Les Nets ont réussi leur première à domicile : normal, on y était !

Le 29 oct. 2016 à 11:36 par Simon Capelli-Welter

Brooklyn Nets - Barclays Center
Source : Simon Capelli-Welter

Première de la saison à Brooklyn pour des Nets promis à une longue saison, et sans doute une défaite inaugurale. Première bonne surprise, avec un match accroché et finalement carrément gagné face à des Pacers promis aux playoffs. Première soirée et première victoire donc, dans un Barclays Center qui ne demande qu’à y croire.

Il faut acheter un truc à Bernard“. Dans la boutique du Barclays Center, ça parle français de partout. La plupart essayent des casquettes. Il y’a bien une vingtaine de modèles. Des noires, des grises, des blanches. Avec le logo actuel, avec écrit Brooklyn dessus, avec le logo des New York Nets, l’ancêtre qui a participé à la ABA puis à la NBA. Il y’a aussi des bonnets. Certains ont des pompons… Les deux premiers points à domicile des Nets sont inscrits par Brook Lopez. Dès ce premier quart-temps, Brook rate deux trois-points depuis le corner droit. Il joue plutôt au large, mais au moins la Motion Offense voulu par Kenny Atkinson est bien en place. Lin dirige la manœuvre devant une salle quasi pleine. Quelques sièges sont vides en bas, le niveau supérieur est plein. Au dixième rang de la section 211, un rang d’adolescentes se fait vite entendre. Et fort. Elles sont sept. Elles commenteront le match du début à la fin. «D-fense, tie your shoes, why?». Un rang plus bas, une jeune femme parle à Paul George comme s’il pouvait l’entendait. Elle lui dit qu’elle l’aime. Sur son iPad, elle a choisi de mettre un gros plan du visage de PG13 en fond d’écran.

Myles Turner et Thaddeus Young dominent la raquette des Nets. Coach Atkinson prend son premier temps mort, 18-12 Pacers. Rodney Stuckey s’est fait mal sur sa dernière pénétration, il sort en rampant. Les maillots des Nets retirés au plafond sont noirs et blancs. L’histoire des New Jersey Nets, qui jouaient en bleu et rouge, a été revisitée pour coller au thème actuel. Les Brooklyn Nets sont en reconstruction. Peu les voient gagner plus de 20 victoires dans la saison. Vasquez, Harris, Kilpatrick, Scola et Hamilton : le deuxième cinq des Nets ne fait que prendre, et rater, des trois-points. Joe Harris, enfin, réussit le huitième. Les Pacers mènent 22-15. Hamilton est plutôt correct dans son rôle de premier intérieur remplaçant Il écarte le jeu, se bat au rebond offensif, et apporte même un semblant de défense. Les Nets, qui portent leur nouveau maillot alternatif gris anthracite, sont appliquées, mais les Pacers leur semblent un cran supérieurs. Paul George en particulier. Il dribble, fixe son défenseur, attaque le cercle. La voisine à l’Ipad s’enflamme: «Cross him Paul, cross him! Yeah». PG est aux lancers-francs «I love you Paul». Pas impossible qu’elle ait des coussins à l’effigie de Paul George chez elle. 27-20. Fin du premier quart-temps, arrivée des Broklynettes. Les sept adolescentes connaissent les paroles de toutes les chansons utilisées par la troupe de cheerleaders.

Trevor Booker et trois autres titulaires des Nets, Lin, Lopez et Bogdanovic, entament ce second quart-temps. Sur une contre-attaque, Sean Kilpatrick dunk sur une passe dans le dos de Lin. Les Nets retrouvent Brook Lopez à l’intérieur. Les Nets recollent, 30-28 Pacers. La voisine encourage Paul George même quand il n’est pas sur le terrain. Les Nets continuent d’alimenter Lopez à l’intérieur. Pris à 2, il trouve Kilpatrick à trois-points ; 31-30, les Nets passent devant pour la première fois du match. La voisine se rend compte qu’elle a confondu CJ Miles et Paul George le temps d’une action. Vasquez revient en jeu, le tatouage sur son épaule est vraiment hideux. Lin revient vite, il est applaudi. Justin Hamilton prend un nouveau rebond défensif et rentre son trois sur l’attaque qui suit. Kenny Atkinson dit de lui qu’il est «system fit». Scola marque sur un pick and roll avec Lin. 43-41 à quatre minutes de la mi-temps. La voisine se marre toute seule. PG rate un shoot. La voisine est toute triste. Les ados, elles, se poilent. Elles ont décroché du match. L’une d’elles montre des photos d’un mec sur son téléphone. L’autre se moque. Paul George est à nouveau sur la ligne. Il met les deux. «That’s right, shut’em up. Lov’u» lui déclare la voisine. Les Nets sont devant à la mi-temps, grâce à ce dunk de Booker sur une remise en jeu de Booker ligne de fond. Paul George rate son tir depuis le logo au buzzer. La voisine envoie des SMS.

