DeMarcus Cousins en mode sniper : voilà ce qui se passe quand on n’a aucune structure en place

Le 26 oct. 2015 à 15:03 par Bastien Fontanieu

Abordant sa sixième saison professionnelle en carrière, probablement la plus aboutie si on se base sur la progression fulgurante réalisée par le pivot ces derniers mois, DeMarcus est un phénomène physique qui parvient tout de même à… s’écarter de plus en plus du panier. Entre envie de faire comme bon lui semble et manque de discipline dans son entourage, comment régler ce problème clairement imminent ?

On l’avait déjà vu lors du match d’exhibition avec Team USA, pas vraiment le genre de rencontre autour de laquelle créer de troublantes conclusions, on l’a observé se confirmer pendant la pré-saison des Kings ce mois-ci. En possédant un fouetté et des mains particulièrement sweet pour sa taille, Cousins est un de ces rares talents qui peut littéralement rouler sur ses adversaires, aussi bien physiquement que techniquement. Le mélange parfait selon certains, la crème de la crème pour les savants-fous de la planète basket, un constat que l’on peut clairement valider en voyant les Russell Westbrook et autres LeBron James de notre jungle montrer l’étendue de leur domination à leur poste, en combinant ces deux spécificités. Malheureusement, pour notre plus grand désespoir et celui des nombreux fans des Kings suivis par les plus grandes institutions médicales, DeMarcus a passé une bonne partie de son mois d’échauffement à sept mètres de l’arceau, envoyant de la bombe longue-distance avec plaisir plutôt que de se frotter aux arbres des raquettes avoisinantes : 12 tirs à trois-points tentés en 5 rencontres, pas de quoi en faire une Vivek nous diront les plus fervents avocats du géant formé à Kentucky. Sauf que le problème ne vient ni du contexte, ni de son talent. Il vient de la structure dans laquelle il évolue, tout simplement dangereuse pour son développement.

Dirigé par George Karl, un entraîneur expérimenté mais dont le manque de discipline n’est plus à prouver aujourd’hui, le cirque de Sacramento se prépare à vivre une nouvelle année prometteuse, avec un monstre déterminé à sa tête et davantage de vrais joueurs pour l’entourer. Du positif donc, en perspective, sauf concernant ce détail du jeu qui pourrait vite prendre des proportions énormes et non-voulues si un membre haut-placé de la franchise n’intervient pas rapidement. Manque de discipline concernant George Karl, lui qui a pourtant aidé Shawn Kemp à se faire une vraie carrière ? On peut demander à un certain Carmelo Anthony, emprisonné dans une dynamique uniquement offensive et donc unidimensionnelle du côté du Colorado, pour commencer à froncer un premier sourcil. Avec tout le respect qu’on a pour l’ailier des Knicks, ce n’est certainement pas sous Karl que son magnifique potentiel a été le mieux utilisé, un joueur fabuleux qui aurait pu régner sur les autres membres de sa confrérie s’il avait évolué avec une vraie discipline et dans une vraie… structure. Et c’est ce terme, justement, qu’on retrouve aujourd’hui dans le cas du dossier DMC, car le géant aux mains d’or est actuellement en train de passer par une phase similaire. Celle d’un joueur exceptionnel, dont les capacités dépassent l’entendement, mais qui erre dans différentes directions car personne ne parvient à le guider.

Des parcours semblables, des spécimens n’ayant jamais dépassé leurs limites à cause de personnalités troublantes et incontrôlées par l’absence de structure, c’est peu dire si on en a vu ces dernières années. Comment ne pas verser une larme en voyant notamment le tir de Rajon Rondo aujourd’hui, qui n’a pratiquement pas évolué depuis son arrivée en NBA ? Le meneur faisait partie de l’élite il y a quelques années, dominait son poste grâce à sa vision du jeu et ses prises de décisions, mais son fort caractère mélangé au manque de discipline imposé par un copain qu’on connaît bien (Doc Rivers) ont fait en partie plonger sa carrière. S’il continuera à se battre pour une place chez l’Oncle Sam, le numéro 9 peut tout de même regarder en arrière et se demander s’il n’a pas pris ce mauvais virage, cette phase mentionnée plus haut et qui l’a enfermée dans un cadre bordélique. Même chose pour Andrea Bargnani, laissé face à son destin à Toronto, lui qui avait besoin d’une réelle structure pour mieux bosser, d’une discipline solide car en manquant déjà pas mal d’entrée. Derrick Williams chez les Wolves, Eddy Curry chez les Bulls : en comparaison, DeMarcus est bien évidemment meilleur que ces hommes-là puisqu’il est déjà allé nettement plus loin qu’eux, individuellement comme statistiquement parlant, cependant l’environnement dans lequel DMC grandit pourrait bien lui jouer des tours dans les mois à venir. Car aussi bon puisse-t-il être à distance, la force principale du bonhomme réside dans sa capacité à soulever des montagnes dans la raquette, plutôt que de s’écarter à 8 mètres. Et ça, malheureusement, cela ne se vérifiera que si son entraîneur le cadre sur le bon chemin, si George Karl parvient à se faire respecter en guidant Cousins sur la bonne route. Ce dont, on ne va pas se mentir, on doute très fortement.

Ainsi, que penser du futur proche qui sera réservé au pivot des Kings ? Fabuleux sur le terrain, jouant beaucoup sur son instinct et ses émotions, DeMarcus Cousins est un bijou qui continuera à dominer ses adversaires statistiquement et physiquement parlant. Cependant, en vivant malheureusement dans une structure hardcore, son potentiel hallucinant pourrait être ‘gâché’, en le voyant notamment tirer à distance plutôt que de défoncer la concurrence au poste-bas. Le Shaq le dit souvent, il doit énormément à Phil Jackson car la structure imposée aux Lakers était nécessaire afin de lui permettre de dominer à outrance.  Et dans le genre pivot qui pourrait régner sur la NBA ? Cousins est de cette lignée-là. On va donc jouer la carte patience, et voir si ces bombes à distance se transformeront en hooks permanents en bas.

Source image : www.al.com


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