur des Grizzlies a appris à faire de sa corpulence une force tout en parvenant à s’adapter aux différentes évolutions du jeu jusqu’à aujourd’hui. C’est donc plutôt un motif d’espoir que l’inverse même si on ne verra pas souvent l’ancienne star de Purdue claquer des posters aériens sur trois défenseurs. Ça tombe bien, ce n’est pas ce qu’on lui demande non plus.
# Problème de match-up en défense
Voici peut-être sa plus grosse marge de progression, son prochain programme d’entraînement personnel dès qu’il aura un peu de temps devant lui après avoir enchaîné tous ses workouts cet été. Malgré ses longs bras, il est trop lent pour défendre au large mais il n’est pas non plus assez imposant pour déranger les mastodontes adverses. Hélas, il va falloir plus que des heures de vidéo pour combler ces lacunes qui s’expliquent surtout par ses anciens problèmes de surpoids et un physique finalement peu banal qui nous mène à son troisième gros défaut.
# Plutôt pivot ou ailier-fort ?
Même si les postes ne sont plus aussi cloisonnés que par le passé, il va être compliqué de déterminer le poste de prédilection de Caleb Swanigan dont les limites sont visibles aux deux positions d’intérieur. Pas athlétique pour un sou, il lui sera difficile de tenir un Kristaps Porzingis ou un Karl-Anthony Towns par exemple. Pourtant, ses qualités de shooteur peuvent lui permettre d’occuper ce rôle d’ailier-fort en attaque. A l’inverse, il est soit trop petit, soit trop lent pour évoluer pivot et ce même si son équipe opte pour une stratégie small-ball. C’est là que la comparaison avec Zach Randolph prend aussi son sens. Il va devoir trouver son Marc Gasol ou un joueur complémentaire, capable de combler ses lacunes notamment en défense.
Conclusion
C’est donc un joueur attachant au destin peu ordinaire qui s’apprête à gonfler les rangs de la Grande Ligue à partir de la saison prochaine. Caleb Swanigan a ses qualités et ses défauts mais il a prouvé cette année qu’il n’avait pas peur de travailler dur pour se rapprocher de l’excellence. Un comportement qui devrait plaire à des franchises sérieuses qui ne cherchent pas à être flashy. Bien encadré, le petit pourrait devenir un excellent joueur de devoir et même une belle troisième option offensive.
Source image : YouTube / Purdue Sports