C’était il y a seulement 10 ans – Clippers : Elton Brand met fin à de nombreuses années de lose

Le 30 juil. 2016 à 21:55 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour des Los Angeles Clippers…

Bilan : 47-35, 6ème à l’Ouest

Le 5 :  Sam Cassel – Cuttino Mobley – Quiton Ross – Elton Brand – Chris Kaman

Le banc : Shaun Livingston – Daniel Ewing – Corry Magette – Vladimir Radmanovic

Le MVP : Elton Brand, 24,7 points, 10 rebonds, 2,6 passes, 2,5 contres, 1 interception. All-Star & All-NBA Second Team

A l’été 2005, les Los Angeles Clippers ont encore l’étiquette des losers ultimes. En même temps, depuis que la franchise a déménagé de Buffalo en 1978, ils n’ont fait que trois séries de Playoffs pour autant d’éliminations au premier tour… Cependant, le front office, dirigé par Elgin Baylor, réalise plutôt du bon boulot sur le début des années 2000. Aucun free agent n’est attiré par la franchise, malgré l’attractivité de Los Angeles, mais ils sont parvenus à monter un échange pour faire venir l’ailier-fort Elton Brand en 2001, qui a dans la foulée eu sa première sélection au All-Star Game. Derrière son franchise player capable de poser du 20/10 tous les soirs en plus d’une grosse défense, les dirigeants ont construit des effectifs intéressants chaque année, mais l’alchimie ne prend jamais, la faute aux blessures et à l’inexpérience. Néanmoins à force d’échanges intelligents et de bons choix de Draft – Chris Kaman en 2003 et Shaun Livingston en 2004 -, l’équipe progresse. A l’été 2005, ils signent même l’arrière Cuttino Mobley, le premier agent-libre de gros calibre à rejoindre la franchise depuis… les années 70, en exagérant à peine. Le scoreur vient remplacer Bobby Simmons, élu MIP l’année précédente, mais qui a préféré signer aux Bucks. Enfin, les Clippers réalisent deux moves pour régler les soucis de l’équipe au shoot. C’est d’abord le meneur vétéran Sam Cassel qui arrive en provenance des Wolves contre Marko Jaric, puis l’intérieur fuyant Vladimir Radmanovic qui débarque de Seattle en échange de Chris Wilcox. L’effectif qui a posté un bilan de 37-45 l’année précédente a été grandement améliorée, et pour la première fois depuis bien longtemps, les Clipps sont attendus en Playoffs…

… et ne déçoivent pas ! L’équipe coachée par Mike Dunleavy Sr. débute la saison par un départ canon avec 14 victoires pour 5 défaites. Elton Brand, très solide depuis son arrivée en NBA, a activé le mode superstar et sort une saison monstrueuse à 24,7 points, 10 rebonds et 2,5 contres, forcément synonyme de sélection en All-Star Game, sa deuxième après son baptême en 2001. Comme les recrues Mobley et Cassel contribuent immédiatement et que les jeunes Livingston et Kaman continuent leur progression, l’équipe fait mieux que tenir tête aux grosses écuries et prend quelques victoires de prestige face aux Spurs, aux Suns, au Heat ou encore aux Mavericks. Elgin Baylor est ainsi nommé Executive of the year, 20 ans après son arrivée. Seule ombre au tableau, Corey Magette, qui avait sorti sa meilleure saison en carrière à plus de 22 points l’année précédente, ne joue que 32 matchs à cause d’une blessure au pied. Heureusement, l’ailier revient pour la fin de la saison régulière et les Playoffs.

