C’était il y a seulement 10 ans – Bulls : quand Chicago commençait enfin à se remettre du départ de Jordan

Le 20 juil. 2016 à 21:00 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, c’est au tour des Chicago Bulls

Bilan : 41-41, 7ème à l’Est

Le 5 :  Kirk Hinrich – Ben Gordon – Luol Deng – Andres Nocioni – Tyson Chandler

Le banc : Chris  Duhon –  Darius Songalia – Mike Sweetney – Malik Allen

Le MVP : Ben Gordon, 16,9 points à 43,5% à 3 points, 3 passes, 2,7 rebonds

Au début de la saison 2005-2006, les Bulls commencent enfin à se remettre de la retraite de Jordan. En effet, ils viennent d’atteindre les Playoffs pour la première fois depuis sa retraite en 1998, grâce à l’apport assez inattendu de leur trio de rookies. Ben Gordon, 3ème pick, est déjà un shooteur d’exception et a fini meilleur 6ème homme de l’année. L’ailier Luol Deng, sélectionné en 7ème position, apporte lui aussi sa dizaine de points et est également nommé dans la All-Rookie 1st Team aux côtés de son compagnon de classe. Même le meneur Chris Duhon, sélectionné au second tour, apporte de solides minutes en back-up de Kirk Hinrich. Ajoutez à cela l’arrivée dans le cinq de départ de l’ailier-fort argentin et champion olympique Andres Nocioni, et la franchise est relancée. Cependant, le front office décide d’envoyer à New York l’intérieur Eddy Curry, qui s’est révélé en tournant à plus de 16 points sur la saison. Point d’ancrage offensif essentiel dans la raquette, le pivot a manqué la fin de saison pour des problèmes respiratoires, ainsi que d’autres matchs en cours de saison pour un pouls irrégulier, mais refuse de faire les tests cardiologiques demandés par la franchise. Il est donc échangé aux Knicks contre le pivot Michael Sweetney, Tim Thomas et un premier tour de Draft 2006. Pour compenser son départ et afin de consolider la rotation poste 5, la franchise de l’Illinois a re-signé Tyson Chandler.

Malheureusement, l’absence de Curry se fait ressentir dès le début de la saison. Sans point d’ancrage dans la raquette, les Taureaux vivent et meurent par leur tir. Chandler et Sweetney sont plus proches du genre “mains carrées incapables de s’éloigner au-delà de la distance de dunk” que du genre “mains de velours artiste du footwork”. De l’autre côté du terrain en revanche, le duo ferme efficacement la raquette de Windy City, ce qui permet de grappiller des victoires quand les shooteurs ont la main chaude. Cependant les Bulls sont à la traîne dans la Conférence Est et affichent un bilan de 29 victoires pour 39 défaites le 22 mars. A part un énorme coup de chaud sur la fin de saison, ils peuvent faire une croix sur les Playoffs. Mais justement, Chicago devient imprenable avec 12 victoires sur les 14 derniers matchs, dont 6 à l’extérieur et 2 contre Philadelphie, concurrent direct pour les dernières places qualificatives. Mieux, ils collent une bonne taule des familles au Heat de Miami à trois journées de la fin : 117-93 dans la tronche du duo Wade-Shaq, qui se profile comme leur futur adversaire de Playoffs. En effet, avec ce rush final, la franchise de Jojo termine à un bilan parfaitement équilibré et accroche la 7ème place.

Arrivé en post season, la franchise floridienne est bien moins facile à prendre. Cependant, les Bulls leur tiennent tête en ne s’inclinant que de peu sur les deux premiers matchs et en remportant les deux suivants au United Center. Le trio Gordon – Deng – Hinrich est très en forme, et quand les shoots commencent à rentrer, la ligne arrière devient très compliquée à défendre. Malheureusement pour Windy City, le shoot de Gordon s’enraille sur les deux matchs suivants – 3/17 puis 7/18 – tandis que Wade vient coller 28 points au match 5 et que le Shaq écrabouille la raquette chicagoane au Match 6 avec 30 points et 20 rebonds. C’est donc une deuxième élimination au premier tour en deux ans, mais il y a également la satisfaction de voir la franchise enfin relancée. D’ailleurs, Chicago n’a eu un bilan négatif qu’une année depuis cette saison. Et cette année en dessous des 50% leur a permis d’obtenir le premier choix de la Draft 2008 et ainsi faire venir l’enfant du pays, Derrick Rose, pour former avec Ben Gordon un des backcourts les plus prometteurs de la Ligue. Sans grands résultats, ce groupe aura au moins fait vivre aux fans quelques moments exceptionnels en Playoffs, dont une série légendaire face aux Celtics en 2009.

Le moment marquant de la saison : les Bulls gagnent le premier match de la saison face aux Bobcats, en prolongation, après avoir été menés 91 à 68.

Pour le premier match de la saison, Chicago reçoit Charlotte au United Center. Pendant trois quarts temps, le match est une boucherie à sens unique de la part des Bobcats, et on se dirige vers un garbage time habituel en NBA. Les Taureaux alignent un 5 très atypique au début du 4ème quart : Chris Duhon – Eric Piatowski – Ben Gordon – Tyson Chandler – Michael Sweetney. Ils commencent alors leur remontée fantastique : les deux gros verrouillent la raquette, de sorte que les Bobcats ne marqueront que 9 points sur le quarts-temps. Piatowski, sorti du fond du banc, plante trois tirs du parking – et n’en mettra que six de plus sur le reste de la saison – tandis que Sweetney sort des petits moves inattendus au poste. A partir de là, tout le monde prend feu côté Chicago : Piatowski garde la main brûlante, Darius Songalia rentre tout, et Ben Gordon, jusque là complètement à côté de la plaque – 4/18 sur le match – y va aussi de sa bombinette. On l’a souligné : sans Eddy Curry, Windy City est dépendante de son shoot, et quand les étoiles sont alignées, ça peut faire très mal. Le match part en n’importe quoi et le scénario est de plus en plus improbable. C’est Darius Songalia qui envoie le match en prolongation sur un des deux seuls 3-points qu’il marquera sur la saison. En plus, cette remontée s’est faite sans Kirk Hinrich, leader de l’équipe : il faut dire que son back-up Chris Duhon dirige parfaitement le jeu et finit le match avec un triple-double, 18 points, 12 passes, 10 rebonds. Im-pro-bable on vous a dit. Avec ce scénario complètement incroyable, les Bulls collent un 30-9 à Charlotte sur le 4ème quart temps et n’ont plus qu’à achever des Bobcats sonnés en prolongation pour gagner le match 109 à 105. Ils remportent ainsi leur premier de la saison et rentrent dans les livres de records pour leur remontée exceptionnelle.

10 ans après, c’est une autre reconstruction que les Bulls entament, autour d’un mix de jeunes et d’anciens assez étonnant. Au lieu de construire autour de Jimmy Butler et d’un noyau jeune, Windy City a recruté les vétérans Rajon Rondo et Dwyane Wade à la free agency, tout en laissant partir Joakim Noah, Derrick Rose et Pau Gasol. Les choix du duo Gar Forman – John Paxson sont de plus en plus critiqués, et si les Taureaux venaient à rater les Playoffs ou même à se faire éliminer sèchement cette année, leur place pourrait fortement être menacée.

Source image : http://history.bulls.com/


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