La promotion 2014 nous doit une revanche : quelles attentes pour les sophomores ? Part 1
Le 13 oct. 2015 à 12:11 par David Carroz
Alors qu’elle était annoncée comme la cuvée de la décennie, la promotion des rookies de 2014 n’a pas forcément brillé. Bien entendu, c’est sûr la durée qu’on jugera et il reste encore du temps pour que ces jeunes hommes démontrent tout leur potentiel. Évidemment, les blessures de certains des prospects les plus brillants n’ont pas aidé à développer une concurrence qui aurait pu aboutir à de meilleurs résultats d’ensemble. Il n’empêche, nous attendons une revanche de leur part. C’est pour cela que nous suivrons attentivement leur progrès cette année.
Andrew Wiggins, Jabari Parker, Joel Embiid, Julius Randle… voilà quels étaient les plus gros noms avant la grande foire aux talents de 2014. Si on ajoute Dante Exum qui se présentait comme une surprise, le bondissant Aaron Gordon, le nom moins spectaculaire Zach LaVine ou encore le scoreur fou en NCAA Doug McDermott, on imaginait voir plusieurs joueurs avoir un impact sur les résultats de leur franchise dès leur début en NBA. Finalement, on a vu d’autres débutants – draftés plus tôt mais qui ne découvraient la Grande Ligue que la saison dernière – tirer leur épingle du jeu, comme Nikola Mirotic ou Nerlens Noel. On se retrouve donc avec des All-Rookie Teams qui font la part belle à des joueurs moins cotés ou pas attendus à ce niveau puisque seuls trois des dix premiers choix de la Draft ont été récompensés. Dans le même temps, Jordan Clarkson (46ème choix) et Langston Galloway (non drafté) ont su se mettre en évidence.
Au milieu de tout cela, on a également vu des Marcus Smart, Elfrid Payton, Jusuf Nurkic ou même K.J. McDaniels – dans des registres différents – afficher de belles dispositions qu’on demande à revoir. Alors, exceptionnelle ou pourrie cette génération ? Difficile à dire aujourd’hui, mais on espère en savoir plus durant cette nouvelle saison. Première partie d’un état des lieux de ce qu’on a vu et de ce qu’on attend désormais.
Premiers pas réussis, objectif confirmation
Des 14 lottery picks, seuls 4 ont vraiment tenu leur rang et proposé une saison rookie digne de leur statut. Bien entendu, en étant élu meilleur débutant de l’année, le premier choix Andrew Wiggins a prouvé que les Cavs Wolves avaient eu raison de miser sur lui. Joueur le plus utilisé de la cuvée (82 rencontres avec en moyenne plus de 36 minutes), il en a profité pour finir meilleur scoreur. Maintenant, il doit confirmer dans la jeune équipe de Minneapolis en progressant dans tous les domaines : le scoring, l’adresse, la défense et ainsi continuer sur le chemin qui lui est tracé depuis plusieurs années et qui doit le mener parmi les meilleurs joueurs de la Ligue. Cela passera de même par une prise de pouvoir au niveau du leadership pour s’affirmer comme le franchise player des Louveteaux, en profitant des conseils de vieux grognards pour le guider (Kevin Garnett, Andre Miller, Tayshaun Prince). Il pourra s’appuyer sur un jeune lieutenant issu lui aussi de la promotion 2014 en la personne de Zach LaVine. Le combo guard semblait faire la gueule lorsque son nom a été appelé par Adam Silver pour rejoindre le Minnesota. Le marsupilami nous a régalés à base de dunks spectaculaires, mais il a également montré qu’il savait joué au basket et qu’il n’était pas qu’un phénomène de foire monté sur ressorts. Ses 10,1 points (à 34,1% du parking) et 3,6 passes en 24,7 minutes demandent une belle confirmation cette saison. Sam Mitchell l’a bien compris, et il devrait confier le poste d’arrière shooteur titulaire à LaVine, lui qui avait surtout dépanner à la mène l’an dernier avec la blessure de Ricky Rubio. Zach + Andrew poste 2 et 3, on veut voir ça exploser.
