Tombeur : comment Kendall Marshall va griller Tony Wroten pour pécho Okafor dans le 5 des Sixers

Le 07 oct. 2015 à 11:46 par David Carroz

Il y a un peu plus d’un an, on imaginait bien Kendall Marshall envoyer Brandon Knight sur le banc des Bucks pour s’imposer comme le meneur titulaire chez les Daims et briller parmi les meilleurs passeurs de la Ligue. Autant dire qu’on s’était bien plantés, la victime de DeAndre Jordan ne terminant pas loin d’une première sélection All Star pendant que l’ancien Laker lui servait de doublure. Depuis, Knight a été envoyé à Phoenix avec un joli petit contrat alors que Marshall ne brassera pas trop de billets verts à Philadelphie, après avoir fini la saison à l’infirmerie.

L’occasion pour lui de rebondir et prendre place durablement dans un 5 majeur ? Possible, mais loin d’être assuré car Tony Wroten se voit bien dans ce rôle. C’est finalement une situation similaire à celle de la saison dernière à laquelle Kendall Marshall doit faire face : petit nouveau dans une équipe qui n’a pas remporté 20 matches lors de l’exercice précédent, il semble avoir les cartes en mains pour se voir confier les rênes de l’attaque de sa franchise. Mais pour cela, il faudra passer devant un meneur scoreur, dont les qualités sont bien différentes des siennes. Aux Bucks, Jason Kidd avait plutôt misé sur la continuité en maintenant Brandon Knight titulaire pendant que l’ancien de North Carolina drivait la second unit. Avec brio d’ailleurs puisque le banc des Daims, sous l’impulsion de Marshall, plantait 43,6 points par rencontre avant sa blessure, de quoi dominer la Ligue dans cette catégorie statistique. Certes, ses 4,2 points et 3,1 passes peuvent paraitre légers dans cette production, mais en 15 minutes par rencontre, difficile de faire plus gonfler ses stats, surtout pour un joueur dans un rôle de facilitateur et de constructeur. En effet, Kendall Marshall est un excellent passeur (le meilleur de l’histoire de North Carolina sur une saison), mais pas du style Rajon Rondo. Je bouffe la gonfle 15 à 20 secondes pour filer la balle à un mec démarqué, ce n’est pas son style. Non, il est plus du genre à faire vivre le ballon, et comme il dispose d’une excellente vision du jeu, il trouve ainsi des partenaires en bonne position. Un meneur old school qui préfère donc voir le ballon circuler et distribuer les caviars plutôt que d’attaquer le cercle ou envoyer des missiles. Pourtant, il a progressé dans ce domaine. A sa sortie de fac, de nombreux observateurs se posaient des questions sur la fiabilité de son shoot. Après avoir bossé sur ce point faible lorsque les Wizards l’ont coupé, il tourne désormais à 39,7% depuis le parking sur 224 tentatives en 82 matches (54 avec les Lakers, 28 avec Milwaukee). La confirmation doit se faire sur un plus gros volume, mais les doutes sont déjà bien dissipés. Ramenées sur 36 minutes, ses stats au scoring ont d’ailleurs augmenté toutes les saisons. Il n’y a pas de raison que cela cesse à Philly. Par contre, pour la finition en pénétration, il reste du boulot

Tony Wroten Kendall Marshall

Comparaison statistique entre Kendall Marshall et Tony Wroten sur 36 minutes par rencontre en 2014-15.
Source : basketball-reference.com

Finalement, c’est un peu l’inverse pour Tony Wroten. Il a beau clamer dans les médias que ce qu’il fait le mieux c’est passer le ballon, on a quelques doutes. A moins que cela soit à l’adversaire. En effet, des joueurs ayant pris part à 30 rencontres ou plus la saison dernière, il est le 7ème à avoir perdu le plus de ballons en moyenne par match. Et si on ramène cette vilaine statistique sur 36 minutes de temps de jeu, seuls Russell Westbrook et DeMarcus Cousins font pire. Alors oui, il a su apporter offensivement l’an dernier avant sa blessure, étant même parfois le seul Sixer qui semblait en mesure de scorer. Mais à quel prix ? En plus de ses soucis de justesse dans son jeu de passe, Wroten a également fait preuve d’une sélection douteuse de shoot, avec une adresse peu glorieuse de 40,3% dont 26,1% du parking. La lumière devait être éteinte à l’emplacement des voitures pour expliquer cela. C’est par contre grâce à des pénétrations tranchantes qu’il a pu récupérer de nombreux points depuis la ligne des lancers-francs quand son nouveau concurrent chez les Sixers est incapable de provoquer une faute ou presque. Un style bien différent donc, mais que Kendall Marshall n’avait pas réussi à surpasser chez les Bucks. Bis repetita à Philly ?

