Al Jefferson sur le téco : la meilleure des nouvelles pour les Hornets, en attaque comme en défense
Le 17 déc. 2015 à 00:00 par Bastien Fontanieu
Chaque saison NBA apporte son lot de pépins physiques, de blessures inattendues, d’absences à assumer en devant réorganiser son effectif. Mais pendant que certains pleurent la disparition d’un grand scoreur, d’autres se régalent du changement créé par celle-ci : à Charlotte, tout roule depuis le silence d’Al Jefferson.
On en a connu, des scénarios similaires à celui vécu par le pivot des Hornets actuellement. Tout donner sur les parquets, voir son équipe osciller entre le bien et le moins bien, quitter les terrains pour une raison x ou y, puis observer les siens dérouler pendant qu’on se retrouve en costard sur le banc. Triste, mais logique dans certains cas, dont celui du vétéran aujourd’hui, si on s’y penche avec un peu plus de précisions. Sur ce début de saison, ‘Big Al’ n’était pas dans sa plus grande forme, alors qu’il est pourtant en dernière année de contrat et qu’il avait juré avoir perdu du poids cet été : 13,7 points de moyenne en 26 minutes de jeu, ses plus mauvais chiffres depuis… 10 ans. Un mini-calvaire pour l’homme aux mains de fées, lui qui continue pourtant à régaler au poste par séquences, avec un footwork et des feintes à faire vibrer Hakeem Olajuwon. Si ses statistiques n’étaient pas les plus flatteuses de sa carrière, Jefferson pouvait pourtant apprécier le début de campagne intéressant de son équipe, pointant son nez dans les hauteurs de l’Est au 29 novembre, avec 9 victoires en 16 rencontres. Cependant, face aux Bucks ce soir-là, Al se flinguera le mollet et devra quitter son équipe pour plusieurs semaines. Une première mauvaise nouvelle qui en lancera d’autres, à commencer par les résultats de son équipe.
Lorsqu’on est un pilier de franchise, du genre Tim Duncan ou Dirk Nowitzki, voir les autres se débrouiller sans avoir à intervenir est nettement plus un gage de satisfaction que de frustration. Sauf que non seulement Jefferson n’a pas le même âge que ces dinosaures (31 ans), mais il n’a surtout pas d’avenir assuré dans son équipe, les rumeurs d’un départ cet été voire d’un transfert avant février se faisant de plus en plus bruyantes. Et pour cause, depuis la blessure du pivot, les Hornets proposent un basket encore plus séduisant, d’un côté du terrain comme de l’autre. Une métamorphose qui s’est avant tout observée dans les résultats, puisque Charlotte a tamponné 4 victoires en 6 matchs sans son numéro 15 au poste, les succès à Chicago et Memphis en plus des roustes filées à Détroit et Miami pesant un poids énorme sur son joli dossier. Seules défaites ? Face à une équipe assez douée nommée Golden State, et les Celtics contre qui Steve Clifford et ses hommes menaient dans le dernier quart-temps. On est donc en droit de se poser plusieurs questions ce mercredi, dont la première concernant l’importance de Jefferson chez les Hornets : sont-ils véritablement meilleurs sans lui ? Ou bien s’agit-il d’une bonne forme momentanée, bientôt rattrapée par un retour inévitable à la réalité ?
La tentation serait de soutenir l’intérieur en disant que tout ceci est un coup de chance orchestré par Cody Zeller et ses potes, sauf que Charlotte joue clairement mieux sans ‘Big Al’ depuis deux semaines, aussi triste soit cette phrase à écrire. Comme nous le mentionnions il y a quelques jours concernant un autre client un peu à la ramasse, le jeu pratiqué par le natif de Monticello dans le Mississippi est efficace au poste, sauf qu’il ne colle pas vraiment à l’effectif des Hornets et le jeu que souhaite dérouler coach Clifford. Avec des dragsters comme Jeremy Lin et Kemba Walker pour pénétrer dans la raquette ? La présence de Jefferson resserre les défenses. Avec des créateurs sur pick and roll comme Nico Batum et même Jeremy Lamb ? Le stationnement d’un truck sous l’arceau bouche les espaces. Avec des stretch-snipers comme Marvin Williams ou Spencer Hawes ? Moins de temps de jeu. Au lieu de Jefferson, c’est Cody Zeller qui est venu apporter son bagage offensif comme défensif aux siens, ce qui a plus ou moins révolutionné la défense locale. On savait qu’Al n’était pas une référence en la matière, mais de là à faire passer le frère Zeller pour Bill Russell… Finies les soirées gloutonnes des adversaires, notamment pour le quatuor Drummond-Whiteside-Gasol-Gasol qui a mangé de sales soirées avec Cody en face, grâce à sa ténacité et son sens des rotations défensives : une transformation à Charlotte, la barre des 100 points encaissées n’ayant été dépassée qu’une seule fois en décembre, par les Warriors bien évidemment.
Dans leur propre moitié de terrain, le changement des Hornets est donc flagrant. Mais qu’en est-il de l’autre côté ? Car si Jefferson reste une cible majeure en défense, son expérience offensive reste une référence au poste. Et bien, malheureusement… même résultat. Charlotte perd à peine au change, car le mouvement de balle est plus fluide et les cuts demandés par Clifford mieux exécutés. Tout le monde y trouve son compte, notamment en sortie de banc où le duo des jumeaux Kaminsky-Hawes commence à enfin trouver son rythme. Pas de lampadaire coincé dans la raquette, du coup davantage d’espaces pour pénétrer, de rotations défensives créées chez l’adversaire, et de tirs ouverts provoqués pour les partenaires : rien d’illogique, juste du basket enfin joué selon les demandes de l’entraîneur prolongé il y a quelques semaines, lui qui visualisait assez bien ce type de jeu en recrutant des jeunes talentueux cet été. On le voit d’ailleurs assez bien, au niveau du body language général. Gagner de plus de 20 points à domicile comme à l’extérieur a de quoi donner la patate à cette équipe, dont la menace peut venir de n’importe qui chaque soir. Un côté imprévisible en partie créé par cette absence, Jefferson représentant cette assurance à la fois réconfortante mais pénalisante pour l’identité de son équipe. Jordan et ses conseillers prendront-ils une décision en début de nouvelle année, avant de voir l’intérieur déposer ses valises ailleurs ? On connaît un paquet d’équipes qui échangeraient leur famille pour obtenir un vétéran assurant 15 points au poste…
Le rendez-vous est donc pris pour ‘Big Al’, lui qui passera une période de transfert assez stressante dans quelques semaines. Aujourd’hui, il est tentant d’affirmer que les Hornets se débrouilleraient bien mieux sans leur intérieur. Disons simplement qu’à l’heure actuelle, l’échantillon proposé à une sacrée bonne gueule. On laissera donc Jefferson purger sa peine à sa façon, qu’on peut désormais comprendre quand on voit le jeu proposé par les siens en son absence…
Source image : swarmandsting.com