Heureusement pour la NBA, il n’y a pas que dans le Minnesota que des rookies ont montré qu’ils savaient jouer au basket. Du côté de Boston, Danny Ainge et Brad Stevens sont de la même façon satisfaits de leur choix. Même si Marcus Smart (7,8 points à 36,7%, 3,1 passes et 3,3 rebonds en 27 minutes) ne présente pas des statistiques ronflantes, il n’en a pas moins réussi sa première saison dans la Grande Ligue. Blessé en novembre, il a su revenir par la suite pour former avec Avery Bradley un duo de pitbulls qui vire facilement aux cauchemar pour les arrières adverses, l’interception et demie qu’il réalise par rencontre n’étant qu’un maigre exemple de son intensité défensive. En se fondant dans les rotations et le collectif mis en place par Brad Stevens, il a fait preuve de maturité alors que cela était remis en doute à son arrivée chez les pros. Autre bonne surprise, son adresse de loin. Alors qu’il n’atteignait pas les 30% à Oklahoma State, ce sont 33,5% de ses tentatives du parking qui ont fait ficelle l’an dernier. Maintenant, il doit progresser offensivement pour vraiment pouvoir peser des deux côtés du parquet. Avec Isaiah Thomas, Avery Bradley et Evan Turner, ils vont se partager la grande majorité des minutes sur les postes 1 et 2. Après l’adaptation réussie, on attend une évolution positive, à l’instar de sa franchise.
Le dernier larron à avoir été à la hauteur se trouve en Floride, à côté de Mickey. Elfrid Payton, le p’tit gars issu d’une fac de seconde zone (LaFayette) a offert plus que sa coupe de cheveux au Magic. Comme Marcus Smart, mais dans un registre différent, c’est en défense qu’il a eu le plus d’impact. Forcément, quand on porte le même nom de famille que papa Gary, on se doit d’assurer de ce côté du parquet. Avec 1,7 interception par rencontre, une capacité à couper les lignes de passe et à défendre sur le porteur du ballon, il forme avec Victor Oladipo un jeune duo de défenseurs qui ne demande qu’à verrouiller le backcourt adverse soir après soir. Meilleur passeur des débutants avec 6,5 assists en moyenne (8,1 après le All-Star Weekend), Payton connait le poste de meneur dans un rôle de facilitateur. Maintenant, il lui reste à bosser son shoot de loin (26,2%) et les lancers francs (55,1%) car pour le moment on se dirige vers un style Rajon Rondo parfois trop unidimensionnel. Son nouveau coach Scott Skiles ne faisait pas mieux à ses débuts depuis le parking avant de tourner à 37,8% en carrière. Et sur la ligne, on frôle de 89%. C’est donc un bon mentor qui va pouvoir pousser Elfrid à aller chez le coiffeur à travailler ses points faibles. Mais aussi sa complémentarité avec Oladipo, car on a senti le meneur plus à l’aise aux côtés d’Evan Fournier que du joueur issu de l’Université d’Indiana.
On ne tire pas sur l’ambulance
Malheureusement pour cette cuvée 2014, le karma était en mode biatch et a calmé un grand nombre des joueurs issus de cette promotion. Difficile dans ces conditions de s’adapter au niveau NBA, de prendre ses marques et de progresser. Nous aurions dû nous douter que les choses n’allaient pas se passer en douceur pour le physiques de rookies. Joel Embiid avait donné l’alerte avant même d’être drafté par des Sixers pas stressés à l’époque de devoir se passer quelques temps de leur intérieur camerounais. Pas sûr qu’ils refassent le même choix aujourd’hui sachant que le Twittos of the Year en NBA n’ait toujours pas en mesure de faire ses débuts chez les pros puisqu’il va encore squatter l’infirmerie cette saison. On attendra donc de voir celui que certains comparaient à Hakeem Olajuwon grâce à ses moves offensifs et ses qualités défensives, en se contentant de ses cours de drague sur les réseaux sociaux.
Deuxième prospect majeur à rejoindre l’infirmerie, Julius Randle n’aura foulé les parquets que 14 minutes avant de se casser le tibia et de dire adieu à sa saison rookie. Impossible par conséquent de juger son niveau et sa capacité à supporter Kobe Bryant. Est-il pour autant la raison pour laquelle les Lakers ont préféré miser sur D’Angelo Russell plutôt que Jahlil Okafor cette année ? Peut-être, mais cela signifierait que L.A. ferait un énorme pari en pensant que leur intérieur sera au niveau. On a hâte de voir “Lamar Odom dans le corps de Z-Bo” selon le “Black Mamba.”
Infirme suivant, Aaron Gordon. Certes, avant la blessure de l’ailier du Magic, Marcus Smart avait lui aussi bénéficié d’un arrêt maladie de quelques semaines, mais son absence n’a pas autant duré. Certes, le 4ème choix de la Draft a pu prendre part à 47 rencontres, soit plus de la moitié de la saison. Mais sa fracture du pied a bien mis à mal ses débuts en NBA puisqu’il a eu énormément de mal à retrouver sa place dans la rotation après son retour en janvier. Suite à une bonne Summer League – avec une progression au shoot à des années lumières du niveau affiché l’an dernier à la même époque – , le MVP du Championnat du Monde -19 en 2013 espérait arriver en pleine bourre au camp d’entrainement. Pour cela il aurait fallu éviter de se faire casser la mâchoire par son frère mi-juillet. Un nouveau contretemps puisque Gordon a dû se faire opérer et qu’il ne devrait retrouver ses collègues que mi octobre. Bosseur, doté de qualités physiques et athlétiques exceptionnelles, il suscite à juste titre toujours de gros espoirs à Orlando.
