D’Angelo Russell lâche un airball pour la gagne : le meneur n’avait plus de glace en stock

Le 28 déc. 2016 à 08:01 par Bastien Fontanieu

D'Angelo Russell
Source image : NBA League Pass

Dure défaite pour les Lakers cette nuit (102-100), après avoir tout donné contre le Jazz et même obtenu une possibilité de l’emporter. Sur une dernière séquence laissée entre les mains de D’Angelo Russell, le meneur n’a pas vraiment délivré le stock de glace habituel dans ses veines…

La tentation, en sortie de match, était évidemment de rester focalisé sur cette ultime action, celle qui voyait les Lakers posséder deux petits points de retard sur Utah, aucun temps-mort disponible mais le ballon dans leur camp. Cependant, avant cela, plus de 47 minutes de combat acharné nous tenaient éveillés, avec de belles performances des deux côtés, notamment Julius Randle qui mettait toute la Californie sur son dos dans le money-time, et Gordon Hayward qui lui répondait avec un Joe Ingles des plus clutch à ses côtés. Résumer cette rencontre en une seule séquence, aussi triste soit-elle ? Impossible, car il y a bien plus qu’une remontée de balle un poil trop lente à débriefer sur ce genre de match. Cependant, ces 13 secondes frustrantes représentent aussi un petit symbole de la situation dans laquelle les Lakers se situent aujourd’hui, et que Luke Walton va devoir traiter au plus vite. L’entraîneur était le premier à lever la main en conférence de presse d’après-match, acceptant de prendre la rafale en plein torse afin d’éviter les fusillades médiatiques sur son meneur : si l’action était aussi brouillon, c’était par sa faute répétait Walton. Mais en même temps… était-ce vraiment le cas ? Et si oui, Russell aurait-il pu improviser autre chose ? Remettons-nous dans le contexte de cette dernière possession, afin de mieux évaluer quelles étaient les potentielles options.

Après le boulot monumental de Randle dans les cinq dernières minutes du match, le jeune intérieur loupait un lancer crucial qui donnait à Rudy Gobert deux lancers pour mettre un verrou sur la victoire. Deux points d’avance, aucun temps-mort côté Lakers, treize secondes à jouer, il suffit d’en mettre un seul, right ? Seulement, le pivot français loupe ses deux tentatives et la balle atterrit dans les mains de Julius. Télécommande, pause. Car c’est à ce moment précis que le bordel commence. Malgré un tir casse-croûte rentré deux une minute plus tôt, D’Angelo est à 1/10 au tir dont 0/2 de loin, tandis que Randle est dans un rythme plutôt prometteur. Le choix de l’intérieur, en prenant le rebond ? Donner logiquement la balle à son meneur, afin que celui-ci installe un système de dernier recours. Premier problème, Russell trottine pour placer son attaque, ce qui permet au Jazz d’installer sa défense imperméable. En affrontant un des remparts les plus sérieux du circuit, difficile de se permettre ce type de mise en place et espérer qu’un miracle se produise. Malgré les deux écrans placés par Lou Williams et Randle, Utah parvient à boucher les possibilités de passes, ce qui pousse D’Angelo à devoir improviser. Deuxième problème, isolation sur Joe Ingles, trois secondes à jouer, flèche déclenchée de huit mètres… airball. Le buzzer retentit, Nick Young récupère la gonfle et la claque sur le sol, frustration oblige. Car après les efforts de son équipe pendant 47 minutes, la toute dernière possession se transforme en cauchemar pour les jeunes Lakers.

Faut-il forcément en vouloir à D’Angelo, jusqu’à le pointer – uniquement lui – du doigt pour cette dernière séquence ? Non, évidemment. Il suffit de se mettre à la place du meneur pour comprendre la galère d’une telle situation, le bordel d’un tel scénario. Pendant que Russell s’imaginait obtenir un dernier break, Luke Walton confirmait le même sentiment : il pensait que Gobert allait rentrer son deuxième lancer, ce qui imposerait assez naturellement à Quin Snyder d’utiliser son dernier temps-mort, afin de placer une défense redoutable face aux possibilités adverses. Une fois le lancer loupé, c’est l’impro totale qui s’installe, et c’est peut-être là qu’on peut un peu plus questionner le choix de Russell. Compte-tenu de sa maladresse du soir, et la forme de Randle ainsi que celle de Lou Williams, ne fallait-il pas mieux donner le cuir à un de ces deux coéquipiers ? Et si oui, aurions-nous eu une réaction inversée, en pointant D’Angelo du doigt pour ne pas avoir ‘pris ses responsabilités ‘? Difficile de se retrouver dans les pompes du phénomène, mais telle est aussi la confiance qui a été donnée par sa franchise et qu’il a acceptée avec le sourire. Des tirs de la gagne terminés en sous-marin, on connaît un paquet de stars qui en ont vécu à leurs débuts (coucou Kobe). Et en gardant cette même confiance, Russell rentrera forcément des tirs improvisés par la suite en plein money-time. Cependant, pour le moment, il devra vivre en premier avec les conséquences liées à son rôle : celui de meneur prometteur, à qui les clés du camion ont été données pour relever la franchise.

Aussi frustrante soit-elle, cette défaite ne peut être posée sur les épaules d’un seul homme. Certes, D’Angelo Russell a craqué et son équipe a payé les pots cassés, mais c’est en revisitant cette séquence que le meneur devra apprendre… à mieux improviser. La marque des grands joueurs, qui délivrent leur équipe quel que soit le scénario imposé.

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