Alvin Robertson : entre quadruple-double, mandale du Shaq et vols de cuir à outrance

Le 22 juil. 2016 à 19:35 par Alexandre Martin

Alvin Robertson

Il n’est pas au Hall of Fame, il n’a pas de bague. Et pourtant, Alvin Robertson a laissé une sacrée marque dans le livre d’histoire de la Grande Ligue. Et pas seulement la marque de cette bonne grosse mandale distribuée par le Shaq un soir de mars 1993 et qui a provoqué une échauffourée entre Pistons et Magic ainsi que l’expulsion du pivot encore tout jeunot. Cette mandale fut la réponse à quelques mots doux sussurés à l’oreille d’O’Neal et aussi, sûrement, une sorte de retour de bâton de la part de tous les joueurs qu’Alvin a dépossédés du ballon ou simplement étouffés sur les parquets lors de ses 10 saisons en NBA.

Nous sommes donc le 30 mars 1993, le Magic du rookie Shaq, Scott Skiles et Nick Anderson reçoit les Pistons d’Isiah Thomas, Dennis Rodman et Alvin Robertson donc. Nous sommes vers la fin d’un match que les locaux sont en train  de gagner assez tranquillement. Mais O’Neal est un peu frustré. La défense des Pistons est en train de le contenir comme rarement cela lui est arrivé sur la saison malgré son jeune âge (21 ans). Au poste bas, le Shaq essaie d’enfoncer ce bon vieux Bill Laimbeer qui le ceinture pour l’envoyer sur la ligne plutôt que de le laisser marquer. Shaq s’énerve, Laimbeer s’écarte de suite et c’est notre ami Alvin (1m91 pour environ 85 kilos) qui vient s’interposer face aux 125 kilos – oui, il était encore tout léger à l’époque – du monstre floridien. Les deux joueurs se toisent et Robertson murmure visiblement quelques mots d’amour à Shaq qui craque et lui envoie une bonne vieille gifle du droit en plein dans la face. Alvin ne se démonte pas et veut répondre mais les arbitres et quelques autres joueurs séparent les deux “combattants”. O’Neal sera expulsé mais cette mandale restera dans les mémoires et il est clair que bon nombre de gars ayant affronté Alvin Robertson les années précédentes se sont réjouis de voir le Shaq les venger d’un coup de paluche…

Car Alvin était un défenseur plutôt du genre féroce dans la plus pure lignée des pittbulls sévissant sur les lignes extérieures. Athlétique, muni de long bras et de mains rapides, il était très collant mais il était avant tout un voleur inspiré, un pickpocket vicieux, un chapardeur au nez fin et toujours prêt à bondir sur une ligne de passe ou dans les mains d’un joueur qui ne protègerait pas suffisamment le précieux cuir orange… Alvin Robertson a détroussé tant de basketteurs à chaque fois qu’il a foulé un parquet qu’il mérite certainement ce titre – non-officiel mais très sérieux – de plus grand voleur de ballons que la NBA ait connu. Drafté en 1984 par les Spurs et assez discret lors de sa première saison, Alvin va poser les bases de son style dès sa deuxième année. 82 matchs joués en tant que titulaire : 301 interceptions réalisées soit 3,7 par match ! Un record absolu qui tient toujours aujourd’hui et qui lui vaudra d’être élu défenseur de l’année, en 1986 donc. Il sera également MIP cette année-là. Forcément quand un gars passe de 9 à 17 points, de 3,4 à 6,3 rebonds, de 3,5 à 5,5 caviars et de 1,6 à 3,7 vols, ça se voit… Et ça se voit d’autant plus que le sophomore n’a rien trouvé de mieux que d’envoyer un quadruple-double un soir de février 86 face au Suns : 20 points, 11 rebonds, 10 passes décisives et 10 interceptions. Il est encore à ce jour le seul joueur extérieur à avoir réalisé un quadruple-double dans l’histoire de la Grande Ligue, le seul à l’avoir fait avec les interceptions, les trois autres étant des intérieurs (Nate Thurmond, Hakeem Olajuwon et David Robinson) et donc avec le contre comme quatrième catégorie statistique. Voilà qui pose le niveau du garçon mine de rien.

Il restera en tout 5 ans à San Antonio et enfilera les trois exercices suivants à 3 interceptions ou plus de moyenne. Un voleur on vous dit. Il passera ensuite par Milwaukee et Detroit donc où il continuera à chiper du ballon, à couper des passes sans jamais descendre sous les 2,2 de moyenne sur un exercice. Même pour sa dernière saison sous le maillot des Raptors en 1995-1996 – après deux ans sans jouer pour cause de gros problèmes au dos – il tournait encore à plus de 2 interceptions par soir ! Et attention, si le vol était sa spécialité, Alvin Robertson n’en restait pas moins un basketteur très complet. Au delà de sa performance Sa meilleure saison statistique (1987-1988 avec les Spurs) présente une ligne de chiffres bien chatoyants : 19,6 points, 6,8 passes décisives, 6,1 rebonds et 3 interceptions. Un voleur fabuleux et un arrière très sérieux, voilà une bonne façon de résumer le profil de Monsieur Robertson. Sérieux, combatif, défensif et suffisamment talentueux pour prendre un match à son compte quand son équipe en a vraiment besoin. Comme le 1er mai 1990 où il planta tout simplement 38 points accompagnés de 8 rebonds et 7 offrandes face aux Bulls d’un Michael Jordan injouable, afin d’éviter à ses Bucks un sweep qui semblait inévitable au premier tour de Playoffs.

Alvin Robertson a quitté la NBA avec la marque de l’immense paluche du Shaq sur la joue mais en y laissant lui aussi une marque, celle d’un joueur ultra-complet et d’un voleur inarrêtable qui – au delà du record d’interceptions en moyenne sur une saison – détient tout simplement celui de la plus grosse moyenne de vols en carrière (2,71). Il devance ainsi de sacrés spécialistes comme John Stockton (le plus prolifique de l’histoire) ou Michael Ray Richardson, Mookie Blaylock ou Michael Jordan. Encore un gros client finalement trop peu connu par rapport à ce qu’il a donné sur les planches…

Quadruple-double…

Source : YouTube / NBA


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