Le dernier mais pas le moindre à avoir gouté aux joies du repos forcé n’est autre que le deuxième choix de la Draft 2014. Auteur d’un début de saison sympathique à l’image des Bucks, Jabari Parker se rompt le ligament croisé antérieur du genou gauche mi-décembre face à Phoenix, après 25 matchs en NBA. Un coup dur pour le rookie qui a dû suivre la suite de l’aventure éloigné des parquets, tandis que Milwaukee maintenait son rythme de croisière pour atteindre les Playoffs. Avec l’arrivée de Greg Monroe dans le Wisconsin cet été, les joueurs capables de scorer – son point fort – sont maintenant nombreux dans l’effectif de Jason Kidd. Quel sera son rôle et trouvera-t-il sa place aux côtés de l’ancien Piston, Giannis Antetokounmpo ou encore Khris Middleton ? Après avoir pris du muscle cet été, il semble acquis que son poste sera celui d’ailier fort. Ca tombe bien, avec de départ d’Ersan Ilyasova, il y a des minutes supplémentaires à gratter poste 4.
Glissons également ici un petit mot pour Damian Inglis. Premier choix du second tour de la Draft, une blessure à la cheville plus longue que prévu à guérir et nécessitant finalement une opération l’a tenu éloigné des parquets toute la saison. Il débutera donc cet exercice dans la peau d’un rookie. Si les attentes ne sont pas aussi élevées que pour de nombreux autres membres de la promotion 2014, on suivra avec attention ses premiers pas à un poste d’ailier où les solutions sont légion à Milwaukee (cf. les noms cités ci-dessus).
Papys font de la résistance
Certains débutants de la saison dernière n’étaient pas vraiment des novices, et cela leur a permis d’en profiter. On pense notamment à Nikola Mirotic qui débarquait aux Bulls après quatre années au Real de Madrid et des prestations remarquées en Liga et en EuroLeague. C’est d’ailleurs avec le statut de meilleur joueur européen n’évoluant pas aux Etats-Unis que le barbu arrivait à Chicago. Alors que Tom Thibodeau n’a pas pour habitude de faire jouer ses rookies, Mirotic a tout de même réussi à tirer son épingle du jeu, malgré une présence sur les parquets fluctuante en fonction des blessures des uns et des autres. Il faut dire qu’entre Pau Gasol, Joakim Noah et Taj Gibson, la raquette était bien chargée dans l’Illinois. C’est d’ailleurs à l’aile qu’il a dépanné lorsque Mike Dunleavy était blessé par exemple, pour nous offrir un mois de mars de haute volée, pour devenir le go-to-guy des Bulls et finir à 20,8 points et 7,6 rebonds sur cette période. Avant de disparaitre ou presque de la rotation en Playoffs. Avec l’arrivée de Fred Hoiberg qui va s’appuyer sur plus de mouvement en attaque, le joueur originaire du Monténégro doit confirmer cette impression et s’affirmer comme une vraie menace poste 4, en affichant une meilleure adresse longue distance. Tout en progressant défensivement pour ne pas être un boulet qui se fait maltraiter par des intérieurs plus physiques.
Autre ancien de Real à avoir découvert le NBA l’an dernier – même s’il jouait au Fener avant de traverser l’Atlantique – Bojan Bogdanovic a été l’une des rares satisfactions en 2015 à Brooklyn. Le joueur de 25 ans n’a certainement pas le profil d’un potentiel All-Star comme d’autres camarades ayant débuté en même temps que lui, mais il n’en demeure pas moins un bon joueur de basket qui trouvera sans problème sa place dans un roster. Pas maladroit de loin (35,5%), bon coéquipier, on attend de voir s’il peut encore faire mieux que ses 9 points en 23 minutes dans une équipe des Nets en reconstruction. Et s’il surprenait son monde en cartonnant cette année ?
