Habitué des pétages de plombs, c’est Gregg Popovich qui a fait péter un câble pour une fois
Le 13 mai 2016 à 08:40 par Bastien Fontanieu
Il y a des séries qui ne trompent pas, des erreurs qui font peur et des réactions qui servent de signal d’alarme. Après un premier round peinard contre Memphis, le gourou des Spurs est tombé sur un os en demi : un peu borné, Pop s’est tiré une balle dans le pied.
Lui qui trouve si souvent la solution, la parade, le défaut dans la muraille adverse. Depuis des années, il régalait en montrant une capacité d’adaptation assez rare à son poste, passant du meneur frenchie dominant à l’ailier ultra-polyvalent balle en main, rectifiant de bien pauvres Playoffs 2015 avec un recrutement royal quelques semaines plus tard, resserrant les vis dans sa propre moitié de terrain pour proposer une défense insupportable d’octobre à avril. Cette fois, Popovich n’a pas su créer de réponse, son équipe s’écroulant sous ses yeux après avoir pourtant mené la série 2-1. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit San Antonio en laisser passer trois de suite, mais c’est pourtant ce qui vient de se passer, après avoir remporté 67 des 82 matchs de la régulière. Et même s’il existe une liste longue comme les bras de Kevin Durant pouvant justifier ce retournement de situation, tout commence par un chef d’orchestre qui semblait manquer.. de répondant. Un comble, quand on sait que Pop a fait sa carrière dans la répartie, sauf que le Thunder a rendu l’intéressé muet et ses décisions en ont fait de même avec nous. Envie de se prendre pour des futurs Hall of Famers ? Allons-y, avec prudence. Car comme l’ancien l’a gentiment rappelé à un journaliste qui lui demandait s’il regrettait de ne pas avoir joué plus petit juste après la dernière défaite, chacun doit rester à sa place : ça tombe bien, on aurait voulu voir un entraîneur de légende coacher les Spurs.
On savait que le duel des gros clients irait à l’avantage du Thunder par la simple présence de Durant et Westbrook. On savait que la bataille intérieure serait également pour OKC, que le jeu rapide suivrait la même direction sans oublier de mentionner les lancers provoqués. Mais qui n’avait pas esquissé un sourire lorsque la bataille des stratèges était mentionnée ? Qui ne mettait pas Popovich largement au-dessus de Donovan au moment où les pronostics du début de série se chamboulaient ? Dans une partie d’échec que le leader des Spurs a entamé avec la destruction de la première ligne de pions grâce à un Game 1 assez violent, c’est finalement Billy Donovan qui s’est démerdé avec une dame, un fou et deux tours, réalisant des ajustements match après match pour finalement remporter la partie. Le banc ? Gagné. La couverture défensive ? Gagné. Le ping-pong entre Russell et Kevin au niveau du scoring ? Gagné. La gestion des fins de match, dans un bordel innommable ? Gagné. Certes, on a lu et entendu que d’un simple point de vue ‘effectif’, le Thunder avait un avantage clair sur les Spurs. Mais qu’on ne commence pas à échanger les rôles : c’est bien San Antonio qui a réalisé une régulière historique, imposé une défense dans le même registre, puis réalisé une sorte de mutinerie au fil des matchs. Quand on voit les joueurs sembler paumés, l’attaque perdre son principe fondamental et la défense se faire maltraiter, on peut remettre ça sur les joueurs ou bien regarder le type aux commandes. Celui qui gueulait nasty par le passé, celui qui envoyait un tacle aux arbitres en conférence de presse pour obtenir un avantage au match suivant, celui qui prenait une technique pour remuer les troupes. Sur cette série ? Pop n’y était pas, et donc ses joueurs non plus. Peut-être un signe de vieillesse pour certains, mais un résultat choquant surtout pour d’autres.
On l’attendait dominant et plus malin pour faire basculer la série dans son camp, on l’a retrouvé dépassé et moins concerné avec une défaite logique au bout. Les Spurs vont devoir prendre de grosses décisions au niveau de leurs joueurs cet été, mais cela ne changera pas grand chose si l’homme derrière ces deux décennies d’excellence ne retrouve pas son feu intérieur. Quand Pop reste aussi discret et se fait sortir par un bleu, c’est vraiment triste à voir.
Source image : USA Today