Le petit guide de la loyauté : David West a-t-il fait une Ray Allen en rejoignant les Spurs ?

Le 08 juil. 2015 à 07:03 par Bastien Fontanieu

C’est un débat qu’on retrouve chaque année en NBA, chaque été, lorsqu’un joueur se rapprochant de la retraite décide de rejoindre un candidat au titre pour repartir avec une bague : le dossier David West est-il vraiment concerné ?

Cachés derrière nos écrans et déployant toutes nos plus belles émotions pour soutenir nos stars préférées, nous -passionnés- faisons souvent l’erreur de vouloir voir les joueurs réaliser les décisions financières que l’on souhaiterait vivre, alors qu’il s’agit d’un choix purement personnel à respecter. De Ray Allen à James Jones en passant par Derek Fisher ou Jason Kidd : tout le monde a droit à son petit tacle glissé sur les décisions de fin de carrière et l’ex-intérieur des Pacers pourrait agréablement rejoindre cette même catégorie. Pourrait ? Devrait ? Ne devrait pas ? Le but de cette plaidoirie n’est pas de jouer au grand César moralisateur un beau matin du mois de juillet, le bras tendu avec un pouce à tendre vers le haut ou vers le bas, mais plutôt d’exposer tous les éléments sur la table que nous partageons afin d’examiner de plus près une affaire qui, apparemment, dérange déjà certains. Alors, West, ça gratte un peu trop ou c’est ‘normal’ ?

Référence en la matière, Ray Allen avait choqué pas mal de monde en signant à Miami le 10 juillet 2012, un acte encore mal vécu par une bonne partie de la fanbase de Boston qui voyait un héros local coucher avec la péripatéticienne du camp ennemi. La ‘trahison’ avait été tellement mal vécue par Kevin Garnett que ce dernier avait même refusé de lui parler pendant des mois, on se demande d’ailleurs s’il lui a touché le moindre mot depuis. Il faut dire qu’à l’époque, clairement, le contexte était particulier. Boston et LeBron, LeBron et Boston, c’était une sacré rivalité. De nombreuses fois, Pierce et ses potes avaient barré la route du King et les Celtics se revendiquaient comme les LBJ-stoppers, un titre qui leur allait assez bien et qui était parfaitement symbolisé par ce chef d’oeuvre vestimentaire. Du coup, voir Allen rejoindre Wade et sa bande, c’était trop. Même conférence, même époque, même en réduisant son salaire le mal avait été fait. Comme si Duncan signait à Dallas, comme si Derrick signait à Milwaukee. Du coup, comment peut-on mettre David West dans la même catégorie aujourd’hui, lui qui a refusé plus de 10 millions de dollars pour rejoindre les Spurs, avec qui les Pacers n’ont aucune véritable histoire de rivalité ? Peut-être pour… ceci.

Je ne suis pas un de ces gars qui se balade à la recherche d’un titre. Je ne suis pas un de ces gars qui vais se sacrifier, sacrifier ce qui m’a permis de me construire, pour obtenir quelque chose de matériel. Ce n’est pas comme ça que je suis conçu.”

30 septembre 2014, camp d’entraînement dans l’Indiana. L’eau coule sous les ponts, les temps changent, mais pour certains le mal est ici aussi déjà fait. Il s’agit de propos tenus par David avant d’entamer une longue et difficile saison régulière. Ainsi, doit-on vraiment se dresser contre la décision de West et le pointer du doigt afin de lui tatouer l’étiquette de girouette ? Doit-on obligatoirement ranger les joueurs dans des cases, en fonction de leurs décisions personnelles de fin de carrière ? Lorsque Ray Allen pousse le game un peu trop loin et qu’il garde ses options ouvertes jusqu’aux Playoffs, on peut être en droit de froncer les sourcils. Après tout, c’est culotté et c’est son droit. Mais pour l’ex-bûcheron des Pacers, difficile d’en faire autant. Surtout que, clairement, on pourrait prendre la température à Indianapolis ce matin et repartir avec une majorité respectueuse. Appréciant le boulot qui a été battu par David, remerciant ses coups de gueule et son exemplarité. Chez les Pacers, on aura plutôt tendance à tourner la page en souriant plutôt qu’en laissant traîner ses larmes sur le sol pendant de longues semaines. Peut-être que nous aussi, pour une fois, on pourrait en faire de même.

Certains ont apprécié le sacrifice financier de l’intérieur pour tenter de remporter une ultime bague, d’autres se sont dressés dès le réveil afin de ressortir le dossier Ray Allen et appeler au pugilat. Chaque contexte est différent, mais celui de cette année semble plutôt calme : oui, West a tenu des propos contraires il y a un an. Mais les gens avancent, et on devrait tous en faire de même. Surtout pour les décisions de fin de carrière.

Source image : CBS Sports – Montage