Jeff Hornacek, l’assistant comptable idéal : exubérance, coiffure et efficacité

Le 03 mai 2016 à 17:44 par Alexandre Martin

Un comptable oui. Mais pourquoi parler d’un “assistant” comptable devez-vous vous demander ? Et bien tout simplement parce qu’après avoir fait ses armes (et même plus) à Phoenix, Jeff Hornacek a trouvé LA place qui lui correspondait le mieux : à Utah où le Jazz lui a offert son meilleur rôle aux côtés de John Stockton qui est LE comptable le plus connu et le plus respecté de l’histoire de la Grande Ligue. 

Hornacek c’est 1m93 pour 85 kg alliés à une détente de retraité. Vous avouerez que faire une belle carrière au poste d’arrière en NBA avec ce type physique et de qualités athlétiques n’est pas quelque chose d’évident et qu’ils sont finalement très peu nombreux à avoir réussi ce genre de petit exploit (on pense à J.J. Redick par exemple). L’ami Jeffrey John (tiens ça fait J.J.) Hornacek a débarqué dans la Ligue par la petite porte lors de la Draft 1986 au cours de laquelle les Suns l’ont choisi en 22ème position du deuxième tour. Il a découvert le haut niveau depuis le banc avant de se faire une place de titulaire petit à petit. Il faut dire que pendant l’exercice 1987-1988, les Cactus vont avoir la bonne idée de monter un échange afin de récupérer Kevin Johnson qui venait d’être drafté. Puis, à l’été 1988, une autre excellente inspiration poussa Phoenix à faire signer Tom Chambers qui était agent-libre et ce, juste après avoir choisi Dan Majerle à la Draft…

Avec son effectif ainsi structuré autour de ce meneur dynamité de KJ et cet ailier-fort aérien de Chambers, coach Fitzsimmons pouvait utiliser Jeff Hornacek en exploitant au mieux ses points forts : une science du placement digne d’un champion du monde d’échec, une qualité de shoot assez flippante (49,6% au tir en carrière dont un peu plus de 40% derrière l’arc) et une technique très propre d’une manière générale. En clair, Hornacek était le parfait client pour sanctionner n’importe quelle défense à partir du moment où un espace ou une quelconque opportunité lui étaient donnés. Il s’est fondu dans cette fonction de lieutenant tout en efficacité, létal à mi-distance, très dangereux de loin, capable de délivrer la bonne passe ou d’anticiper suffisamment le jeu pour voler un paquet de ballons. Dans le sillage de cette triplette Johnson – Chambers – Hornacek, les Suns sont allés en Finales de Conférence en 1989 et en 1990 sans réussir à passer les obstacles Lakers (89) et Blazers (90). Mais c’est sur l’exercice 1991/92 que l’ami Jeffrey nous gratifiera de sa meilleure saison avec un peu plus de 20 points par soir à 52% au tir dont 43,9% de loin accompagnés de 5 rebonds, 5 passes décisives et 2 interceptions. Une ligne statistique clinquante qui lui vaudra d’ailleurs sa première et unique sélection All-Star en carrière.

Pour autant, les Suns n’hésiteront pas à inclure Jeff le bien coiffé dans le package qui va leur permettre de convaincre les Sixers de leur lâcher un certain Charles Barkley. En Pennsylvanie, Hornacek va faire le job pendant environ une saison et demie avant d’être envoyé à Utah au milieu de l’exercice 1993/94. Il y retrouvera Tom Chambers qui avait signé l’été précédent chez les Mormons mais il fera surtout la connaissance d’un des meilleurs – si ce n’est le meilleur duo – de l’histoire : la paire John Stockton – Karl Malone. Deux monstres sacrés de la Grande Ligue, deux légendes plus importantes que Dieu lui-même à Salt Lake City. Titulaire indiscutable au poste 2 pendant six saisons et demie, “H” va former avec Sotckton un backcourt parmi les moins flashy et les moins athlétiques de tous les temps mais certainement le plus propre, le plus efficace, le plus intelligent. Deux gars avec des physiques de comptables chétifs qui posaient, chaque soir, une bonne trentaine de points, plus de 17 caviars, 6 ou 7 rebonds et au moins 4 interceptions sur la tête de l’adversaire. Et tout cela en perdant au maximum 5 ballons et avec des pourcentages au tir souvent à la limite de l’indécence. Hornacek va continuer dans son registre de lieutenant qui connait son rôle sur le bout des doigts. Il va exploiter tous les espaces que vont lui laisser ces défenses trop occupées à tenter de diminuer l’influence de Stockton ou à vouloir contenir le musculeux Karl. Hornacek va devenir ce gars auquel on ne pense pas car il est planqué dans l’ombre de deux immenses stars. Ce gars qu’on ne voit pas car il touche finalement assez peu le ballon. Ce gars dont on ne constate la présence que quand il vient de faire très mal, d’un shoot, d’une passe, d’une interception…

Avec le Jazz, Jeff va connaître les plus grandes campagnes de Playoffs de sa carrière. Finales de Conférence en 1994 et en 1996 puis carrément les Finales NBA en 1997 et 1998. Quatre post-seasons au cours desquelles il sera excellent. Propre, tout en maîtrise et en intelligence, il a pesé dans tous les succès du Jazz sans pour autant connaître la consécration suprême d’obtenir une bague. Bulls oblige… Malgré de soucis sérieux au genou, Hornacek continuera à jouer encore pendant deux ans sur les planches de la Grande Ligue. Il en profitera pour aller confirmer qu’il était bien un des meilleurs snipers du moment en gagnant pour la deuxième fois (première en 1998) en 2000 le concours de trois points du All-Star Weekend, avant de quitter la NBA tout aussi discrètement qu’il n’y était arrivé.

Il n’empêche que le jersey floqué du numéro 14 de Jeff Hornacek trône au plafond de l’arène de Salt Lake City aux côtés de ceux de Karl Malone, Pete Maravich, Adrian Dantley et bien sûr John Stockton. Il n’empêche que sans jamais en rajouter mais toujours avec la raie impeccablement tracée dans les cheveux, l’ami Jeffrey a posé une jolie marque dans le monde de la balle orange…

36 points contre les Blazers en Finales de Conf’ en 1990 ! 

Source image : Brian Bahr/Getty Images


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