C’était un 7 janvier : la série de victoires des Lakers atteint le 33, la concurrence rend les armes
Le 07 janv. 2016 à 16:09 par Bastien Fontanieu
Récemment, les Warriors ont marqué l’histoire en démarrant leur saison par le plus long perfect de tous les temps. Mais à quelques pas d’un tout autre record, Curry et ses soldats ont flanché. Lequel ? Celui des Lakers de 1972, intouchables pendant… 9 semaines consécutives.
C’est un nombre qui fait sourire de nombreux fans de la balle orange, et qui appartient à différents acteurs de notre sport. Kareem, Bird, Ewing, la moyenne de points de Jordan en 93 : tout le monde a sa petite attache au 33, un symbole qui a cependant été élevé à des hauteurs inégalées en terme de performances collectives. C’était un 7 janvier, mais c’était en 1972. Non, Tim Duncan n’était pas encore né. Mais la planche était déjà bien utilisée, par quelques perles de la NBA comme Elgin Baylor, légende qui prendra justement sa retraite cette année-là. Dans un groupe qui comptait sur un Jerry West bien fatigué (33 ans) et un Chamberlain en bout de course (35 ans), les Lakers espéraient se rattraper de leur Finale précédente perdue face aux Knicks, en développant un différent type de basket. Toujours aussi spectaculaire et offensif certes, mais avec un tout nouveau rôle pour Wilt, qui devait bien devenir le coéquipier ultime afin de remporter une seconde bague en carrière. Les matchs au-delà des 20 points ? Terminés. Les balles au poste ? Permanentes mais pour faire la circulation plutôt que pour scorer. Portant toute son attention sur la défense et le rebond, ‘The Stilt’ deviendra cette espèce de tour de contrôle imperturbable, nettoyant tout ce qui se rapprochait de son arceau pour ensuite envoyer ses coéquipiers nettement plus jeunes en attaque.
Imaginez Russell Westbrook et Kevin Durant, avec une version solide du Bill Russell de la grande époque dans la raquette. Comment faire pour la concurrence ? C’est plus ou moins l’interrogation qui marquera cette saison 1971-72, Chamberlain voyant la paire Jerry West-Gail Goodrich combiner près de 52 points de moyenne par match, se régalant de la protection offerte par le futur Hall of Famer. D’où la comparaison ! Car si la plupart des jeunes lecteurs se souviennent de ces Lakers historiques avec West et Wilt en couverture, qui était le meilleur scoreur de l’équipe à l’époque ? Gail, véritable assassin et parfait complément du logo, qui profitera plus que jamais du nettoyage permanent proposé par le géant pour s’offrir sa plus belle saison en carrière. Ainsi, dans une saison démarrée calmement (6 victoires pour 3 défaites au 31 octobre 1971), les Lakers de Bill Sharman s’imposeront face aux Baltimore Bullets le 5 novembre 1971, démarrant une série dont ils n’auront aucune idée. Une semaine, deux semaines, trois semaines sans défaites, tout va bien. Quatre semaines, cinq semaines, une petite prolongation pour se faire peur face aux Suns, mais rien ne les arrête. La barre des 20 est dépassée, 25 c’est torché, 30 on arrive, jusqu’où pourront-ils aller ? L’année 1972 démarre sous des confettis violets et jaunes, Los Angeles en est à 30 victoires consécutives.
Un succès face aux Celtics et à Cleveland préparera ce fameux 33, un plateau jamais atteint depuis en NBA. Pour certains, il s’agit de la série la plus impressionnante tout sport collectif confondu. Pour d’autres, un record qui ne sera peut-être jamais égalé. Le 7 janvier 1972, les Lakers balaient Atlanta 134 à 90 (!), Pete Maravich n’ayant que ses yeux pour pleurer. On y est, 33, c’est signé. Il faut signer d’ailleurs, car le surlendemain c’est à Milwaukee que tout s’arrêtera, comme les Warriors de cette année. Pas de Michael Carter-Williams pour troller l’attaque californienne, mais un garçon assez doué au basket et qui fera la totale au pauvre Chamberlain : Kareem Abdul-Jabbar, 39 points sans froncer un sourcil. Cette année-là, les Lakers iront tout de même jusqu’au bout, en s’occupant des Knicks dans l’ultime série et en offrant à Jerry West ce qu’il avait toujours souhaité, ce pourquoi il avait tant pleuré car tellement souffert et perdu. Une bague, sa bague, la seule de sa carrière, dans une des saisons régulières les plus intouchables de l’histoire, 69 victoires et 13 défaites pour Goodrich et ses pneus. Mais surtout, en 1972, les Lakers installeront un record qui semble quasiment inégalable de nos jours. Trop de concurrence ? Trop de pression ? Trop de fatigue aussi, et pas de domination semblable avec un des tous meilleurs joueurs de l’histoire en défenseur ultime, lançant deux attaquants de rêve une fois le travail accompli.
Cette saison, les Lakers ne marqueront qu’une fois… moins de 100 points, en 82 rencontres. Encore une anecdote de plus dans cette folle campagne, marquée par une série exceptionnelle, approchée par certains mais plus rêvée que caressée. C’était un 7 janvier, on vous l’a dit Tim Duncan n’était pas encore né, mais l’histoire était déjà créée.
Source image : Blak4rest