Et oui, avec un bilan de 47 victoires pour 35 défaites, les Clippers sont en post-season. La franchise de la lose ultime est à plus de 50% de victoires pour la première fois depuis… 1993, et se qualifie pour les P.O. pour la première fois depuis 1997. Les dirigeants ont déjà de quoi sabrer le champagne, mais leur équipe leur donne encore davantage de raisons. Malgré leur 6ème place, les Clipps jouent les Denver Nuggets au premier tour… avec l’avantage du terrain. C’est toute la magie du système de division, qui fait que les champions des trois divisions ont accès aux trois premières places, sans pour autant leur donner l’honneur de commencer la série à la maison si leurs adversaires ont un meilleur bilan qu’eux. Avec trois victoires supplémentaires, c’est le cas de la franchise de Los Angeles. Les Angelos remportent leur premier match de Playoffs depuis 1993 avec un Game 1 sauvé de justesse à 89-87. Puis ils gagnent leur série 4-1 avec une attaque très équilibrée, et passent ainsi en demi-finale de Conférence : cette fois il faut remontrer à 1976, alors qu’ils étaient encore sous le nom des Buffalo Braves, pour trouver un tel exploit. Au second tour, ce sont les Suns du double MVP Steve Nash, qui se dressent face à eux. La franchise de l’Arizona vient d’échapper de justesse aux voisins Lakers en gagnant la série 4-3 après avoir été mené 3-1. Avec toutes ces conditions exceptionnelles, les Clippers suscitent un vrai engouement et sont enfin pris au sérieux, comme jamais auparavant. L’équipe Californienne s’appuie sur sa puissance au rebond pour contrer le small ball ultra rapide de Phoenix. Au Game 2, ils l’emportent en prenant 57 boards tout en n’en laissant que 26 à leurs adversaires. Malheureusement, ils manquent le break au Staples Center au match suivant. Le tournant de la série sera le Game 5 dans l’Arizona, alors que les équipes sont à 2-2. Le match va en double prolongation et les hôtes s’imposent, avant d’aller conclure la série deux matchs plus tard pour un bilan final de 4 à 3. Les Clippers sortent la tête haute et on se dit qu’ils en ont enfin fini avec leurs années de lose. Sauf que la poisse qui leur a donné leur réputation n’est pas partie : Shaun Livingston se blesse gravement en 2007, suivi par Elton Brand l’année suivante, ruinant ainsi tout espoir de Playoffs…

Le moment marquant de la saison : Game 5 des demi-finales de Conférence, Elton Brand s’arrache mais ne parvient pas à éviter la défaite de son équipe en double prolongation. 

Cette saison-là Elton Brand est passé dans la dimension superstar, et après avoir été nommé dans la All-NBA Second team, il ne compte pas s’en arrêter là. Sa série face à des Suns friables à l’intérieur est tout simplement monstrueuse : 30,9 points à 59% (et 77% aux lancers), 10,4 rebonds, 4,6 passes, 1 interception et 3 contres de moyenne. Le rookie de l’année 2000 s’occupe de tout : défense, finition, création, il martyrise la raquette de Phoenix.

Dans un match 5 qui permettra au vainqueur de s’offrir deux occasions de conclure la série, le franchise player des Clippers sort une performance digne de son rang avec 33 points, 15 rebonds, 5 passes et 5 contres en plus de 54 minutes sur le parquet, en prenant ses responsabilités dans le 4ème quart-temps. Malheureusement, les Californiens vont craquer lors de la deuxième prolongation, épuisés par l’activité incessante d’un Shawn Marion qui finit le match à 36 points et 20 rebonds . Après cette défaite cruelle, l’équipe de Brand va perdre la série, mais s’est néanmoins fait une nouvelle réputation. L’ailier-fort est annoncé comme une des futurs têtes d’affiche de la Ligue. Sauf que la poisse des Clippers est légendaire : le tendon d’Achille de son pied gauche va se rompre en 2007, et l’empêcher de retrouver ce niveau exceptionnel. Elton Brand est une potentielle superstar de plus qui nous a été retirée à cause d’une blessure : un gars efficace sur le terrain, et à la tête bien faite, en témoigne son NBA Sportmanship Award reçu cette même année…

10 ans plus tard, Elton Brand est presque en retraite, et c’est un autre ailier-fort et premier choix de Draft qui a placé les Clippers sur la carte NBA. Choisi en 2009, Blake Griffin a été élu All-Star dès sa première année, et avec les renforts de Chris Paul et DeAndre Jordan, il a sorti un peu la franchise de sa réputation de loser. Les Clippers n’ont pas dépassé les demi-finales de Conf’ mais ils vont en Playoffs et se sont établis en bastion de l’Ouest. Cependant, le duo Paul – Griffin sera en fin de contrat l’an prochain, et malgré les déclarations de Doc Rivers, il serait préférable que les Clippers atteignent au moins les Finales de Conférence pour la première fois de leur histoire, sans quoi les dirigeants pourrait avoir des sueurs froides à l’été 2017.

Source image : todaysfastbreak.com


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