Preview des Nets 2015-2016 : franchise de milliardaire et plan d’avenir à 1 euro
Le 08 oct. 2015 à 18:49 par Alexandre Martin
49 victoires en 2012/2013, 44 en 2013/2014 et seulement 38 la saison dernière, les Nets ne sont clairement pas sur une pente que l’on peut qualifier d’ascendante. Les objectifs de bague de Mikhail Prokhorov sont bien loin aujourd’hui et si le milliardaire russe pourra toujours se consoler en se disant que son investissement dans la franchise de Brooklyn se révèle être une excellente affaire, il va lui falloir s’armer de patience sur le plan sportif avant de voir son équipe rivaliser réellement pour autre chose qu’un premier tour de Playoffs…
Que s’est-il passé l’an dernier ?
Après avoir soit-disant “subi” le départ de Jason Kidd pendant l’été, les Nets ont fait venir Lionel Hollins dont le sérieux n’est plus à prouver après le superbe boulot qu’il a effectué en tant qu’head coach des Grizzlies de 2009 à 2013. Orphelins de Paul Pierce qui leur avait fait tant de bien notamment en Playoffs, les Nets ont donné l’impression de patauger tout au long de la saison sans jamais trouver le moindre rythme. L’ami Lionel a bien fait d’innombrables tentatives pour ressusciter Deron Williams ou pour inculquer de vraies valeurs à ce groupe mais il n’en a rien été. 20ème en offensive rating et 24ème en defensive rating (stats Basketball Reference), les pensionnaires du Barclays Center ont arraché le 8ème spot de la faible conférence Est avec un bilan de 38 victoires donc. Au premier tour de Playoffs, ils ont finalement assez bien résisté à des Hawks timides et manquant d’expérience et sont partis en vacances vers la fin avril après une série perdue 4-2 sans véritablement combattre mais sans véritablement baisser les bras non plus. Sans âme quoi…
Résumé des transferts de l’été
- Ils sont arrivés : Rondae Hollis-Jefferson et Chris McCullough (draft), Andrea Bargnani, Wayne Ellington, Thomas Robinson, Dahntay Jones, Shane Larkin, Willie Reed et Donald Sloan (agents-libres), Quincy Miller (Pistons),
- Ils sont partis : Alan Anderson (agent-libre, Wizards), Mirza Teletovic (agent-libre, Suns), Mason Plumlee (échange, Blazers), Earl Clark, Darius Morris, Cory Jefferson et Deron Williams (coupés).
Mine de rien, il s’agit d’un été assez mouvementé pour les Nets dont les dirigeants ont pris quelques décisions bien tranchées comme celle de négocier un buy-out avec Deron Williams ou celle de filer le max soit 60 millions sur 3 ans à Brook Lopez. Les départs d’Alan Anderson et de Mason Plumlee vont devoir être remplacés en termes de dureté dans le jeu mais ce ne sont pas non plus des All-Stars qui quittent le club. Ce bon Mirza va aller faire valoir ses talents de sniper en Arizona dans un style de jeu qui lui conviendra certainement mieux que celui d’Hollins. Du côté des arrivées, le GM Billy King a clairement plus fait dans la quantité que dans la qualité. De bons joueurs débarquent mais rien de transcendant. Cela va être à Hollins de trouver la bonne alchimie pour faire fonctionner le groupe et on sait qu’il en est capable à partir du moment où les hommes adhèrent.
Effectif pour la saison 2015-2016
- Meneurs : Jarrett Jack, Donald Sloan, Shane Larkin
- Arrières : Joe Johnson, Markel Brown, Wayne Ellington, Dahntay Jones, Sergey Karasev
- Ailiers : Bojan Bogdanovic, Rondae Hollis-Jefferson
- Ailiers-forts : Thaddeus Young, Chris McCullough, Thomas Robinson, Willie Reed, Quincy Miller
- Pivots : Brook Lopez, Andrea Bargnani,
Les joueurs en gras sont ceux qui devraient intégrer le cinq majeur au début de la saison.
Le départ de Deron Williams laisse le champ libre à Jarrett Jack qui va hériter du poste de meneur titulaire avec Donald Sloan en premier remplaçant et Shane Larkin derrière. Joe Johnson va bien évidemment tenir sa place sur les extérieurs en compagnie du Croate Bojan Bogdanovic. Les deux sont de bons shooteurs et sont capables de défendre honorablement mais ça manque de percussion en attaque. La raquette sera tenue par le duo Young – Lopez. Tous deux viennent de signer de nouveaux contrats, ils sont plutôt complémentaires sur le papier entre l’énergie et les qualités athlétiques du combo-forward qu’est l’ami Thaddeus et l’alliage de taille et de technique que propose Lopez. Ce cinq majeur est donc pas si mal équilibré. Le gros point d’interrogation concerne surtout la mène où on peut se demander si Jarrett Jack a les épaules pour driver une équipe NBA en tant que titulaire sur une saison entière. Le banc n’est pas extrêmement talentueux mais il comporte quelques role-players intéressants qu’Hollins saura utiliser à bon escient comme par exemple Wayne Ellington, Markel Brown, Donald Sloan, le rookie Hollis-Jefferson ou Andrea Bargnani.
Question de la saison : Brook Lopez peut-il devenir le leader des Nets ?
