Stephen Jackson aka Captain Jack : talent, caractère, grande bouche et gros côté bad boy !
Le 05 avr. 2017 à 19:58 par Nicolas Meichel
Officiellement retraité depuis 2015, Stephen Jackson fait partie de ces joueurs qui sont loin de faire l’unanimité au sein du microcosme NBA. Bad boy ingérable pour les uns, coéquipier ultime pour les autres, Captain Jack a connu une carrière mouvementée durant laquelle il est passé par des hauts et des bas. Pour son anniversaire, TrashTalk a décidé de revenir sur ce personnage controversé mais toujours 100 % real, pour le meilleur et pour le pire…
Il y a un peu moins de 13 ans, en novembre 2004, la NBA traversait une véritable crise suite à l’énorme baston du Palace d’Auburn Hills opposant les Pacers et les Pistons. Pour les anciens qui ont la mémoire courte ou les jeunes qui n’ont tout simplement pas connu ce sombre épisode, cette bagarre a marqué un très gros tournant dans l’histoire de la ligue dans le sens où cette dernière a ensuite tout fait pour redorer son image, jusqu’à imposer un dress code qui avait fait pas mal jaser la génération hip-hop de l’époque. Si Ron Artest reste encore aujourd’hui le symbole de cette scène hallucinante de violence entre les joueurs d’Indiana et les supporters de Detroit, Stephen Jackson y sera pour toujours associé, lui qui avait accompagné son coéquipier dans les tribunes pour tabasser des fans qui avaient un peu trop cherché l’embrouille. Evidemment, le comportement de Captain Jack ce soir-là représente le gros point noir d’une carrière de presque 15 ans, mais il donne également un aperçu de quel type de joueur il était. Par là, il ne faut pas imaginer que Stephen Jackson était un mec particulièrement violent ou un dirty player, mais qu’il était plutôt le genre de gars à soutenir les siens peu importe les circonstances.
Compétiteur dans l’âme, toujours prêt à aller au combat et effrayé par personne, Jax était une tête brûlée qui donnait tout sur un terrain de basket et qui pouvait impacter un match autant en attaque qu’en défense. Extérieur de 2m03, Jackson possédait cette polyvalence toujours très recherchée en NBA. Bon scoreur, capable de planter de loin et de créer pour les autres tout en mettant en difficulté les meilleurs attaquants adverses, il n’était pas loin du niveau All-Star durant ses plus belles années. Le revers de la médaille, c’est que son éthique de travail n’a jamais été irréprochable et qu’il pouvait enchaîner les fautes techniques à cause de son comportement et sa mentalité. De plus, on ne peut pas dire que son jeu respirait l’efficacité, lui qui avait la fâcheuse tendance à perdre des ballons et à tourner à des pourcentages au tir médiocres (15,1 points de moyenne à 41,4 % sur l’ensemble de sa carrière). Bref, comme tous les joueurs NBA, il avait ses qualités et ses défauts.
“J’adore Jack. C’est quelqu’un d’émotionnel et on sait qu’il va prendre plusieurs fautes techniques. Mais ça fait partie du package. Il est un grand joueur d’équipe.”
Donnie Walsh (ancien dirigeant des Pacers, aujourd’hui conseiller), à propos de Stephen Jackson.
Sélectionné par les Phoenix Suns au second tour de la draft 1997, Stephen Jackson a dû attendre trois ans avant de fouler les parquets NBA, lui qui est d’abord passé par la Continental Basketball Association, l’Australie, le Venezuela et la République Dominicaine. Ce n’est donc qu’en 2000 qu’il intègre la grande ligue sous les couleurs des New Jersey Nets, avec lesquels il réalise une saison rookie correcte. Signé ensuite par les Spurs, il gagne en maturité et parvient à se faire une place dans le cinq majeur de San Antonio, où il connaît l’apogée collective avec un titre de champion en 2003. Cette année-là, en Playoffs, il fait preuve d’irrégularité en sortant des gros matchs mais aussi des non-matchs. Cependant, il se montre décisif en crucifiant d’abord les Dallas Mavericks durant le Game 6 des Finales de Conférence (24 points à 5/7 du parking), puis les Nets de Jason Kidd lors de la victoire permettant aux Spurs de décrocher le second titre de leur histoire (17 points avec trois tirs primés dans le quatrième quart-temps).