Grosse chorégraphie et gros son à la mi-temps. Ambiance Brooklyn. La bande de filles est partie s’approvisionner, la voisine est au téléphone. Elle est énervée: 48-52 , les Pacers sont menés, et shootent avec 37% de réussite à la mi-temps. Une épaisse odeur de saucisse se fait sentir quand débute la seconde mi-temps. Les Pacers font un run. L’ado à la voix aiguë n’est pas contente: «Do they know what Défense is? My gosh!». Puis elle gueule comme une malade quand les Pacers sont aux lancers-francs. Il faut dire qu’elle y est invitée, comme toute la salle, via l’écran géant. Les Nets passent par Lopez à l’intérieur, les Pacers par Paul George à la création. Jeff Teague, bien défendu, a du mal à poser le jeu, et Monta Ellis joue pour lui. Paul George se crée trois-points, ficelle. La voisine apprécie. Turner et Young continuent leur chantier. Les Nets ont un gros coup de mou. Vasquez réussit à gratter trois lancers. Nouveau drive de PG13. «They can’t fucking with u» claque la voisine. Les Pacers font un vrai écart. KS Life rentre en jeu. La salle digère la bouffe ingurgitée à la mi-temps. Passe décisive de Paul Geoge, «yeah, that’s an assist»: la voisine l’a sans doute en fantasy league. PG dribble sur place pendant que s’écoulent les dernières secondes de ce troisième quart-temps. Il décide d’y aller. D’abord passé sur le dribble, Hollis-Jefferson lui pique la balle par derrière. Lin part en contre attaque. Faute. Lin met ses deux lancers, 79-72. Les Nets s’accrochent. Le public se recharge en bière, la sono passe Rihana, «Work work work work work».

Grosse ambiance au début du quatrième quart-temps, certains sont même debout. Trevor Booker se bat sur tous les ballons, prend confiance, s’offre un dunk après un spin-move. Jérémy Lin, qui alterne bien de son rôle de meneur-scorer, conclut à nouveau en drive, et permet au Nets d’être à seulement un point à huit minutes du terme. Nate Mc Millan fait rentrer Myles Turner et Paul George. Pourtant, les Nets passent devant, 87-85 sur un panier d’Hamilton. Le deuxième cinq des Nets fait le taf. Temps-mort, des mecs tirent des t-shirts à la sulfateuse, la salle en veut. Sean Kilpatrick aussi : gros trois sur la tête de Turner. Brooklyn mène 91-85. Les joueurs d’Atkinson maximalisent leur talent, surtout en attaque, où ils appliquent bien son système. Renversements de jeu et écran sur les tireurs pour allumer de loin, et pick’n’roll Brook-Lin quand ça compte vraiment. Une dernière fois, Brook Lopez est servi poste bas. Une fois de plus, Myles Turner ne peut rien faire. La bande de fille trouvent finalement que les Nets ne sont pas si nuls. À deux minutes de la fin, ils ont même dix points d’avance, 99-89. Les ados crient, la voisine s’en va. D’abord aux lancers puis d’un dernier shoot à mi-distance, Jérémy Lin valide cette victoire des Nets. Ils laissent couler les dernières secondes balle en main, en dribblant sur place. Il offrira ensuite le ballon de cette victoire à son coach.

Dans la salle, les «Brook-lyn, Brook-lyn» résonnent. Le public a bien aimé ce qu’il a vu : cette équipe ne gagnera peut-être pas beaucoup de matchs, mais elle se bat en défense et se montre intelligente en attaque. Certains commencent même à se dire qu’avec un Lin à ce niveau, avec un Brook Lopez qui s’y retrouve dans cette attaque, surtout si c’est poste bas, et un shooteur dans un bon soir comme a pu l’être Kilpatrick en ce vendredi, elle pourrait peut-être gagner d’autres matchs. En attendant, cette équipe a déjà battu Indiana…