Fatigue, inexpérience et méformes : serait-ce la marche de trop pour les Raptors ?
Le 19 mai 2016 à 12:17 par Benoît Carlier
Actuellement dans la dernière ligne droite d’une saison d’ores et déjà réussie, les Raptors semblent avoir atteint leur plafond contre une équipe de Cleveland bien trop solide pour leur laisser entrevoir les premières Finales NBA de leur histoire, n’en déplaise à Monsieur le Maire.
On les a beaucoup suivis cette saison, eux qui ont terminé deuxièmes de la saison régulière à une petite victoire des Cavaliers. Seule équipe à tenir le rythme de LeBron et toute sa clique pendant de longs mois d’hiver, Toronto a vécu une saison en tout point historique. Pour sa 21è saison en NBA, la franchise a accueilli le premier All-Star Game hors des terres de l’Oncle Sam, elle y a envoyé deux de ses joueurs pour représenter la feuille d’érable dans la sélection de l’Est et elle a battu son record à domicile (32-9) en plus de faire tomber la barre des 50W pour la première fois depuis sa création en 1995. Pourtant, la confiance n’était pas forcément au plus haut au moment d’aborder les Playoffs après deux éliminations successives au premier tour malgré l’avantage du terrain. L’histoire était en passe de se répéter cette année face aux Pacers alors que les deux All-Stars du Canada étaient en difficulté depuis le début de la série mais, à domicile, Toronto a trouvé les ressources pour aller s’imposer sur le fil dans le Game 7 et s’offrir ses premières demi-finales de Conférence depuis 2001 et l’époque Vince Carter. À partir de là, les Raptors entraient dans le bonus avec le sentiment que la saison écoulée pouvait déjà être qualifiée de succès pour tous les accomplissements réalisés jusqu’alors. Pourtant, ça ne les a pas empêché de faire frissonner deux semaines de plus leurs fans contre Miami pour finalement s’offrir un duel de rêve face au premier de la saison régulière en Finale de Conférence. Un rêve qui pourrait quand même vite tourner au cauchemar si l’on se base sur le premier match disputé mardi et quand on s’attarde un peu sur les forces en présence dans chaque camp.
On le sait, se fier sur le Game 1 d’une série pour tenter d’en prédire le dénouement correspond à mettre all-in avec une paire de 3 sur le flop au Texas hold’em. Gregg Popovich pourra parfaitement en témoigner. Les Raptors ont d’ailleurs à chaque fois perdu lors de leur entrée en matière face à un nouvel adversaire dans ces Playoffs, ce qui ne les a pas empêché de déjouer les pronostics pour mettre Indiana et le Heat en vacances. Mais plusieurs éléments tendent quand même à nous faire dire que cela sera différent cette fois-ci. Il y a d’abord le facteur fatigue, irréfutable. Les Cavaliers ont ainsi abordé cette finale avec 8 rencontres dans le rétroviseur contre 14 pour les Dinos. L’écart maximum à ce stade de la compétition. Il n’aura fallut qu’un quart-temps à Cleveland, mardi, pour dissiper les quelques doutes sur leur capacité à se remettre au boulot après neuf jours à glander sur leur canapé avant qu’ils ne s’enfilent le pot de sirop d’érable cul sec (victoire 115-84 au final). Lors de ce match justement, il nous a été donné de voir l’écart qui séparait encore les derniers finalistes NBA de leurs plus sérieux concurrents à l’Est.
Commençons par les rosters et plus particulièrement le poste de meneur. Car si c’est bien Kyle Lowry qui a été sélectionné par les fans pour diriger l’équipe de Tyronn Lue pendant le All-Star Game en février dernier, autant dire que la tendance a bien changé depuis le début des joutes printanières. Avec une petite poignée de vrais bons matchs depuis le 16 avril, “Calorie” n’est pas du tout dans le même état de forme que Kyrie Irving qui survole les débats depuis un mois. Meilleur marqueur des Cavs dans ces Playoffs avec 24,7 points à 52,7% derrière l’arc, “Uncle Drew” déroule sans forcer son talent. Mardi dernier il a encore fait passer son vis-à-vis pour un enfant et Lowry aura bien du mal à le faire déjouer même s’il retrouvait son niveau du mois de janvier. Que dire alors de LeBron James, qui n’a tout simplement pas d’adversaire direct à sa taille dans cette série. Arrivé à Toronto pendant l’été pour ramener un peu de hargne défensive, DeMarre Carroll n’a pas l’étoffe pour garder le quadruple MVP. Comme l’an dernier en Playoffs avec les Hawks, il n’a pas existé face à LBJ lors du Game 1 et James Johnson ne pourra pas non plus faire de miracles quand il sera amené à prendre le relais comme ce fut le cas mardi. Motivé comme il est, le numéro 23 ne laissera personne le priver de ses sixièmes Finales consécutives. Enfin, la survie des Raptors dans la raquette dépendra largement du retour de Jonas Valanciunas alors que les siens se sont faits dominer 45 à 23 dans ce secteur de jeu au premier match..! Le pivot lituanien a repris l’entraînement et il faudra qu’il soit en grande forme pour permettre à Toronto d’espérer quelque chose, lui qui a probablement été le starter le plus impactant de son équipe depuis le passage aux choses sérieuses en avril.
Puis, comme si ça ne suffisait pas, c’est dans le jeu en général que les Raptors ont pris une leçon à la Q. La peur de subir une pluie de 3-points comme les deux précédents adversaires de Cleveland a créé de nombreux espaces dans la raquette, les extérieurs des Cavs n’ayant plus qu’à franchir le premier rideau pour s’offrir deux points faciles sous le cercle. À jouer trop safe Toronto est en train de perdre son jeu, une faute qui peut être mise sur le compte de la relative inexpérience de Dwane Casey et son équipe à un tel niveau de compétition alors que les nombreux vétérans des Cavs ont eu le temps de partager leur vécu avec les plus jeunes. Comme on l’a vu avec les Hawks la saison dernière par exemple, la régulière n’a plus de valeur à ce moment de l’année et les victoires de novembre et février face à l’ogre de l’Ohio ne comptent plus. Il s’agira maintenant de trouver les petits ajustements qui pourront permettre aux Dinos de sauver les meubles face à une équipe qui la surclasse a priori dans tous les secteurs importants du jeu.
En attendant le retour de JV, s’il doit arriver dans la prochaine quinzaine, les Canadiens devront se relâcher pour aborder la suite de cette série libérés. Même en cas de résultat négatif face à Cleveland, ils pourront malgré tout sortir la tête haute avec le sentiment d’avoir rendu fière une nation entière grâce à leurs exploits réalisés depuis le mois d’octobre. Si en plus ils pouvaient être les premiers à prendre un matchs aux Cavaliers, on pourrait carrément parler d’exercice 4 étoiles pour les protégés de Masai Ujiri.
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