Comment utiliser au mieux Nemanja Bjelica chez les Wolves ? Te loupe pas, Flip Saunders !
Le 07 sept. 2015 à 18:38 par Leo
Honteusement sélectionné en 35ème position de la Draft 2010 par Washington, Nemanja Bjelica est ni plus ni moins en train de pratiquer le meilleur basket de sa prestigieuse carrière. Alors que la NBA a tardé à ouvrir les yeux pour de bon quant à son potentiel offensif hors normes, les Wolves de Minneapolis vont récupérer à point nommé un artiste sensationnel qui éclabousse l’Europe de toute sa classe…
Au regard de ce que réalise “Le Professeur” en ce moment même à l’EuroBasket, Flip Saunders et les Loups doivent se dire qu’ils ont réalisé un excellent mercato en s’attachant les services de Bjelica pour, il faut le remarquer, une bouchée de pain en comparaison de certaines signatures aussi osées qu’exorbitantes (environ 12 millions sur 3 ans). Fraîchement élu MVP de l’Euroligue, voilà un rookie de 27 ans en pleine force de l’âge qui pourrait faire des ravages dès novembre… si ses qualités polyvalentes seront bien mises en relief par le coaching staff ! Et oui, malgré son pedigree européen, rien n’est dû aux joueurs non-américains au sein de la Grande Ligue. De Drazen Petrovic à Juan Carlos Navarro, les compteurs sont stupidement remis à zéro et tout demeure à refaire. Cette règle archaïque et non inscrite de la NBA étant à présent rappelée, le très mobile Nemanja va débarquer dans une escouade au bord d’une reconstruction annoncée, s’inspirant à la fois de l’expérience de ses briscards aux CV longs comme les bras de Rudy Gobert – Kevin Garnett, Tayshaun Prince et Andre Miller notamment – et profitant par la même d’une jeunesse vigoureuse à faire grandir match après match, dont le ROY 2015 Andrew Wiggins, le très aérien Zach LaVine et le pivot sénégalais, Gorgui Dieng. Sur le papier, ça en jette et ça faisait une paille qu’on avait pas jeter de telles roses à un effectif aussi intéressant chez les Wolves, d’autant qu’on allait oublier de rajouter Ricky Rubio et Nikola Pekovic à cette mixture mitonnée par Saunders.
Dès lors, comment tirer profit des vertus de Bjelica de la meilleure façon possible, tactiquement parlant ?
D’une part, on a conscience que KG va débuter les rencontres comme il le faisait du côté de Brooklyn avec Lionel Hollins. Associé très probablement à Karl-Anthony Towns dans la raquette, le “Big Ticket” devrait très vite laisser sa place au plus offrant. Oui mais à qui ? Flip a du choix et de la flexibilité à disposition : Adreian Payne, Dieng et donc Bjelica de par sa faculté à jouer 4 car un poil trop lent pour le rythme dantesque de la Grande Ligue. D’autre part, d’un point de vue naturel, il serait logique de voir le Serbe remplacer Wiggins sur l’aile dès qu’il aura les batteries à plat mais cette stratégie ferait perdre des munitions d’attaque à l’équipe ; le fait de pouvoir compter sur plusieurs séquences sur un tandem Wiggo-Bjelica ne se refuse pas, jamais. En d’autres termes, les Loups ont de la profondeur de banc, raison de plus pour la rentabiliser au maximum ! Selon les oppositions spécifiques qu’ils auront à affronter – défi physique très relevé un soir, adresse longue distance à surveiller sur les lignes arrières le lendemain, les Loups auraient alors tout intérêt à remplir un seul et unique objectif pour que la mayo prenne avec l’ancienne star du Fenerbahçe : ne pas attenter à sa liberté de création qui le rend insaisissable et lui permet de livrer sa pleine mesure à chacune de ses sorties.
Sur une fourchette de 25 à 30 minutes en sortie de banc, Saunders devrait lui accorder d’emblée la permission de finir les rencontres afin de faire parler son instinct de tueur dans le money time, aiguisé comme une lame tout juste extraite de la forge. Alternant ainsi entre le poste 3 & 4, Minnesota pourrait frapper sur tous les tableaux, en small-ball avec KAT, Garnett ou Pekovic à ses côtés comme dans un système plus classique où Wiggins pourrait même être décalé en 2 pour permettre de garder de la viande taille dans la peinture. Ce qu’il faut bien avoir en tête c’est que Nemanja Bjelica est un playmaker imprévisible, efficace et tranchant dès qu’il jouit de la confiance de ses partenaires. Il aime avoir à partager les responsabilités à défaut, en l’occurrence, de les avoir en mains. Cependant, son futur statut de faux novice au pays de l’Oncle Sam ne sera qu’un leurre qu’il ne faudra prendre aucunement à la légère. Son vécu du haut niveau aux exigences implacables sera un atout indéniable pour une communauté de talents qui a pris le pari de la jeunesse.
Faudra-t-il favoriser un spacing moderne avec un Bjelica en 4 dès son entrée sur le parquet, à la manière des Warriors champions en 2015 qui prolongent l’idée du Miami Heat 2013 à désacraliser progressivement les particularités traditionnelles, propres aux différents postes du basket ? Ou juste un changement poste pour poste avec Andrew à l’aile ? A notre humble avis, un flottement aéré entre ces 2 postes devrait parfaitement convenir à ces Wolves prêts à progresser et à sortir l’artillerie lourde. L’un des autres enjeux que Saunders devra mettre au clair au cœur de son choix cornélien à opérer sera de déterminer quel élément servira de complément adéquat à l’efficience de l’électron libre serbe. Le profil de Dieng serait une proposition cohérente car ce dernier n’a pas nécessairement besoin de la gonfle pour se mettre en valeur ; Towns et Pekovic en revanche la demanderont à coup sûr mais apporteront une menace supplémentaire grâce à leur volume technique et les solutions créées derrière leurs écrans pour Bjelica et les autres. A voir quelle décision prendra l’ami Flip concernant l’utilisation à choyer de sa nouvelle recrue en provenance du Vieux Continent. Une chose est sûre : il ne trouvera pas la solution miracle dès le training camp, voire dès la première semaine de compétition. Cela prendra du temps, de la patience, du flair avant d’emboîter idéalement expérience et jeunesse pour un résultat optimal qui risque de faire bien des étincelles à l’avenir.
Quoi qu’il en soit, Nemanja Bjelica sur le banc ou jeté dans le feu pour 10 minutes de garbage : c’est mort et enterré, Flip…!
Source image : Sporista Basketbol