La défense de la France en mode open-bar : comment resserrer le verrou pour Vincent Collet ?

Le 06 sept. 2015 à 11:38 par Bastien Fontanieu

Aussi stupide que cela puisse sonner, l’EDF a assuré le principal en marquant plus de paniers que son adversaire ce samedi. Mais cette victoire a suivi un modèle qui ne ressemble absolument pas à celui que la France vise et doit viser : celui d’un champion d’Europe, donc d’un véritable barrage humain.

Depuis l’annonce du déroulement des phases de poule -en partie- et éliminatoires -en intégralité- sur le sol de nos coeurs, les yeux étaient avant tout rivés sur la puissance du cinq majeur de Vincent Collet, ce quintet fabuleux et capable de marquer de toutes les façons possible. Tony en création, De Colo à distance comme sur contre-attaque, Nicolas et Rudy dans les airs ou Boris au poste, l’attaque représentait davantage une assurance qu’une inquiétude, un luxe des plus confortables après avoir passé des années dans la totale-Parker-dépendance. Et si ce premier match contre la Finlande aura montré qu’il reste encore beaucoup de boulot à effectuer sur demi-terrain, pour affronter les grosses cylindrées sans crainte, ce n’est pas le côté du parquet qui nous intéressera le plus ici. Non. Hier soir, pour ses débuts dans l’Euro, la France a trompé ses valeurs défensives et abandonné ses principes collectifs. Devant son panier et derrière sa ligne extérieure, l’armée tricolore s’est transformée en véritable couloir de visites pour curieux touriste finlandais, eux qui n’ont pas laissé une seule miette de côté : 22 puis 15 puis 23 puis 21 points scorés, bonjour les dégâts.

Mais comme nous l’avons notamment souligné dans le résumé de cette courte victoire, l’heure n’est pas venue de sortir le fouet et partir en freestyle sur ces errements défensifs. Après tout, chaque groupe a besoin de son match de décrassage, ses fuites à boucher, ses systèmes à répéter et -dans le cas de la France- sa pression à gérer. Il est simplement important de remettre l’église au milieu du village, et de souligner les propos de Vincent Collet en donnant quelques points d’analyse. Comme ce poste 1 que nos adversaires ont gentiment entouré au marqueur, forçant Tony à défendre alors que ce n’est pas forcément sa tasse de thé. Comme ces rotations défensives trop improvisées et souvent terminées par des coéquipiers qui se pointent du doigt, pour rappeler en quelque sorte à l’autre que ce n’est pas ma faute mais bien la tienne. Comme ces foutus rebonds défensifs qui auront certes été gobés par un sublime Joffrey Lauvergne, mais dont les Finlandais se sont gavés en se créant plusieurs nouvelles chances de nous faire transpirer. Et enfin comme ces insupportables séquences de plusieurs minutes où personne n’ose taper une grosse faute histoire de mettre le nez de tout le monde dans la merde. Oui, tous ces points sont forcément mentionnés par Collet à l’heure où ces lignes sont écrites, erreurs évidentes et aisément remarquables sur ce premier match. Contre une Finlande inspirée et libre de toute pression, pourquoi pas. Mais au second tour ?

Nous n’avons pas su trouver de constance dans cette partie du jeu. […] On ne peut pas se contenter de matchs offensifs. […] Dès qu’on se relâche, on est à la merci de beaucoup d’équipes. Ce sera le cas dans les jours qui viennent si on ne rectifie pas le tir.” Vincent Collet pour l’Equipe.

Le banc de l’entraîneur est suffisamment profond pour pouvoir tenter des petites périodes de lockdown complet, à l’intérieur comme à l’extérieur. Et s’il est évident qu’un cinq avec Kahudi, Lauvergne, Gobert, Pietrus (ou Nico) et De Colo ne fera pas tomber le plafond montpelliérain d’un point de vue offensif, ce type de squad ultra-défensif pourrait être twisté puis tenté afin de retrouver les bases dont on parle et dont -surtout- Collet parle. Confortables devant l’idée d’avoir Rudy en nettoyeur derrière eux, les extérieurs français ont plutôt eu tendance à ouvrir les lignes de pénétrations, alors que les Finlandais ne sont pas connus pour leurs finitions façon Russell Westbrook. Résultat, des lay-ups et encore des lay-ups en croisant les doigts pour que Gobert sauve la baraque, sauf que cela ne passera pas. Même constat autour du poste de meneur, mentionné plus haut, et sur lequel la France risque de souffrir si elle ne trouve pas de solution. Un peu de Kahudi ou de Batum en cadenas personnel, histoire de freiner les ardeurs adverses et mieux balancer la dose d’attaque comme de défense ? Pourquoi pas, on a déjà vu ce modèle par le passé. Mais surtout, plus que tout joueur ou temps de jeu, c’est au cinq majeur de montrer l’exemple ce soir en reprenant des fondamentaux perdus simplement le temps d’un soir. Des pieds qui traînent, une communication moins bonne et un regard un peu trop supérieur sur l’adversaire, no thanks.

Ce soir, l’adversaire n’est peut-être pas de taille mais la France sera observée de près dans sa moitié de terrain. Elle doit peut-être remporter son match, mais elle doit surtout se rassurer identitairement en retrouvant des principes qui lui ont offert deux médailles en trois ans. On retrousse donc les manches, on regarde Collet faire ses choix, et on s’active.

Source image : DirectMatin


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