Goodbye, Mitch Kupchak : l’heure de remercier un grand architecte dans l’histoire des Lakers

Le 26 févr. 2017 à 10:24 par Bastien Fontanieu

mitch kupchak
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Dans l’immense bordel jaune et violet qui a animé cette semaine, avec Magic Johnson dans le siège du conducteur et Jeanie Buss en co-pilote, un homme a été viré après 36 ans de bons et loyaux services chez les Lakers : un certain Mitch Kupchak.

Trente-six. Trente-six années passées dans la franchise de Los Angeles, des titres et encore des titres, une montée des échelons jusqu’à atteindre le poste de General Manager, transmis idéalement par Jerry West il y a quasiment 17 ans. Regarder le bilan de Mitch Kupchak, c’est comme voir un grand film défiler devant nous. Avec ses hauts, ses bas, ses mauvais acteurs, ses très bons acteurs, son script imprévisible, ses retournements de situation. Mais derrière ce qu’on aperçoit sur l’écran se cache aussi une réalité, une qu’on ne connaît pas. C’est un réalisateur, qui s’engueule avec son co-producteur. C’est le diffuseur qui vient poser sa merde sur la table, le scénariste qui vient tout modifier et l’ingé-son qui en a marre de bosser dans de telles conditions. Quelque part, les 17 années passées en tant que General Manager ont été semblables à un putain de blockbuster hollywoodien pour Mitch Kupchak. Une sorte d’Avengers un peu foireux, avec du succès certes mais des suites parfois loupées et beaucoup de strass pour tenter de cacher la crasse en coulisses. Car si on parle bien d’un grand General Manager, ce n’est pas en se penchant uniquement sur 5 bagues remportées pendant son règne, c’est aussi en ayant conscience des aléas rencontrés par Mitch à l’arrière, pendant plus de quinze ans.

On pourrait tout lister, point par point, mais on préfère y aller de tête. Top of the dome comme on dit là-bas, symbole aussi du bordel évident dans lequel Kupchak a nagé. Depuis l’an 2000 ? Les engueulades entre Shaq et Kobe, Phil Jackson qui s’en va et revient pour finalement partir puis faire feinte de réaliser un comeback. Les affaires judiciaires du Mamba, Karl Malone qui se blesse, le décès de Jerry Buss, et par conséquent la dispute aussi quotidienne qu’insupportable entre Jim et Jeanie Buss. Est-ce qu’on cherche à couvrir Mitch intégralement et lui enlever toute part de responsabilité dans certains épisodes désastreux de ces quinze dernières années ? Non. Sinon, on ne mentionnerait pas les quatre picks envoyés contre un Steve Nash quasi-retraité. La tentation d’un Big Four ultra-lent et coaché par Mike D’Antoni, le quasi-départ de Kobe lorsque ce dernier demandait Jason Kidd en échange d’Andrew Bynum ou encore Byron Scott intégré au staff sur ces deux dernières années, avant que Luke Walton ne débarque. Sauf que tout ce merdier était aussi résultat de sa position, aussi puissante qu’inconfortable. La preuve ? Le contrat de 49 millions donné à Kobe pour ses deux dernières années en carrière : un move de Jim Buss, mais qui retombera sur les épaules de Mitch, question d’étiquette. Une autre ? Scott engagé en tant qu’entraîneur car poussé par Jeanie, elle qui voulait offrir à Kobe un ancien coéquipier pour son farewell tour. Des exemples parmi tant d’autres, bousculés par le transfert de Pau Gasol en 2008 ou Trevor Ariza repêché contre trois fois rien, eux aussi présents sur le résumé du GM.

On peut regarder le bilan de Mitch Kupchak et prendre une position habituelle : dire si c’était bien ou pas bien. Mais avant de ce faire, prenons le temps de se rappeler dans quel royaume empoisonné le General Manager devait bosser. Repartir avec 5 titres, compte-tenu des montagnes russes imposées à Los Angeles, c’était grand. Comme Mitch en fait. Hâte de voir Magic Johnson en faire de même, du moins… dans de meilleures conditions.