Focus sur les Bleus de l’Euro : Alexis Ajinca, entre chaleur du chaudron et moiteur de Louisiane
Le 24 août 2015 à 17:11 par Alexandre Martin
Alexis Ajinça sort d’une saison tout à fait correcte à la Nouvelle-Orléans où il a participé à quasiment tous les matches de saison régulière obtenant un temps de jeu moyen d’environ 15 minutes dans le sillage (et l’ombre imposante) du Pelican mono-sourcillé et futur MVP qu’est Anthony Davis. Le Français a d’ailleurs re-signé avec sa franchise un contrat de 4 années pour 20 millions de dollars. Il débarque donc à l’Euro dans de très bonnes dispositions.
Son passé avec les Bleus
En 2009, la concurrence à l’intérieur était telle qu’Ajinça – qui n’avait encore que 21 ans à l’époque – n’a pas été retenu pour l’Euro se déroulant en Pologne. Non retenu également en 2010 pour le Mondial en Turquie, Ajinça renoncera à l’Euro 2011 pour optimiser sa préparation estivale en vue de percer en NBA. Pas présent non plus pour les Jeux Olympiques londonien de 2012, l’ami Alexis a réellement fait un premier trou en Bleu au moment de l’Euro 2013. Faisant face à de nombreux forfaits notamment dans la raquette, Vincent Collet n’a pas hésité à mettre “AA” titulaire du début à la fin de la compétition. Et Ajinça a su honorer la confiance de son coach et a effectué un superbe Euro qui s’est fini sur la plus haute marche du podium après avoir dominé les hôtes Slovènes en quart, l’ennemi espagnol en demi et la Lituanie en finale ! Malheureusement – même s’il faisait partie de la liste des pré-sélectionnés – il n’a pas pu venir mouiller le jersey tricolore au Mondial 2014 en Espagne. Un certain Rudy Gobert en a profité pour obtenir du temps de jeu au poste de pivot…
Points forts
Ajinça est un joueur intérieur qui aime naviguer dans le périmètre en attaque afin de pouvoir prendre quelques tirs à 4 ou 5 mètres qu’il est d’ailleurs capable de rentrer à un très bon pourcentage. Plutôt mobile pour sa taille (2m15), il peut courir et suivre les contre-attaques ou se montrer dissuasif en cas de switch défensif face à un joueur adverse plus petit. Cet alliage de technique, de longueur de bras et d’agilité font d’Alexis un intérieur très intéressant pour l’équipe de France en phase offensive car il oblige le pivot adverse à sortir de la raquette, laissant ainsi l’accès libre pour des pénétrations de Tony Parker, Nando de Colo, Evan Fournier ou Nicolas Batum.
Points faibles
Le rebond ! En Bleu comme en NBA, les arrières et les ailiers prennent régulièrement autant voire plus de rebonds que lui. Alexis Ajinça doit se faire violence sous le cercle et utiliser sa taille pour s’imposer après chaque tir manqué. Sur la préparation, il n’a pas été rare de voir Nando de Colo prendre plus de rebonds que son pote pivot en Louisiane. Ce n’est pas normal. C’est ce qui manque dans le jeu d’Alexis (et cela s’est trop vu pendant ce mois d’août jalonné de matches de préparation) : de la dureté, de l’énergie, de l’agressivité sur de nombreuses phases où le ballon doit être gagné et c’est de dont les Bleus vont avoir besoin tout au long de la compétition qui les attend en septembre. D’ailleurs, Vincent Collet n’a pas hésité à exprimer récemment qu’il attendait plus de son pivot remplaçant
Ses objectifs pour l’Euro à venir
Étincelant lors du Mondial espagnol puis carrément monstrueux en deuxième partie de saison avec le Jazz, Rudy Gobert sera le titulaire au poste de pivot et Alexis Ajinça sera son remplaçant. Le Pelican aura pour mission d’apporter la plus grosse présence possible sous le cercle à travers des points et des rebonds. L’objectif collectif des Bleus est d’aller au bout et de conserver le titre européen, celui de l’ami Alexis sera de bien montrer à coach Collet qu’il a un rôle important à jouer dans cet équipe de France plus forte que jamais… Alexis Ajinça n’a encore que 27 ans et “seulement” une grosse trentaine de sélections équipe de France mais il fait déjà partie de l’histoire du basket français avec ce titre européen auquel il a grandement participé.
Aujourd’hui, la concurrence est rude et les ambitions de la bande à Tony sont très élevées. Le stéphanois a les moyens de faire partie durablement des Bleus. Cependant, il doit continuer de progresser et toujours maintenir son envie car Gobert est déjà dans la place, “Mam” Jaiteh pousse et, qui sait, un jour Kevin Séraphin pourrait se réveiller et vraiment prétendre à une place. Mais pour l’instant, c’est Alexis qui est dans les 12 et il le mérite amplement !
Source image : Mika Kylmäniemi / Lehtikuva / AFP