Paul Pierce, le dernier tour : la vérité n’illuminera bientôt plus les parquets NBA

Le 13 oct. 2016 à 19:20 par Alexandre Martin

Paul Pierce
Source : YouTube / Comcast Sportsnet

C’est bien connu, il n’y a que la vérité qui blesse. Surtout quand elle vient d’un jumpshot assassin délivré de main de maître par un Paul Pierce jamais en reste lorsqu’il s’agit d’en finir avec un match ou un adversaire, de balayer de ses moves millimétrés tout le suspense et la pression d’une rencontre. En 2008, LeBron James puis Kobe Bryant l’ont d’ailleurs appris à leurs dépens en Playoffs quand ils n’ont pu que subir la loi de ces Celtics emmenés par ce numéro 34 qui finira MVP des Finales… 

Lors du match 7 des Demi-Finales de Conférence cette année-là, Paul Pierce permit à ses Celtics de résister aux Cavs d’un LeBron qui envoya 45 points à 14/29 au tir. Comment ? Tout simplement en posant sur la table 41 points à 13/23 au shoot. Quelques semaines plus tard, les Celtes seront champions NBA et Pierce élu MVP des Finales donc après avoir fait le boulot encore une fois contre les Angelinos de Kobe en Finales. Pourtant Pierce n’a jamais été au niveau du Cavalier ou du Laker en termes athlétiques. Pourtant, il n’a jamais dégagé la même impression de vitesse et de puissance que le King et le Mamba. Il en est même assez loin. Mais ses fondamentaux en béton et sa capacité à se créer de l’espace pour un tir en un pas ou en utilisant à merveille son derrière bien moelleux associés à cette qualité, cette variété dont il a fait preuve au tir, ont fait de lui un attaquant tellement compliqué à défendre comme l’a fait un jour remarqué Doc Rivers, coach de Pierce pendant neuf années à Boston :

Il joue lentement. Les gens pensent que tout doit être rapide. Je dis souvent que pendant que certains vous battent avec leur vitesse, Paul vous bat avec son footwork. Il en est le roi.

Paulo, le roi du footwork ? Pourquoi pas ! Chez les ailiers, il fait en tous cas partie de la crème de la crème. Il n’a pas vraiment besoin d’écran pour se mettre en position de tir, pour se débarrasser – le temps d’une seconde – de son défenseur. Il le fait à coup de footwork, de feintes, de fadeaways, de step-backs et tous ces autres tirs qui nourrissent sa fabuleuse panoplie offensive. On a la sensation qu’il joue lentement mais Pierce est bel et bien un faux lent qui arme très vite et dégaine avant que son garde du corps n’ait le temps de se replacer, de se remettre en position. Pierce est un prédateur, un scoreur qui sait profiter de la moindre occasion pour attaquer sa proie et lui faire entendre la vérité.

“Il représente une opposition très difficile. Il est puissant. Il est capable de faire des step-throughs, des step-backs ou de jouer en pivot pour se débarrasser des défenseurs.” — Phil Jackson

Coach des Lakers lors de la défaite en Finale en 2008 puis lors de la victoire en 2010, Phil Jackson a eu l’opportunité de voir de près ce Paul Pierce peut proposer dans les grands matchs, ce qu’il peut imposer à ces défenseurs dans ce genre d’occasions. Avant cela, le grand Phil avait déjà pu constater ce dont Pierce était capable. Un soir de mars 2001 (le 13 exactement), les grands Lakers de Shaq et Kobe – coachés donc par le Maître Zen – ont très difficilement battu (112-107) les petits Celtics d’un Paul absolument monstrueux, gratifiant le public pourpre et or de 42 points à 13/19 au tir. Après la rencontre, O’Neal déclara d’ailleurs à Steve Bulpett du Boston Herald :

Mon nom est Shaquille O’Neal et Paul Pierce est la pu**** de vérité. Citez-moi là-dessus et n’enlevez rien. Je savais qu’il savait jouer mais je ne savais pas qu’il pouvait jouer comme ça. Paul Pierce est La Vérité.

Et depuis, ce surnom n’a jamais quitté Paul Pierce. Il faut dire qu’il lui va si bien… Boston n’avait clairement pas eu un joueur aussi talentueux depuis Larry Legend. Ils ne sont que trois dans l’histoire à avoir planté plus de 20000 points sous le maillot celte : John Havlicek, Larry Bird et Paul Pierce. Et de toutes façons, sans même parler du fait qu’il va intégrer cette saison le top 15 des scoreurs les plus prolifiques de tous les temps, notre Paulo est partout dans les tablettes de records des Celtics : plus grand nombre de 3-points réussis All-Time, plus grand nombre de points inscrits dans un match au TD Garden (50), plus vieux Celtic à planter 40 points (35 ans et quelques), plus grand nombre de points marqués en une mi-temps (46) et on en passe. Sans oublier que, dans l’histoire de la franchise, il est troisième en termes de matchs joués, deuxième en points marqués, cinquième en passes décisives, septième au nombre de rebonds et premier en ce qui concerne les interceptions. PAR-TOUT.

Et un vrai celte dans l’âme. Car, quand il a annoncé sa retraite et donc que 2016-2017 serait sa dernière année sur les parquets, nous le voyions déjà se laisser mourir petit à petit sur le banc finir tranquillement chez les Clippers en Californie, près des siens finalement, de ses origines (il est né à Oakland). On pouvait comprendre mais le voir tirer sa révérence en tant que Celtic est tout de même quelque chose qui aurait tellement de sens qu’il était difficile de l’imaginer autrement. Et la bonne nouvelle est tombée hier, ce sera bien le cas. C’est en vert que Paul Pierce fera ses adieux de joueur au monde du basket. Oui monsieur. OUI.

Aujourd’hui, on parle encore de Paul Pierce le joueur au présent mais demain, il faudra utiliser le passé. Pour autant, une chose restera immuable : avec Paulo, la Vérité n’a pas fait que blesser. Elle a tué. Des matchs, des équipes adverses, des carrières ou encore le moral de jeunes et moins jeunes opposants. Il n’aura peut-être pas droit à une sortie à la Kobe car c’est moins son style mais les hommages vont tomber car PP34 est une légende de la balle orange, un futur Hall of Famer dont le maillot sera retiré par les Celtics et le dernier match au TD Garden – le 5 février prochain – sera bien évidemment immanquable rien que pour l’ovation interminable qu’il va y recevoir… 


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