Bulls 95/96 – 72 victoires pour l’histoire : Michael Jordan, un leader comme on n’en fera plus jamais
Le 17 févr. 2016 à 20:06 par David Carroz
1995-96, les Bulls entrent dans la légende. Avec 72 victoires en saison régulière et le titre au bout, ils ont tatoué un énorme Taureau sur la peau de la NBA. 20 ans plus tard, TrashTalk vous propose une série d’articles pour célébrer ce parcours d’exception.
Pour réaliser une saison historique, il faut de bons joueurs. Forcément. un groupe ambitieux. Bien entendu. Un coach pour driver le tout d’une main de maitre. Cela coule de source. Certainement un peu de chance aussi. Mais l’ingrédient qui fait la différence, c’est le leader. Celui qui va tirer tout ce beau monde vers le haut. Sublimer le collectif. Et lui donner une faim de vaincre impossible à rassasier. Un mec qui aime le succès, mais qui surtout déteste la défaite. Plus que tout au monde. C’est le cas de Michael Jordan.
Au moment d’aborder la saison 1995-1996, c’est pourtant l’échec qui lui colle à la peau. Celui du mois de mai face au Magic d’Orlando. Alors il faut s’en débarrasser au plus vite. Oublier ce goût dégueulasse qu’il garde en bouche. Le repousser loin. Très loin. Tout donner. Faire toujours plus de sacrifices pour se dépasser et ne plus être un perdant. En demander autant aux autres. Donner le ton tout de suite, que chacun comprenne la mission.
Je me souviens de Michael Jordan au camp d’entrainement. Il a dit que chaque match allait être un match de Playoffs pour lui. Et c’est la façon dont nous avons abordé la saison. – Randy Brown.
Il y avait une motivation incroyable, et tout a collé. Aussi motivé que Michael Jordan pouvait être habituellement, cette année était encore quelques degrés au-dessus à cause de ce qu’il avait vécu, son absence du basket, la défaite l’année précédente face à Orlando. La motivation était vraiment incroyable. Elle nous a portés toute la saison et c’est ce qui rendu cela exceptionnel. Elle était déjà là lors du camp d’entrainement et le mode qu’il [Michael Jordan] a fixé, le niveau de compétition lors des scrimmages et des entrainement ; il a fixé la barre vraiment haut et il était d’une intensité féroce. C’était juste un corollaire au ton qu’il a instauré dès le début. – Steve Kerr, qui avait lui-même pu goûter à l’esprit de compétition de MJ en sortant d’un entrainement avec un cocard offert par Sa Majesté lors d’un duel un peu musclé.
Des témoignages comme ceux-ci, tous les membres de l’organisation peuvent en sortir. Dès le premier jour, Michael Jordan a fixé un standard d’excellence et de travail que tout le monde a suivi. Pas le choix de toute façon, le boss surveillait les tire-au-flanc et les reprenait de volée à la moindre incartade. Poussant chacun à donner le meilleur de lui-même, et plus encore. La seule raison pour ne pas s’entrainer était de ne plus pouvoir marcher. Et encore, seule la mort comme justification aurait pu vous préserver du courroux de MJ. Ron Harper et Tony Kukoc en ont fait l’expérience, alors qu’ils pensaient soigner respectivement un genou et un pouce douloureux en se préservant. Jordan est allé les chercher dans le vestiaire avant les soins et les a ramené sur le parquet par la peau des fesses, pour participer à un entrainement encore plus intense que la majorité des matchs.
La compétition tous les jours, il nous poussait tous les jours. […] James Edwards était avec nous cette saison. Même lui savait que c’était spécial. Il disait que quand il était à Detroit avec les Bad Boys ils jouaient dur, mais pas comme cela, à ce point-là tous les jours. – Bill Wennington.
La rage de vaincre transpire par tous les pores de la peau de Michael Jordan, et forcément cela contamine les siens. Personne ne veut le décevoir ou passer à côté de ce qu’ils ressentent rapidement comme une saison qui sort de l’ordinaire. JoJo doit prouver au monde entier qu’il est toujours le meilleur basketteur, et cela passe par des victoires, toujours plus de victoires. Son retour en NBA n’est pas qu’un caprice de diva, mais bien une réalité. Celle qui doit lui permettre de remporter un titre. Le mec qui était revenu avec le 45 et qui n’a pas su faire gagner son équipe en 1995, ce n’était pas lui. Quand une défaite venait troubler la marche en avant des Bulls, il rentrait sur le parquet avec encore plus de colère et d’envie la rencontre suivante. Perdre, un verbe qu’il a rayé de son vocabulaire et qu’il ne veut plus entendre. Pour se motiver et embarquer les siens avec lui, toutes les occasions sont bonnes. Affronter les Rockets du trio Olajuwon-Barkley-Drexler, présenté comme leurs alter-égo à l’Ouest ? Plus de dix points d’écart. Le retour de Magic au Forum ? Quinze points dans la vue. Le choc face Orlando en Playoffs. Un sweep retentissant. Plus le challenge est important, plus MJ élève son niveau de jeu. La marque des grands, sa signature tout au long de sa carrière. Et la trace qu’il laisse tout au long de cette saison.
Aucun match ne devait être négligé. Pas de repos. Michael Jordan s’en assurait. Quand une défaite pointe le bout de son nez et que ses coéquipiers cherchent une issue favorable, ils se tournent vers lui. Comme toujours. Follow my lead pouvait-on lire dans son regard. Comme lors d’un déplacement à Vancouver que les Bulls semblent sur le point de laisser filer, à la traine dans le dernier quart-temps. Un Jordan lui-même en difficulté, avec seulement 10 points à l’entame de cette ultime période, avec une adresse dégueulasse. L’oeil noir sur le banc, il voit ce qu’il hait se profiler. Une défaite. Déjà passablement énervé, il va voir sa rage décupler. La raison ? Darrick Martin, un no-name des Grizzlies qu’il a côtoyé sur le tournage de Space Jam vient le chambrer alors que les Bulls sont à -8. Michael Jordan se lève, rentre sur le parquet, colle 19 points en 6 minutes, rappelle au morveux qui est le boss en lui rendant la monnaie de sa pièce en terme de trash-talking par un cinglant “ferme ta gueule petit merdeux” et remporte le match. Un exemple de plus dans la longue liste des assassinats en règle de His Airness. La raison pour laquelle cette équipe de Windy City était intouchable pour Steve Kerr.
Tout a bien tourné pour nous et nous avions Michael. C’est ça le truc. Si nous étions à un point où nous allions perdre ou si on avait l’impression que nous allions perdre, il prenait juste le contrôle. Et il n’y a plus de mec comme ça. les mecs comme ça n’existent plus. Kobe était assez proche, il est sûrement celui qui s’en est le plus approché. LeBron n’est pas comme ça. Il est phénoménal à sa façon. Mais Michael était tellement unique, tellement doué, tellement motivé, tellement talentueux qu’en quelque sorte il transcendait tout et je ne vois pas comment cela peut se reproduire.
On a vu de grandes équipes, mais combien sont allées chercher les 70 victoires ? On a connu des joueurs de légende, mais lesquels avaient une soif de vaincre équivalente à celle de Michael Jordan ? Pour ces deux questions, les réponses se limitent à un ensemble vide. Comme l’a dit Steve Kerr, Jordan était unique. Tout comme la saison historique des Bulls.
Dans la même série, articles précédents :
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Bulls 95/96 – 72 victoires pour l’histoire : Wild Wild Est
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Source image : Montage TrashTalk by @TheBigD05