Le cas Nerlens Noel est différent des deux Européens qui ont quitté le Vieux Continent après plusieurs saisons chez les pros, mais l’intérieur de Philly a certainement bénéficié de son année à se soigner et bosser son jeu avec l’organisation des Sixers. Drafté en 2013 alors qu’il était blessé – une spécialité chez Sam Hinkie – il n’a pas pu fouler les parquets avant fin octobre 2014, à la fois pour s’assurer de son retour en bonne santé mais aussi pour maintenir le cap du tank en Pennsylvanie. Après des débuts difficiles, il a fini la saison en trombe avec un mois de mars à 14,3 points, 11,2 rebonds et plus de 2 contres et 2 interceptions de moyenne. Brett Brown voulait en faire son Joakim Noah en défense, il a été satisfait par les progrès montrés. Associé cette saison avec Jahlil Okafor qui est plus réputé pour ses qualités de l’autre côté du parquet, il doit s’affirmer comme le patron de la “D” à Philly et trouver une complémentarité avec le rookie.
C’est l’heure de se réveiller
Parfois le souci quand on est rookie, c’est que la marche est un peu haute entre la NCAA et la NBA, qu’il faut du temps pour passer de dominer des ados à lutter avec des adultes. Surtout quand soit même on est encore en pleine puberté ou presque, qu’on vient de loin ou qu’on quitte un univers dans lequel on était à l’aise. C’est ce que Noah Vonleh a connu en rejoignant Charlotte l’été dernier. Il est devenu la doublure de son prédécesseur chez les Hoosiers, Cody Zeller, de trois ans son ainé. Difficile à 19 ans, alors qu’on est étiqueté nouveau Chris Bosh, de venir bousculer la hiérarchie dans une équipe qui vise les Playoffs, surtout quand on rate la préparation à cause d’une pubalgie. pourtant, on ne peut pas dire que c’est cette blessure qui a coulé sa saison, même si elle y a contribué. En revenant dès mi novembre, l’intérieur pouvait encore montré que ses qualités de rebondeur et son adresse à mi-distance ou de loin pouvaient être des armes pour les Frelons, mais il n’a pas su convaincre Steve Clifford, collectionnant les DNP – coach decision. A Portland, il pourra lancer sa carrière avec moins de pression, luttant avec Meyers Leonard pour pendre la succession de LaMarcus Aldridge. Avec plus de 17 points et 8 rebonds en 29 minutes lors de la Summer League, il doit capitaliser sur cette confiance et prouver que sa neuvième place à la Draft n’était pas usurpée.
Un autre joueur a connu les joies des DNP par choix du coach, et il suivait Noah Vonleh de près lors de la Draft. Doug McDermott, 11ème choix, n’a pas foulé les parquets beaucoup plus que l’ancien intérieur des Hornets puisqu’il n’a pris part qu’à 36 rencontre (25 pou Vonleh). Certes il y a eu une blessure au genou qui l’a freiné, mais il n’a surtout pas donné satisfaction à Tom Thibodeau. l’ancien coach des Bulls n’a jamais été tendre avec ses rookies qui servent surtout à faire tourner les serviettes dans ses systèmes, mais Douggie n’a pas non plus fait fructifier ses minutes de jeu : 40,2% au tir, 31,7% du parking, une défense suspecte et l’incapacité à mettre en avant ses points forts, il n’a pas su donner tort à “Thibs”. Avec l’arrivée de Fred Hoiberg et un style qui correspond plus à sa vision du basket, l’ancienne star de Creighton peut espérer s’imposer dans la rotation des Bulls. Ses 17,8 points à 47,1% dont 45,2% de loin et 4,8 rebonds en 30,8 minutes sur les quatre premières rencontres de pré-saison sont de bonne augure. A lui de continuer ainsi pour faire oublier l’absence de Mike Dunleavy pour les premières semaines de compétition.
On espérait voir Dante Exum suivre ce chemin lui-aussi, celui qui lui aurait permis de justifier les espoirs placés en lui lorsque le Jazz le choisissait en 5ème position pour lui confier les rennes de l’équipe, un an après avoir sélectionné Trey Burke. Autant dire qu’avec 4,8 points à 34,9%, 2,4 passes et 1,6 rebond, il n’a pas fait rêver les Mormons. Malheureusement pour lui, il ne le fera pas non plus en 2015-16 puisque monsieur n’a rien trouvé de mieux que se faire les ligaments croisés lors d’un match avec l’équipe d’Australie. Dommage, après une saison d’adaptation, on aurait bien aimé voir si le kangourou pouvait bien être le phénomène annoncé.
Voilà donc du beau monde dont on attend la confirmation du talent la saison prochaine. Certains d’entre eux ont déjà trouvé leur place en NBA, d’autres ont des circonstances atténuantes. Mais les excuses ne font qu’un temps, et il va falloir faire mieux maintenant pour confirmer tout le bien qui était dit de cette cuvée avant les premiers pas en NBA. La hype, c’est bien, mais la réalité du terrain vaut bien plus.. Rendez-vous prochainement pour la suite de la présentation des sophomores et de cette promotion 2014, avec les bonne surprises, les roles players en puissance ou ceux qui squattent toujours en Europe.