Dernier virage pour la génération Parker-Diaw-Piétrus : un Euro à gagner et Rio dans le viseur
Le 04 sept. 2015 à 13:28 par Alexandre Martin
Il y a 15 ans, Tony Parker et Boris Diaw – tous deux âgés de 18 ans – remportaient la médaille d’or au Championnat d’Europe Juniors à Zadar en Croatie. Depuis, ces deux monstres du basket tricolore n’ont cessé de porter haut les couleurs bleues avec notamment un troisième larron qui est et aura été leur plus fidèle compagnon de route dans cette aventure magique qui a fait basculer l’Equipe de France dans une toute autre dimension : Florent Piétrus.
Cette génération de joueurs français qu’observateurs, médias et fans s’accordent à qualifier de “dorée” est la leur. C’est la génération TFB comme pour “Tony-Flo-Boris” ou comme pour “Trop Forts au Basket”. Aujourd’hui, à la veille d’affronter la Finlande en guise d’entame de l’Euro 2015, nos Bleus s’apprêtent à aborder – pour la première fois – une grande compétition internationale au complet et avec l’étiquette de favoris, d’équipe à battre. C’est nouveau, c’est plutôt grisant et c’est très valorisant pour notre basket ! Pour la première fois de son histoire, une équipe de France spécialisée en grosse balle orange a un titre à défendre. Et elle en a les moyens, elle voit même carrément plus loin… Elle a le regard qui pointe au loin vers Rio et ces Jeux de 2016.
Un Euro de Basket est un tournoi extrêmement relevé car très dense en terme de niveau de jeu. Il n’y a qu’à voir les nations qui peuplent le groupe B de cet Euro 2015 – avec lequel nous croisons dès les huitièmes – pour comprendre que les places vont être chères : Espagne, Serbie, Allemagne, Italie, Turquie et les pauvres Islandais qui vont certainement collectionner les valises au cours des 5 matches de ce premier tour. Un championnat d’Europe peut être très tendu dès les poules et carrément meurtrier dès les huitièmes. L’Equipe de France – qui a elle un premier tour très abordable – sera donc “en danger” dès la sortie de poule et devra lutter très âprement pour aller au bout et conserver un titre si difficilement acquis. Tony Parker, Boris Diaw, Flo Piétrus savent ce qu’il en coûte d’aller chercher une couronne européenne. Quatrièmes en 2003, troisièmes en 2005 – et victimes de la fameuse “tragédie grecque” – puis deuxièmes en 2011 et enfin premiers en 2013, ces gars ont tout connu sur la scène européenne. Ils ont subi de grosses désillusions, buté à plusieurs reprises sur des adversaires plus expérimentés, plus vicieux ou tout simplement plus forts avant de finir par tous les battre et grimper sur la plus haute marche du podium.
Le défi qui attend nos Bleus à partir de demain est tout autre. Il ne s’agit plus de franchir un nouveau cap, il s’agit de rester tout en haut et de repousser tous les ennemis qui vont vouloir prendre leur place sur le trône. Être double champion d’Europe – qui plus est d’affilée – serait quelque chose qui placerait définitivement cette Equipe de France au niveau des plus grandes équipes européennes. Confirmer notre suprématie sur le Vieux Continent en faisant la loi lors d’un tournoi qui se déroule en partie dans l’Hexagone serait un accomplissement fabuleux et serait également l’assurance de participer aux Jeux Olympiques qui se tiendront à Rio l’année prochaine. Et oui, l’enjeu de cet Euro est double pour les Bleus : il leur faut conserver un titre ET se qualifier pour les JO de 2016. Il ne faut pas oublier que seuls les deux finalistes bénéficieront d’une qualification directe pour Rio et que les équipes classées de 3 à 7 devront passer par un très périlleux tournoi de qualification.
Nous avons déjà entendu Tony Parker parler de Rio 2016, de ces Jeux qu’il attend avec ambition mais qui seront probablement le théâtre de ces dernières sorties sous le maillot bleu. Il n’est pas impossible que Boris Diaw et Flo Piétrus – qui auront alors respectivement 34 et 35 ans – emboîtent le pas de leur pote Tony et mettent un terme définitif à leurs immenses carrières internationales (ils auraient tous les deux alors au moins 220 sélections chacun…). Ne croyez-vous pas que ces trois-là rêvent d’une finale olympique face aux Américains, double tenants du titre ? Et pourquoi pas carrément ambitionner de les regarder droit dans les yeux le temps d’un match, voire de les battre ? Oui parfaitement, les battre ! L’Espagne a montré récemment – et par deux fois (2008 et 2012) – qu’il était possible de donner de vraies frayeurs à la Team USA. Avant cela, l’Argentine – championne olympique en 2004 – a prouvé que les Américains n’étaient plus aussi intouchables même s’ils restent les grands favoris surtout lorsqu’ils envoient la grosse artillerie, ce qui a été le cas lors des deux dernières éditions. Ne croyez-vous pas que l’objectif de Tony Flo et Boris sera d’obtenir ce qu’ils n’ont pas encore pu véritablement approcher, ce que seules deux équipes de France de basket (1948 et 2000) ont réalisé auparavant : gagner une médaille lors d’un tournoi olympique ? Oh que si, ils en ont envie et tout la nation bleue est et sera derrière eux dans cette quête qui pourrait bien être la dernière de cette génération dorée.
Le propos ici n’est pas de minimiser l’importance de cet Euro bien au contraire. Il va falloir vivre et savourer chaque minute de cette compétition et supporter cette superbe Equipe de France qui va encore nous régaler à n’en pas douter. Mais il faut également mettre en perspective ce tournoi qui est clairement un des événements les plus importants de l’histoire du basket français mais qui pourrait être suivi de quelque chose d’encore plus grand, de plus intense. Quelque chose d’encore plus inoubliable…
Jamais l’Equipe de France n’a été aussi forte. Jamais elle n’a pu être aussi ambitieuse. Demain, nous n’aborderons pas l’Euro pleins d’espoir comme lors des dernières éditions. Nous l’aborderons avec l’objectif unique de le gagner parce que nous avons la chance de voir évoluer la meilleure équipe de basket que l’Hexagone ait connu. Mais ne nous y trompons pas, le plus grand exploit de la génération Tony – Flo – Boris pourrait un jour dépasser le cadre de la scène européenne…
Source image : fiba.com