La suite, c’est un passage express à Atlanta avant l’obtention en 2004 d’un gros contrat de six ans et 38 millions de dollars pour évoluer chez les Pacers, où il s’impose comme une pièce importante de l’équipe dirigée par Rick Carlisle. Cependant, c’est un échec sur le plan collectif et il obtient officiellement une réputation de bad boy aux yeux de la ligue et du public. En effet, Indiana perd rapidement son statut de poids lourd de la Conférence Est après la bagarre du Palace, et Stephen Jackson s’illustre encore une fois de la plus mauvaise des manières en se retrouvant mêlé à une altercation dans un strip club d’Indianapolis en octobre 2006. Voulant venir en aide à trois coéquipiers dont Jamaal Tinsley, il prend une droite avant d’être heurté par une voiture. Pire, il utilise même son gun en tirant des coups de feu dans les airs, ce qui lui vaut d’être accusé de conduite irresponsable avec une arme ! Autrement dit, il brille par ses déboires et encaisse une nouvelle suspension par la ligue.
Transféré à Golden State début 2007, Captain Jack se refait une santé dans la baie de San Francisco. Associé à Baron Davis, Jason Richardson, Matt Barnes ou encore notre Mike Pietrus national, Jackson prend son pied et devient une pièce essentielle des Warriors version « We Believe », qui restent encore aujourd’hui l’une des équipes les plus excitantes de l’histoire de la NBA. Lors des Playoffs de cette année-là, Jax et Golden State réalisent un upset énorme en dégageant les Mavericks du MVP Dirk Nowitzki dès le premier tour, alors que ces derniers avaient terminé la saison régulière en tête de la Conférence Ouest avec 67 victoires. Tournant à presque 23 points de moyenne contre Dallas, il fait très mal aux Texans en plantant de nombreux shoots du parking (dont un magnifique 7/8 lors du Game 6) et en étouffant Dirk grâce à une défense physique et agressive. Cette série exceptionnelle est incontestablement l’un des grands moments de la carrière de Jackson, même si la belle campagne des Warriors s’achève ensuite très vite contre Utah.
Derrière, Stephen réalise trois saisons à un peu plus de 20 points de moyenne, deux avec Golden State et une avec les Charlotte Bobcats. En 2009-2010, il parvient notamment à emmener ces derniers pour la première fois de leur histoire en playoffs, mais la franchise de Michael Jordan ne confirme pas l’année suivante et Jackson est envoyé à Milwaukee. C’est à ce moment-là que Jax voit ses statistiques baisser drastiquement, et son très court passage chez les Bucks (seulement 26 matchs) est un flop. A 34 ans, il semble donc plus que jamais sur le déclin mais il parvient à rebondir chez…les Spurs, où il réalise d’excellents playoffs 2012 dans un rôle limité en sortie de banc. San Antonio décide toutefois de le couper l’année suivante après une embrouille avec Gregg Popovich, ce qui marque officieusement sa fin de carrière. En effet, il fait encore neuf apparitions avec les Clippers fin 2013, mais c’est plus anecdotique qu’autre chose.
“Beaucoup de gens disent du mal de Stephen Jackson, mais ils ne reconnaissent jamais le fait qu’il est un bon joueur de basket.”
Baron Davis, après la qualification des Warriors face aux Mavericks lors des playoffs 2007.
Tout au long de son parcours NBA, Stephen Jackson est resté fidèle à lui-même. S’il n’a jamais été un modèle de professionnalisme, Captain Jack a toujours eu le mérite de dire ce qu’il pensait, peu importe les conséquences. D’ailleurs, il a lui-même avoué que sa grande bouche et son caractère bien trempé ont souvent été à l’origine des transferts dont il a fait partie, lui qui a connu pas moins de huit franchises différentes en 14 saisons. On parle quand même d’un mec qui a récemment déclaré avoir fumé de la weed avant des matchs NBA, qui a menacé un jour Serge Ibaka sur Twitter, qui n’a pas hésité à dire que frapper un fan irrespectueux était kiffant et qui a balancé plusieurs punchlines sous le blaze Stak5. Bref, vous voyez un peu le personnage. Mais derrière celui-ci, on retrouve aussi un homme qui s’est beaucoup investi dans la communauté durant sa carrière, et en particulier auprès des enfants. La preuve, en mars 2008, il remporte le Community Assist Award, en l’honneur de son implication envers la population de la Bay Area. De plus, il a également crée la même année la Stephen Jackson Academy pour les gamins de Port Arthur, sa ville natale au Texas.
Au final, Stephen Jackson a réussi à laisser une empreinte sur la NBA à sa manière. Alors évidemment, pour certains, il restera avant tout celui qui a accompagné Ron Artest dans les tribunes du Palace d’Auburn Hills le 19 novembre 2004. Mais Captain Jack, c’est bien plus que ça. Vrai joueur de basket, Jax était surtout un coéquipier de grande qualité, avec sa grande gueule et son caractère bien trempé. Et ça, c’est quand même Tim Duncan qui l’a dit…