C’était il y a seulement 10 ans – Kings : la triste fin de l’ère Rick Adelman

Le 12 juil. 2016 à 20:23 par Francois M

2006, ça sonne comme hier mais c’était il y a 10 ans. Avoir un MySpace ou un Skyblog était alors top tendance et Daniel Powter cavalait en tête des charts avec “Bad Day”. Alors imaginez un peu à l’échelle NBA, sachant que les joueurs ne restent en moyenne pas plus de 5 ans dans la Ligue. Des dizaines de journeymen ont écumé les terrains pendant ce laps de temps. Certaines stars d’aujourd’hui étaient encore des petits jeunes à potentiel, d’autres rentraient à peine en high school.

Ben Simmons et Brandon Ingram avaient tout juste 8 ans et les jeunes draftés serraient encore la main de David Stern. La NBA venait d’instaurer le Dress Code pour en terminer avec l’invasion du bling-bling et de la culture street, ce qui donnera naissance à des monstres de style – prenez-le comme vous voulez – comme Russell Westbrook. Même la carte des franchises NBA était différente. TrashTalk revient sur cette saison si proche et si loin à la fois, en faisant le bilan pour chaque franchise.

Aujourd’hui, direction la capitale de la Californie, chez les Sacramento Kings 

Bilan : 44-38, 8ème à l’Ouest

Le 5 : Mike Bibby – Bonzi Wells – Ron Artest – Kenny Thomas – Brad Miller

Le banc : Sharif Abdur-Rahim – Kevin Martin (sophomore) – Francisco Garcia – Jason Hart

Le MVP : Mike Bibby, 21,1 points à 38,6% du parking, 5,4 passes, 2,9 rebonds

Place forte de la conférence Ouest au début des années 2000, les Sacramento Kings ont enchaîné des petites blessures et des coups de malchance qui les ont empêché d’accéder au titre. Pourtant l’équipe développait un jeu d’attaque magnifique, comme peu l’ont fait dans l’histoire de la NBA, articulé autour d’un collectif très soudé et homogène, avec Chris Webber en leader. Le système d’attaque mis en place le coach Rick Adelman, à base de Princeton offense, était tellement beau à voir que leur jeu a été qualifié – par certains – de “Greatest show on a court“, le plus grand spectacle sur un terrain. Au début de la saison 2005-2006, l’effectif commence à se renouveler, et la plupart des joueurs de la grande épopée de 2002 sont partis un à un. La saison précédente, les Kings ont fini sixièmes de l’Ouest mais se sont faits sortir sèchement en 5 matchs par les Supersonics de Ray Allen et Rashard Lewis. Chris Webber, la star du groupe, a alors été échangé contre Kenny Thomas, Brian Skinner et Corliss Williamson mais aucun des trois hommes n’est parvenu à compenser son apport en fin de saison, tandis que l’ailier-fort a continué de jouer à très bon niveau aux Sixers. Le départ de Vlade Divac a bien été compensé par l’arrivée de Brad Miller, mais le collectif n’est plus aussi bien huilé. L’équipe est déjà très différente de celles des belles années, et l’intersaison réserve un autre coup dur pour les fans : le chouchou du public et 6ème homme Bobby Jackson est échangé contre Bonzi Wells. Rick Adelman est toujours sur le banc, mais on sent que la magie de l’équipe se dissipe petit à petit…

Néanmoins, les Kings peuvent commencer la saison avec des ambitions. Le duo Bibby – Stojakovic est toujours affûté, et les recrues de l’été, l’arrière Bonzi Wells et l’ailier Sharif Abdur-Rahim enchaînent les performances solides. Malheureusement, ce dernier est souvent absent et enchaîne des petits pépins physiques. Le pivot Brad Miller rempli parfaitement le rôle de plaque tournante de la Princeton Offense avec sa vision de jeu et ses mains de velours qui lui permettent de tourner à 4,7 passes de moyenne par match. Malgré ces apports intéressant et même si la balle continue à bien tourner, l’équipe a perdu un peu de sa fluidité caractéristique. Et comme de l’autre côté du terrain la défense n’est plus aussi rugueuse, la franchise californienne patauge et n’est qu’à 17 victoires pour 24 défaites fin Janvier. C’est Peja Stojakovic, 2ème meilleur scoreur de l’équipe, qui en fait les frais. La gâchette serbe est envoyée à Indiana en échange de Ron Artest. Gros changement de mentalité sur le poste : Peja est un ailier au jeu très épuré, et joueur de système s’il en est, tandis que le joueur d’Indiana est un monstre physique, au caractère impulsif, qui vient de purger presque une saison entière de suspension pour son implication dans une grande baston générale au Palace d’Auburn Hills, à Detroit. Les fans perdent ainsi un des derniers joueurs de la grande époque contre un nouvel arrivant qui soulève beaucoup d’interrogations. Cependant la greffe prend plutôt bien, et le futur ami des pandas apporte ce pourquoi le front office est allé le chercher : de la dureté et de la défense 5 étoiles. Du coup les Rois passent un 20-9 après la pause du week-end All-Star, soit le deuxième meilleur bilan de la ligue sur cette période. Avec ce finish, ils parviennent à accrocher les Playoffs et ce, pour la 8ème année consécutive sous Rick Adelman. Cependant, avec la dernière place, ils récoltent un joli cadeau empoissoné puisque ce sont les San Antonio Spurs – champions en titre – qui se dressent sur leur route. L’escouade emmenée par Mike Bibby prend une bonne claque dans le Texas pour le premier match, mais se rebelle pour la suite de la série. D’abord, ils poussent les Eperons jusqu’en prolongation au match 2, avant de l’emporter à la maison lors des matchs 3 et 4. Néanmoins, l’escouade de Gregg Popovitch passe la vitesse supérieure et remporte les deux matchs suivants.  Les habitants de Sacramento pourront dire au revoir au Playoffs pour cette année… et pour celles à venir.

