Andrew Bogut, la condition sine qua non du titre des Warriors

Le 18 juin 2015 à 19:55 par Benoît Carlier

Grâce à son succès contre les Cavaliers de LeBron James ce mardi, Golden State dépoussière son palmarès pour s’offrir son tout premier titre NBA depuis près de 40 ans. Un exploit collectif de longue haleine des Californiens qui n’aurait sûrement pas été possible sans le patron de la raquette des Warriors, un Australien au look un peu rustre, Andrew Bogut.

Samedi 3 mai 2014, les Golden State Warriors sortent des Playoffs par la petite porte, éliminés au premier tour par les Clippers au terme d’un Game 7 presque aussi imprévisible qu’un lancer de pièce (121-126). Une courte défaite malheureusement fatale pour Mark Jackson qui du coup assistait cette année aux Finales sur son siège de consultant pour ESPN aux côtés de Mike Breen et de Jeff Van Gundy. Pourtant, qui sait où se serait assis le pasteur si Andrew Bogut avait été présent au printemps 2014 ? Le but ici n’est sûrement pas de décrédibiliser le travail effectué par Steve Kerr tout au long de la saison pour sa première expérience dans le coaching mais plus de soulever l’importance du pivot dans le jeu des Warriors, même si celui-ci a vu son rôle s’effacer progressivement au profit du small ball lors des ultimes affrontements de la post-season. À l’époque, il y a un peu plus d’un an, le natif de Melbourne abandonnait ses coéquipiers au pire des moments, à une semaine du début des Playoffs pour une côte fracturée qui l’empêchait alors de jouer avec l’intensité physique qui le caractérise depuis son arrivée dans la ligue en 2005.

Une collection de blessures

D’ailleurs, qui se souvient qu’Andrew Bogut fut le premier pick de la Draft cette année là ? Peu de monde à vrai dire, et c’est logique si l’on s’arrête promptement sur le parcours du gaillard. Sélectionné par Milwaukee avec l’intention des dirigeants d’alors de construire la franchise autour de lui, l’Australien s’adapte tranquillement à la NBA grâce à un jeu dur en défense sublimé par de belles mains en attaque. Mais le rêve va vite s’assombrir pour Bogut qui manquera la moitié de l’exercice 2008-2009 pour une fracture de fatigue au niveau du dos. L’année suivante, il revient plus fort avec près de 16 points, 10 rebonds et 2,5 contres par rencontre mais sa carrière marque un nouveau coup d’arrêt sur ce terrible contact avec Amar’e Stoudemire lors du dernier mois de compétition de la saison régulière.

Main droite fracturée, poignet abîmé et épaule disloquée, les Bucks ne pourront passer un tour de Playoffs sans leur pivot titulaire cette année là. Une nouvelle fracture de la cheville gauche en janvier 2012 aura raison de la patience de ses employeurs du Wisconsin et Andrew Bogut atterrira à Golden State avec Stephen Jackson (en l’échange de Monta Ellis, Ekpe Udoh et Kwame Brown). Il ne le sait pas encore, mais ses blessures viennent de le conduire au bon endroit, au bon moment.

Un maillon indispensable chez les Warriors

En Californie, il découvre un nouveau coach et surtout une nouvelle mentalité à des lieues de ce qui faisait son quotidien dans la Conférence Est. Les Warriors courent beaucoup et le Wallaby doit verrouiller la raquette en défense et venir suppléer des extérieurs qui sont bien souvent dépassés de ce côté du parquet. Inévitablement, son impact statistique diminue, il n’est plus un franchise player mais reste un role player déterminant pour équilibrer le jeu de Golden State. Après une première saison grise claire (32 matches) pour soigner sa blessure à la cheville, Bogut s’affirme enfin comme une pièce maîtresse du dispositif de Mark Jackson grâce à sa taille et son impact défensif. C’est un beau bébé (2m13 pour 118 kilos) qui sait se faire une place sous le cercle et qui ne refuse jamais le combat physique imposé par les meilleurs intérieurs de la ligue. Sa vitesse latérale lui permet aussi de rapidement switcher sur les écrans et de venir en aide lorsque cela est nécessaire. Avec lui, les Warriors vont jusqu’à faire douter San Antonio en 2013, mais la saison suivante ses problèmes de santé précipitent la chute de Dubs face aux voisins de L.A., témoignant ainsi de son importance dans le roster. Mardi, les fans de la baie de San Francisco ont donc pu reprendre leur respiration après plus de huit mois d’apnée, voyant leur équipe fétiche pratiquer un basket efficace et spectaculaire et surtout sans pépin majeur si ce n’est l’absence prolongée de David Lee parfaitement gérée par Steve Kerr qui a permis à Draymond Green de véritablement exploser cette saison. C’est à peine si Andrew Bogut est passé par la case infirmerie pour une petite tendinite au genou à la fin de l’année civile. On connaît le résultat aujourd’hui, des milliers de personnes sont attendues dans les rues d’Oakland pour accueillir leurs héros.

Aujourd’hui, « Bogues » est unanimement reconnu comme l’un des meilleurs défenseurs de la ligue et possède le deuxième defensive rating (points accordés sur 100 possessions) derrière Kawhi Leonard et le meilleur defensive box plus/minus (impact sur la défense collective) cette saison. Il a logiquement été retenu dans la All-Defensive Second Team. Ce n’est donc pas un hasard si Golden State a établi un nouveau record de franchise cette saison pour collecter 67 victoires en saison régulière et si les Warriors ont autant progressé défensivement depuis l’arrivée d’Andrew Bogut il y a trois ans avec un effectif quasiment inchangé. Le pivot n’est pas non plus étranger à la bonne forme des Warriors durant l’intégralité des Playoffs, surtout face à des clients comme les Grizzlies de Zach Randolph et Marc Gasol ou les Rockets de Dwight Howard. Et même s’il n’a disputé que 3 minutes lors des trois derniers matches des Finales, Andrew Bogut restera comme l’un des acteurs majeurs du quatrième titre de l’histoire de la franchise.

Sous contrat en Californie jusqu’en 2017, Andrew Bogut sera à n’en pas douter l’un des leaders de cette équipe de Golden State la saison prochaine pour viser un « repeat » historique. Stephen Curry and co. sont déjà en train de prier le ciel pour épargner leur coéquipier jusqu’en juin prochain. La réussite des Warriors en dépend directement…

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