Il vient de re-signer pour 3 ans au salaire maximum avec sa franchise de toujours, celle qui l’a drafté en 2008. Lopez a 27 ans et sort d’un saison qu’on peut qualifier de “complète” puisqu’il a participé à 72 des 82 matchs de saison régulière sans sembler souffrir du pied, du genou, du dos, du petit doigt ou du lobe de l’oreille gauche… Le bonhomme est grand, plutôt costaud et sacrément mobile pour son gabarit. En plus, il dispose d’une technique au poste bas et d’un shoot à mi-distance qui font de lui l’un des meilleurs big men de la ligue en attaque. Oui en attaque… Car en défense et au rebond, Brook nous fait plutôt penser à Brooke Shields. Ok, il met quelques contres mais il est trop souvent en retard sur les rotations et surtout, il est beaucoup trop soft au rebond. Nous parlons ici d’un garçon de 2m13 pour environ 120 kilos qui ramasse à peine plus de 7 rebonds par rencontre en carrière ! Voilà le gros défi qui attend le jumeau de Robin : devenir enfin un vrai leader, se donner plus sur le parquet.
Candidat sérieux au transfert : Sergey Karasev
Le compatriote de Prokhorov va pâtir d’une rotation très fournie sur le poste 2. Et même en admettant que Lionel Hollins considère qu’il peut aussi jouer dans l’aile, on voit assez mal comment le jeune Karasev pourrait grappiller suffisamment de temps de jeu pour obtenir une vraie place dans ce roster. A 21 ans et malgré les quelques bribes de talent qu’il a pu montrer, il est probable que le Russe ne se retrouve dans une impasse. Chez ces Nets, il passera en tous cas derrière Joe Johnson, Bojan Bogdanovic, Wayne Ellington, Markel Brown, Rondae Hollis-Jefferson et l’arrivée du vétéran Dahntay Jones n’est vraiment pas une bonne nouvelle pour lui. D’autres franchises NBA, voire quelques clubs européens, auraient certainement plus de place pour ce bon Sergey…
Candidat sérieux pour la surprise : Bojan Bogdanovic
Le swingman croate sort d’une première saison tout à fait honorable au sein de la Grande Ligue étant donné la parodie de collectif dans laquelle il a évolué. Majoritairement utilisé en sortie de banc (28 fois titulaire sur 78 matchs), l’ami Bojan a pu montrer – notamment après le All-Star Game – qu’il pouvait faire pas mal de choses sur un parquet à commencer par rentrer des tirs, attaquer un peu le cercle et prendre des rebonds. Lionel Hollins pourrait être tenté de l’installer dans le cinq majeur au poste 3 pour voir ce qu’il peut donner avec plus de temps de jeu. Bogdanovic devra montrer qu’il peut défendre sur des ailiers ou des arrières titulaires en NBA s’il veut obtenir ce genre de confiance de la part de son coach. Mais si c’est le cas, il aura alors une superbe occasion de briller car c’est un joueur technique et plutôt physique qui peut planter au moins 15 points par match sans problème tout en jouant dur et collectif.
Meilleur et pire scénario
- Lionel Hollins réussit à trouver très vite une belle alchimie entre tous ses joueurs qui adhèrent au projet de jeu de leur coach. Jack se révèle être un meneur titulaire tout à fait honnête et Joe Johnson – qui est en fin de contrat – bouge vraiment son gros short en envoyant plus de 20 points par match tout en puissance et en clutchitude. Brook Lopez se fait violence et tourne à 18 points accompagnés de 10 rebonds (si, si !). Le Barclays Center devient plus qu’un simple lieu de rendez-vous pour hipsters et s’apparente de plus en plus à un antre de fans de ball orange où il est de moins en moins évident de venir gagner. Certes, l’équipe manque encore de talents mais en s’appuyant sur son trio Jack – Johnson – Lopez, les Nets parviennent à produire un jeu intéressant en attaque et comme tout le monde met la main à la pâte en défense, ce sont 45 victoires qui figurent au bilan de la franchise en fin d’année. Au premier tour des Playoffs, Lionel H. et sa bande poussent les Cavs de LeBron James jusqu’au bout du suspense avec une série perdue en 7 matchs mais avec une âme enfin retrouvée.
- Comme on pouvait s’y attendre, Jarrett Jack n’a pas le niveau pour diriger une équipe en tant que titulaire sur une saison entière. Joe Johnson profite bien tranquillement de la dernière année de son
scandaleuxénorme contrat (encore environ 25 millions de salaire pour lui cette saison) et pour couronner le tout, dès le mois de décembre, Brook Lopez se blesse au genou lors d’une sortie en famille à Central Park avec son frère qui habite également New York désormais. Et alors qu’Andrea Bargnani fait de son mieux pour faire illusion sous le cercle, le bateau Brooklyn sombre alors dans les abysses de la conférence Est malgré les tentatives désespérées de Lionel Hollins de faire comprendre le jeu à Thaddeus Young ou pour calmer Thomas Robinson qui fera partie d’un trade en janvier histoire de connaître son 6ème roster en 4 ans. Bilan : 24 petites victoires, démission d’Hollins et un gros pétage de plomb de Mikhail Prokhorov qui refait signer Joe Johnson à prix d’or avant de vendre la franchise à un sympathique consortium de milliardaires Indiens – amis de Vivek Ranadivé – qui rebaptiseront l’équipe les “Cows” en l’honneur de cet animal sacré dans leur pays et surtout en souvenir du regard vif de Dahntay Jones.
Pronostic de la rédaction : 33 victoires – 49 défaites
La grande majorité des membres de la rédaction ne voient pas Brooklyn ne serait-ce que s’approcher des Playoffs cette saison. Trop peu de talent, pas de vrais leaders et un projet d’avenir qui est quasiment inexistant comparé aux sommes qui ont été investies dans la franchise par Prokhorov. 33 victoires c’est encore 5 de moins que l’année dernière et cela confirmerait la pente descendante et très savonneuse sur laquelle se trouvent actuellement les Nets. Et il va falloir plus que des paquets de dollars pour la remonter…
Source image : Kathy Willens / AP