Le coach Rick Adelman n’est pas prolongé à l’issue de la saison, et on peut dire que la période dorée des Kings est terminée. Et malheureusement pour les fans de la franchise, la reconstruction qui va suivre sera catastrophique. Pour commencer, Ron Artest enchaîne les affaires et les suspensions dès l’année suivante, d’abord pour maltraitance animale envers ses chiens, avant d’être arrêté en mars pour violence domestique. Et oui, Ron Artest aka Metta World Peace aka Panda Friends a posé les premières pierres de l’asile. Le coach Eric Musselman ne donne pas non plus le bon exemple puisqu’il est arrêté pour alcool au volant à 2h du mat’ après une victoire face à Utah. Ce début de reconstruction catastrophique ne s’améliorera pas par la suite, puisque 10 ans plus tard, les californiens en sont à… leur 10ème coach après Rick Adelman. Le tout sans aucune apparition en PlayOffs. Bonne chance à toi, coach Joerger.

Le moment marquant de la saison : Les Kings gagnent le game 3 de la série face aux Spurs sur un buzzer beater de Kevin Martin

Malgré une fin de saison en trombe, personne n’imagine que l’équipe d’Adelman va offrir une résistance quelconque aux Spurs, champions en titre, qui viennent de dominer la saison régulière. Néanmoins, après avoir poussé les Texans en prolongation chez eux au game 2, la série revient à Sacramento, et les 8ème de conférence surprennent par leur niveau de jeu. Ron Artest étouffe complètement Manu Ginobili, qui ne voit pas le jour avec 8 points et 7 pertes de balles, dont cette interception concédée à Mike Bibby sur la dernière attaque. L’ailier impulsif apporte également 22 points et 12 rebonds, et est clairement le MVP du match. Cependant, il n’en sera pas le héros : ce rôle est endossé par le sophomore Kevin Martin, 6ème homme, auteur d’un gros match 2 en sorti de banc mais pas spécialement en forme ce jour là avec 2 tirs rentrés en 6 tentatives. Présent sur les terrains en raison de  la sortie pour 6 fautes de Kenny Thomas, il se retrouve avec le ballon dans les mains sur la contre attaque, et marque son lay-up après contact, sur le museau de Tim Duncan. Victoire surprise pour les Kings, qui gagneront également le match suivant, mais se feront rattraper sur les deux derniers matchs par un Big Three en pleine bourre. Kevin Martin explosera l’année suivante en finissant 2ème du MIP. Il sera le visage de Sacramento pendant quelques saisons mais sans parvenir à ramener la franchise à un meilleur niveau.

10 ans après, les Sacramento Kings semblent s’être enfin stabilisés et font preuve d’une gestion intelligente sous la coupe de Vlade Divac. Avec Dave Joerger, ils détiennent un jeune coach brillant, reconnu dans la ligue, qui pourrait être le premier depuis Rick Adelman à aller jusqu’au bout de son contrat. De plus, avec DeMarcus Cousins, ils possèdent un joueur d’exception, certes instable, mais qui pourrait les ramener en PlayOffs 10 ans après. Cette équipe n’arrivera probablement pas à faire oublier la magie des années Adelman, mais avec un jeu plus construit et en ramenant la capitale californienne en Playoffs, elle pourrait se faire une place dans le cœur des fans. 

Source image : youtube.com


Tags : Rick Adelman
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