Charles Oakley et les Knicks, un long divorce qui fait encore mal à beaucoup d’enfants…
Le 15 nov. 2016 à 16:29 par Bastien Fontanieu
Retraité depuis 2004 et aujourd’hui installé à Cleveland, Oak est une légende vivante pour les fans de New York mais la présidence des Knicks ne semble pas en penser autant. Pourquoi une telle distance entre le bûcheron et la franchise dans laquelle il a joué le plus longtemps ?
C’est dans un long papier du New York Times publié en début de mois que l’information circulait avec une touche d’ironie et de tristesse. Né dans la cité de l’Ohio où LeBron fait désormais des merveilles, Charles Oakley avait droit à une rue à son nom, devant le lycée John Hay de Cleveland. Pour un bosseur comme lui, qui avait passé des années à retrousser ses manches pour se faire une place chez les plus grands, le symbole était aussi beau que puissant. Mais pendant ce temps-là, à près de 700 kilomètres de cette plaque devant laquelle Oakley lâchait un timide sourire, la Grosse Pomme continuait son chemin sans forcément penser à son ancien intérieur. Celui qui avait joué 10 ans au Madison Square Garden, envoyé tartes sur tartes aux côtés de Pat Ewing, participé au All-Star Game de 1994 et surtout représenté à merveille l’identité de la ville qui ne dort jamais. En fêtant les 70 ans de la franchise new-yorkaise il y a quelques jours, de nombreux vétérans étaient présents pour participer à la fête, mais Oak n’y était pas. Un divorce dont on parle entre deux bodegas, lorsque le sujet n’est pas le maillot de John Starks qui n’a pas été retiré, ou bien l’attaque en triangle de Phil Jackson. Pourtant, au sein des Knicks, on assure que les relations sont bonnes entre les anciens joueurs et la franchise, mais pour certains, le sentiment est nettement différent. Dans le cas d’Oakley, en tout cas, une chose est sûre : l’honnêteté parfois salée de Charles ne plaît pas à tout le monde, et les hauts placés de Gotham ont du mal avec ça. Oak est le premier à vouloir tendre la main… mais à sa manière, ce qui peut parfois compliquer les choses.
“Le boss ne m’aime pas,” disait Oakley la semaine passée. “Je n’aurais aucun problème à dîner à table avec Dolan. Je n’aurais aucun problème à lui faire à manger.”
Pause.
“Peut-être que je mettrais quelque chose dans son plat, peut-être !”
Pause.
“Mais bon, au moins 15 personnes ont tenté de mettre en place un rendez-vous. Il ne le voudra pas. Je veux parler avec lui, qu’on soit lui et moi dans une salle. Et qu’on ferme la porte, qu’on la ferme !”
Nouvelle pause.
“Bon, il peut avoir la police devant la porte.”
Entre James Dolan, qui est ce boss dont Oakley parle, et lui-même qui ne souhaite pas changer sa façon d’agir ou au moins de se présenter, la situation est évidemment cimentée et souvent triste pour les fans des Knicks de Pat Riley. Car comme Barry Watkins – porte-parole du MSG – l’a rappelé sans douter une seule seconde, la franchise est prête à ouvrir ses bras mais Charles enchaîne les bourdes qui ne peuvent que fumer le management en place. Ce sont des stars, parfois intégrées au projet et qui sont immédiatement critiquées par Oakley, comme les entraîneurs ou membres du staff. C’est LeBron, qui en 2010 avait été contacté par Oakley lui-même, lui indiquant qu’il était préférable de ne pas signer chez les Knicks. C’est aussi Dolan, le Sauron préféré des new-yorkais, qui recevait insulte sur insulte lorsqu’il fallait en parler. Autant d’éléments qui n’ont qu’augmenté la distance entre le joueur et son ancien club, sauf que les deux clans se tournent désormais le dos et chacun pointe l’autre du doigt. Pour Charles, par exemple, cette situation est incompréhensible et il affirme que les Knicks auront un jour besoin de lui. Une position audible, mais qui n’arrangera rien comme de nombreux anciens coéquipiers lui ont dit par le passé. Un peu d’eau dans le vin ? Voilà qui pourrait arranger bien des choses, mais avant que cela ne se produise la situation restera inchangée. Charles Oakley vivra à Cleveland, dans une ville où il n’a jamais joué lorsqu’il était en NBA. Les Knicks continueront leur route à New York, sans une légende identitaire qui mérite sa place au plafond du MSG.
Les fans des années 90 qui ont connu la bande à John Starks ne pourront qu’avouer le rôle fondamental du Oak dans la réussite des Knicks. Seulement, si les fans peuvent se mettre sur la même partition, les hauts-placés de Gotham ne bougeront pas tant que Charles n’aura pas changé. Et demander à un quinqua de devenir doux comme un agneau, après avoir été un enfoiré professionnel dans la Ligue, c’est forcément compliqué. Triste, et compliqué.
Source : New York Times