Ce n’est pas sûr. En effet, bien qu’encore jeune, Tony Wroten ne présente pas autant d’assurance que Brandon Knight, et Marshall peut donc clairement tirer son épingle du jeu. Ses qualités sont évidentes. Assez pour lutter face aux meilleurs postes 1 de la Ligue ? Probablement pas encore. Mais suffisamment pour mériter de se frotter à eux régulièrement dans un effectif en construction. Ca tombe bien, c’est ce que les Sixers peuvent lui offrir cette saison. L’occasion de définitivement lancer sa carrière, lui qui ne s’est pas encore imposé malgré de belles prestations chez des Lakers en perdition en 2014. Mais le potentiel est là et à Philly, il devrait avoir plus d’opportunités de le prouver qu’à Milwaukee puisque la politique de la franchise est clairement de donner leur chance à des joueurs avec son profil, jeunes (moins de 5 ans en NBA), talentueux dont on attend qu’ils fassent leur trou en NBA et qui ont été freinés pour différentes raisons. Sans la pression de la victoire, juste celle de progresser et de montrer ce qu’il vaut, à condition d’avoir du temps de jeu.

Depuis son arrivée en Pennsylvanie, il a aussi fait preuve d’une belle capacité d’adaptation. Pas encore sur les parquets puisqu’il n’est pas apte pour le camp d’entrainement, mais aux côtés d’un autre blessé. C’est ainsi que le bon vivant Joel Embiid a trouvé un partenaire de jeu sur FIFA en la personne de Kendall Marshall. À eux deux, les réseaux sociaux vont chauffer dans la Cité de l’Amour Fraternel, car si le troisième pick de la Draft 2014 est réputé pour son activité online, son nouveau coéquipier n’est pas en reste lui non plus. Mais c’est l’entente de l’ancien de North Carolina avec un autre intérieur de l’effectif qui est attendue. Ce qu’on veut voir aux Sixers, c’est du pick’n’roll entre le meneur et Jahlil Okafor, comme Marshall avait su le faire avec brio associé à Pau Gasol à Los Angeles. Chose qu’on n’imagine moins bien entre le rookie et Tony Wroten par exemple, sans faire injure aux points forts au joueur issu de Washington. Plus jeune que Marshall, moins de basket universitaire dans les pattes (alors qu’ils ont été draftés la même année), c’est probablement plus un rôle de combo guard en sortie de banc tel un Jamal Crawford qui peut lui convenir et également mieux correspondre aux besoins de Philly.

De toute façon, la concurrence entre les deux joueurs commence depuis l’infirmerie, le duo revenant juste de blessures aux ligaments du genou. Une belle paire d’unijambistes, même si leur retour ne devrait pas trop se faire attendre puisqu’ils devraient être sur les parquets pour fin octobre. Le physique va mieux, mais il faut maintenant que les meneurs retrouvent leurs sensations et dissipent l’appréhension que peut engendrer une telle indisponibilité. L’occasion pour les autres point guards de tirer leur épingle du jeu ? Pierre Jackson ou Isaiah Canaan peuvent-ils vraiment prétendre mener le jeu d’une franchise NBA ? A moins que Brett Brown ne confie ce rôle à Scottie Wilbekin ou T.J. McConnell. Et pourquoi pas le psy de TrashTalk tant qu’on y est… Quand on sait qu’à Philly on salivait déjà à l’idée de profiter du talent de D’Angelo Russell, Sam Hinkie doit faire la gueule.

Allez, cette fois-ci, c’est la bonne pour Kendall Marshall. Une place de titulaire, des progrès. Et puis on se reposera la question quand les Sixers choisiront un meneur à la prochaine draft. Sauf si les Lakers leur coupent l’herbe sous le pied et les obligent à récupérer un pivot en 3ème position. Point guard du 5 majeur, oui. Celui du futur, on verra.

Source image : hiphopsince1987.com